Jusqu’au 11 juin, dans le sillage d’un monde préhistorique, l’artiste Alexis Gorodine fixe les traces d’un univers onirique à la galerie Portal de Saint-Jean-de-Luz.
De formation scientifique, Alexis Gorodine a travaillé au début de sa carrière comme ingénieur, pendant près de trois ans, pour se consacrer en définitive à la seule peinture, une passion qu’il cultivait depuis l’enfance. Autre carrière, que l’ancien ingénieur a pu entamer en suivant des ateliers de gravure et de dessin à Paris.
Né en 1954 à Malicorne dans la Sarthe, Alexis Gambis a choisi de signer ses œuvres du nom de sa mère, Gorodine, partie au moment de la révolution communiste de 1917 en Russie, massacrant, volant et déracinant toutes les strates de la population : paysans, bourgeois et nobles, religieux et libéraux inclus.
Aujourd’hui, Alexis Gorodine vit entre son atelier de Nogent-sur-Marne et le Venezuela où il avait rencontré son épouse,cinéaste.
Spécialiste des tombes précolombiennes de l'art pariétal ainsi que des peintures primitives d'Afrique et d'Amérique, l’ancien scientifique crée un univers pictural contemporain inspiré par les mondes de la flore et de la faune. Le lapin, le lièvre ou le chien existent sur ses toiles, cependant certains peuvent se deviner aux travers de côtes ou de stigmates.
Tout commence par une toile enduite d’une patine préparée à l’aide d’un fond de poudre de chaux et cendre de bois mélangé à du liant que l’artiste laisse ensuite sécher pour en laisser apparaître les boursouflures dues au temps.
A l’écoute de la nature
Figeant ses signes au fil du temps, l’« entomologiste » épingle avec humour ses insectes étoilés de pattes et d’antennes sur ses tableaux. Un « enoplocerus armillatus » côtoie sur une autre toile un coléoptère de la tribu des Goliathini.
« Ornithologue », il retrouve les traces d’oiseaux fossilisés et dessine les contours d’un héron cendré ou d’un faucon à la lumière d’une palette aurore. Dans les marais de sa maison de campagne dans le Sud-Ouest fourmillent d’innombrables oiseaux migrateurs dont l’artiste distingue chacune des mélodies. A l’écoute des chants des volatiles mais également sensibilisé par la musique classique ou moderne, il ne peut concevoir de peindre sans entendre avec émotion un opéra classique, par exemple du compositeur italien Pergolèse. Une manière pour l’artiste de se servir de la musique comme d’un « liant » l’aidant à passer le cap de la toile blanche.
L’inspiration, l’artiste la trouve également dans les nombreux paysages variés entrevus lors de ses nombreux voyages en Amérique du Sud ou du Nord, au Japon… Ainsi que dans les environs de Nogent-sur-Marne, son entourage quotidien, avec les éoliennes, leurs pylônes et les grands ciels qu’il représente en camaïeux de couleurs douces s’évanouissant presque en monochromie de quelques aplats abstraits.
Réinventant sa propre écriture poétique, Alexis Gorodine, à l’aide d’un monde de symboles chiffrés et de signes, fige ainsi le passé d’un monde qui disparaît.
Jusqu'au 11 juin, exposition de l’artiste-peintre Alexis Gorodine à la galerie Portal, 17 rue Tourasse à Saint-Jean-de-Luz. Ouvert tous les jours de 11h à 13h et de 15h30 à 19h30.
En complément de cette exposition, pour ceux qui sont à l'écoute des volatiles comme Alexis Gorodine :
http://www.chant-oiseaux.fr/alphabetique/
Anne de La Cerda