Si vous avez omis de fêter votre saint-patron ce vendredi de la Toussaint, si vous avez failli à célébrer la mémoire de vos morts, samedi, si de surcroît, vous avez échappé, tout ce mois d’octobre, au festival « Biarritz en Chamades », il est urgent de retrouver le chemin de l’église, ce dimanche 3 novembre. Pas n’importe laquelle, celle de Saint-Joseph à Biarritz, la seule à proposer une éclatante conclusion musicale à ce triduum d’automne… et à un très beau cru 2019 du désormais incontournable festival d’orgues de la cité balnéaire.
Traditionnellement, ce concert de clôture a sa « guest star ». Dimanche, c’est une étoile du chant, sacré et profane que Laurent Riboulet de Sabrac, titulaire des orgues de la cité, a choisie comme partenaire. Il faudrait vivre en reclus du monde de la culture sur la Côte Basque pour ne pas connaître Laetitia Casabianca, professeur de chant du Conservatoire de Bayonne, directrice musicale des ensembles vocaux de la même maison, chef et chanteuse des ensembles « Au Cœur des Dames » et « Cacimbo ». Dimanche, c’est la soprano soliste qui sera sous les sunlights, d’habitude braqués sur la noble façade de l’orgue de tribune, servant d’écrin visuel et musical à la chanteuse, amenant avec elle rien moins que Haendel (« le Messie »), Pergolèse (« Stabat Mater »), Vivaldi (« Magnificat »), Caccini (« Ave Maria ») et, plus près de nous, Massenet, Fauré et Saint-Saëns.
Elle sera, tout le récital durant, enveloppée dans les riches harmonies du grand orchestre à tuyaux de Biarritz, rénové et agrandi selon les plans de Laurent Riboulet de Sabrac, dont le talent éclate chaque dimanche sous tous les clochers de Biarritz, talent façonné par Marie-Claire Alain et Susan Landale, et dont la plénitude rejoindra le plenum de l’instrument à travers un prélude et fugue de Bach, un choral de Brahms, la Marche Funèbre d’une marionnette de Gounod, un retentissant final de symphonie de Widor… et même une surprise carillonnée venue du château d’Ilbarritz !
Ce bouquet final du festival sera tiré, et vidéo-transmis, en l’église St-Joseph de Biarritz et en entrée libre, à 17h ce dimanche 3 novembre.
Pascal Mathieu
NDLR. : C’est d’ailleurs la grande chance de Biarritz d’avoir un aussi talentueux titulaire des orgues en la personne de Laurent Riboulet de Sabrac qui a mené il y a quelques années avec succès le relevage des trois instruments de la ville (Saint-Martin, Saint-Charles et Saint-Joseph), et qu’on peut encore parfois apprécier à l’harmonium de la Chapelle Impériale ! A rendre jaloux Jean-Baptiste Dupont, titulaire des orgues de la cathédrale de Bordeaux, qui notait récemment qu’il était « extrêmement malheureux de constater que les orgues des églises Saint-Seurin et Notre-Dame, parmi les plus importants de Bordeaux, dans deux de ses principales églises, sont muets ou très délabrés, comme tant d'autres de la ville… Sans oublier celui de Saint-Paul-Saint-François-Xavier, orgue muet depuis des décennies (on entend parler de sa restauration depuis des années (débutée dans les années 1950 et restée inachevée) ! Quelle tristesse pour un musicien, d'être organiste dans une ville, entouré d'un patrimoine d'une telle richesse, tout en étant impuissant face à ce gâchis musicologique et patrimonial »… D’autant plus que celui de la cathédrale Saint-André doit être reconstruit. Et de suggérer qu’il fallait « profiter des municipales pour mettre ces sujets (l'entretien du patrimoine en général et celui de orgues en particulier) au centre des débats. Une ville aussi riche que Bordeaux ne peut négliger cette question essentielle » ! Un problème qui ne semble pas se poser à Biarritz, alors qu’à Bayonne, se pose la question du relevage de l’orgue de Saint-André (« impérial », car offert par Napoléon III) et celui de la cathédrale...