Rappelons que c’est à l’initiative d’un groupe de paroissiens biarrots qu’avait été créée une « Fraternité Biarritz – Khabab » en vue de promouvoir des échanges avec une paroisse chrétienne de Syrie. Grâce à l’œuvre d’Orient, les Biarrots avaient pu entrer en relation avec la paroisse de Khabab située à une cinquantaine de km au sud de Damas, qui dépend de l’évêque Melkite catholique Mgr Antiba. Il s’agit d’un village de 4 500 habitants, melkites catholiques, arabophones, vivant principalement de l’agriculture.
« Par ce jumelage entre paroissiens, nous espérons apprendre à nous connaitre, découvrir et partager les traditions culturelles et religieuses, en dépassant les difficultés matérielles dans lesquelles vivent les Syriens et les différences de langue », expliquait l’un des initiateurs, Frédéric Rivière, en précisant : « Cet échange s’inscrit dans la durée. Il se traduit pendant toute l’année liturgique par des œuvres spirituelles, fraternelles et matérielles. Nous essayons de répondre à l’appel de Mgr Antiba : « priez pour nous, soutenez nous, œuvrez pour la paix », ainsi qu’à l’aide matérielle suite aux attaques armées et aux destructions ».
Mgr Nicolas Antiba, évêque Melkite du diocèse du Hauran, installé à Khabab en Syrie, avait lui-même séjourné à Biarritz au début de l’année dernière, à l’invitation de la « Fraternité Biarritz – Khabab » qui avait organisé avec succès une conférence-débat, avant de concélébrer le lendemain, avec Mgr Aillet, une messe à la cathédrale de Bayonne, et le dimanche suivant, en l'église Saint-Martin messe avec don Maurice.
Telle n’est pas l’opinion de notre député basco-béarnais Jean Lassalle qui revient de Damas et Alep en expliquant au quotidien « La Croix » les raisons de sa visite en Syrie.
« J’avais fait un précédent voyage en novembre 2015. En retournant à Alep et à Damas où j’ai rencontré le président Bachar Al Assad, je voulais me faire ma propre opinion. C’est mon devoir de député de le faire, et de dire ce que j’ai vu. Tout ce qui se passe en Syrie ne m’apparaît pas comme étant de la seule responsabilité de Bachar Al Assad, qui a reçu l’appui des Russes et que l’on présente comme un boucher. J’avais beaucoup d’interrogations au sujet de ces soi-disant islamistes modérés et des casques blancs que l’on nous a présentés en France et qui me paraissaient avoir des pratiques singulières dans ce conflit. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’y voir plus clair.
- Avez-vous eu accès à des informations qui vous ont permis de vous faire une opinion ?
J.L. : J’entendais dire que c’était le chaos total à Damas, c’est faux. La ville est en pleine reconstruction. On dit qu’Alep-Est est totalement détruite. Elle est effectivement très endommagée, mais l’ouest aussi. J’ai rencontré des familles qui s’étaient réfugiées à l’ouest et retournaient chez elle à l’est. J’ai pu rencontrer le vrai maire d’Alep, pas celui autoproclamé qui a été présenté en France sur tous les plateaux de télévision. J’ai discuté avec des députés syriens à Damas et des responsables religieux, comme le patriarche arménien Aram 1er, Ibrahim Nasir, responsable spirituel de l’église évangélique arabe d’Alep et d’autres. J’ai fêté le Noël arménien avec les chrétiens d’Orient, j’ai constaté leur engagement dans des ONG pour aider les plus touchés par la guerre. Ils font honneur à ceux qui croient.
- Que doit faire la France ?
J.L. : La France a un rôle à jouer. En Syrie, elle doit être porteuse de paix. Je regrette qu’il n’y ait pas de débat sur la question syrienne en France et je n’approuve pas la politique des gouvernements successifs sur ce dossier. Fermer l’ambassade de France à Damas était une erreur, nous avons déserté, alors que nous aurions dû avoir le courage de rester sur place. En étant dans l’opposition systématique, nous n’avons plus de levier sur ce dossier.
- Quel est votre rôle ?
J.L. : Mon devoir de député est de contribuer à la paix et tout faire pour que la question syrienne soit au cœur de la présidentielle en France. Ce débat doit être porté par toutes les sensibilités politiques et ne doit pas être laissé aux extrémistes. J’ai l’espoir que la position de la France évoluera. Les Français n’aiment pas qu’on agisse en leur nom sans tout leur dire ».
Ce témoignage corrobore celui du journaliste Régis Le Sommier qui a séjourné à Alep du 15 au 20 décembre dernier : premier Français entré dans la ville au moment de la libération des quartiers orientaux, il avait pu assister à l’évacuation des combattants. Dans son reportage pour « Paris Match », il constate que la réalité de la situation sur le terrain ne correspond guère à celle présentée dans les pays occidentaux : « La chute d'Alep a été d'un point de vue journalistique une leçon pour moi. Ces images sont mon témoignage pour l'histoire, une histoire plus grise, nettement moins manichéenne que celle présentée en Occident. (…) Depuis le quartier de Ramouseh où j'assistais en direct à l'évacuation des rebelles, je lisais sur Internet des propos de confrères, de ministres ou d'hommes politiques, qui me décrivaient des choses qui n'étaient pas la réalité de ce qui se produisait devant mes yeux », indique-t-il dans « Paris Match ».
ALC