Samedi 10 mars dernier, le rideau s’est refermé sur le célèbre couturier à l’élégante chevelure argentée et au port altier, Hubert de Givenchy, âgé de 91 ans. Avec ce maître de la coupe, c’est tout un pan de la haute couture française qui tombe.
Après ses débuts chez Jacques Fath, Robert Piguet, Lucien Lelong puis Elsa Schiaparelli - avec qui il a collaboré pendant 4 ans -, le jeune couturier âgé de 25 ans ouvre en 1952 sa propre maison de couture avec l’aide de son frère aîné Jean-Claude.
De son premier défilé en 1952 jusqu’à son départ de sa maison de couture en 1995 – elle avait été vendue en 1988 au groupe LVMH -, Hubert de Givenchy s’était imposé pendant plus de quarante ans dans le monde de la mode par l'élégance de ses créations, à l’image de la célèbre robe noire portée par sa muse et ambassadrice, l'actrice Audrey Hepburn, dans « Breakfast at Tiffany's ».
De Jacky Kennedy à la princesse Grace de Monaco, Hubert de Givenchy était l’ami des plus célèbres actrices : Marlene Dietrich et Elisabeth Taylor s’habillaient chez lui. Sous son coup de crayon, ses robes et ses blouses à manches bouffantes et volants dansent à l’image de « Bettina », créé en 1952, du nom du mannequin Bettina Graziani. Ses silhouettes sont affinées avec une simplicité chic sculptant le corps de la femme avec grâce. A l’occasion de sa première collection en 1952, Hubert de Givenchy présenta ses « separates », blouses et jupes légères où s’entrecroisent des lignes structurées et naturelles. Entre tradition et modernité, le jeune couturier a mis en œuvre son savoir-faire et sa créativité.
Givenchy qui avait ouvert sa maison de couture un an avant sa rencontre (en 1953) avec Cristobal Balenciaga (1895-1972), se considérait comme son disciple. « M. Balenciaga savait mieux que nous tous comment traiter le tissu et comment le mettre en valeur, le respecter. Il a ma reconnaissance éternelle. J’ai travaillé chez Fath, Piguet, Lelong et Schiaparelli, mais lorsque je l’ai rencontré, j’ai pris conscience que je ne savais rien », avait expliqué Hubert de Givenchy. C’est sur ses conseils que le jeune couturier développe les licences, notamment dans la parfumerie. Il dédira le parfum L’interdit (1957) à son égérie Audrey Hepburn.
Pour l’inauguration du musée Balenciaga en présence de la reine Sofia d’Espagne en juin 2011, dont le couturier fut l’un des membres fondateurs, Hubert de Givenchy était venu à Getaria. En souvenir de Cristobal Balenciaga, il avait accepté de présider le musée de son mentor.
A Saint-Sébastien, Givenchy avait suscité beaucoup d'enthousiasme au Palais Miramar où Teresa Cormenzana et Kontxu Uzkudun, créateurs de mode basques et membres de la Fondation Cristóbal Balenciaga, et Ramón Esparza, collaborateur et ami de Balenciaga, l'attendaient pour une session de l'Université d'été du Pays Basque consacrée au couturier basque et au design actuel. Givenchy n’avait-il pas dessiné gratuitement une robe pour les voix féminines de l'Orfeón Donostiarra, un des plus illustres chœurs classiques basques ?
Issu d’une noblesse de robe, Hubert Tassin de Givenchy, par son élégance naturelle et sa simplicité, en avait retranscrit l’esprit en haute couture. Novateur et intemporel, devenu maestro de la mode, son legs restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Anne de Miller La Cerda
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