Une bouffée d'oxygène avec un des rares hommes politiques sincères de France… et de Navarre !
Terminant son « confinement » en famille avec ses trois fils, entre travaux agrestes et contact par téléphone ou sur Internet avec ses électeurs, et à la veille de la sortie de son nouveau livre « Aurore ou crépuscule, résistons » (Le Cherche-Midi), Jean Lassalle a accepté un entretien avec notre collaborateur Louis d’Arcangues. ALC
A l’issue d’une petite escapade de quelques jours chez mon ami Amaury, fils cadet de Jean Lassalle, j’ai eu l’opportunité de m’entretenir avec son père qui m’a reçu dans sa maison familiale située à Lourdios-Ichèrre, petite commune béarnaise de la vallée d’Aspe dont il fut maire pendant 42 ans.
A l’âge 19 ans, Jean Lassalle entama sa longue carrière politique, alors que son père eut un accident grave en montagne qui le plongea pendant deux ans dans le coma. Aîné de sa fratrie, il prit les devants de la ferme puis il commença à s’investir au sein de la vie démocratique de sa commune. Il est à l’époque le plus jeune maire de France à être élu. Durant ces quatre décennies de mandat, Jean Lassalle contribua grandement à l’essor de son village en y faisant installer des télécommunications, mais aussi en y développant des axes routiers.
Le jeune maire est élu conseiller général de la vallée d’Aspe en 1982, à l’âge de 24 ans, alors qu’il était en même temps technicien agricole spécialisé dans l’hydraulique et l’aménagement du territoire. Il était également à la tête de l'association des maires des Pyrénées Atlantiques, qui avait pour but de promouvoir une coopération intercommunale de ses adhérents en facilitant l'exercice de leurs fonctions.
Toujours en 1982, Jean Lassalle décide de créer des centres pour handicapés à Accous et à Bedous, petits villages de la vallée. Cette initiative, bien que critiquée par ses détracteurs, créa quelques 500 nouveaux emplois.
Homme de la terre comme l’appelait son père, Jean Lassalle n’a eu de cesse de se poser comme défenseur de la vie rurale française, victime d’un exode criant. En 1989, il préside le parc national des Pyrénées pendant près de dix ans. Durant son mandat, Lassalle dénonce une gestion instrumentalisée et monétisée de la nature, au détriment des populations locales. Sa vision d’un bien commun librement partagé par tous, dans lequel la préoccupation environnementale est la priorité, est très appréciée par l’opinion publique. Il contribue à revaloriser son territoire en difficulté en pariant sur le riche patrimoine naturel dont il dispose.
Très impliqué dans la préservation de la vie rurale, Jean Lassalle fonde en 2000 l’Association des Populations des Montagnes du Monde. Ce forum a pour vocation de faire entendre la voix des montagnards et l’expression de leur volonté à travers le monde. La portée de cette association fut planétaire: elle a réuni plus de 70 nations dans le but d’instaurer une coopération entre territoires et les populations de montagne afin de mettre en commun connaissances, moyens et expériences.
Grand défenseur du service public en milieu rural, Jean Lassalle défraya la chronique en 2003 lorsqu’il se mit à chanter une chanson traditionnelle béarnaise en interrompant Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Il protestait contre la fermeture d’une gendarmerie près du tunnel du Somport dont il avait par ailleurs été l’un des principaux promoteurs.
En 2006, alors qu’il est déjà député des Pyrénées Atlantiques depuis quatre ans, Jean Lassalle entame une grève de la faim afin de défendre le maintien de l’usine Toyal, filiale du groupe japonais Toyo Aluminium K.K. employant 150 salariés dans la vallée d’aspe. Il obtient finalement gain de cause mais il gardera des séquelles à vie de ce long jeun.
Son père lui suggérait toujours de parler aux hommes. Sur ces conseils, Jean Lassalle entreprit en 2014 un tour de l’Europe durant lequel il partit à la rencontre des populations afin de mieux comprendre leurs attentes en matière de politique. A l’issue de cette longue marche il constate l’inexistence bien réelle du lien entre les Européens et leurs dirigeants, mais aussi un manque de démocratie et une absence d’identité européenne.
Naturellement et farouchement opposé au TAFTA, Jean Lassalle se bat contre les principes destructeurs de la globalisation et prône une économie responsable, locale et durable. Il crée en 2016 le mouvement « Résistons » et se présente à l’élection présidentielle pour arriver en septième position.
Créant une véritable rupture avec les normes aseptisées de la politique française, Jean Lassalle se revendique comme un souverainiste et un ruraliste. Son image de marque au contact direct avec les populations est appréciée par l’opinion publique et ses ambitions ne s’amenuisent pas, en effet le berger béarnais compte bien se présenter de nouveau à la prochaine présidentielle.
Le nouveau livre de Jean Lassalle : c’est aujourd’hui que paraît chez l’éditeur Cherche Midi « Aurore ou crépuscule, résistons ». Une autre voie pour la France où l'homme est au centre de tout. Dans son ouvrage achevé juste avant la pandémie du coronavirus, Jean Lassalle évoque le système qui s'est imposéà nous et qui brise nos sociétés un peu plus chaque jour. Une simple analyse politique ne suffirait pas à décrypter cet homme enjoué, passionné et complexe. Avec son style inimitable, il délivre le message d'un résistant à l'heure où l'humanité vit l'une des plus grandes mutations de tous les temps.
Il évoque sa longue marche et nous incite à choisir entre aurore et crépuscule. Le crépuscule de notre temps maintenu dans une ivresse illusoire de prospérité et de bonheur. L'aurore qui brisera la force d'un système établi au seul profit des puissants. Il nous enjoint à réinvestir notre modèle : celui où l'Homme retrouve l'Homme. " Les citoyens regagneront la conviction et la force de l'engagement.
Ils refonderont le peuple souverain, fidèle à sa Déclaration des droits de l'Homme, dans une civilisation retrouvée. Notre pays rassemblé redécouvrira ce qui constitue son enthousiasme et son génie créateur. Si la France renoue avec sa langue de liberté et d'indépendance d'esprit, elle touchera au cœur notre monde désemparé et défait. Notre grand et beau pays revêtira alors sa dimension universaliste et fraternelle.
« Aurore ou crépuscule, Résistons » de Jean Lassalle, éditeur Le Cherche-Midi, 336 pages 17,80 €.