Le Quatuor Arnaga donnera un concert-lecture sur le thème: « Maurice Ravel et Lucien Durosoir : deux musiciens dans la Grande Guerre ». Cet événement a lieu dans le cadre des commémorations de la Première Guerre Mondiale organisée par la ville de Cambo.
Au programme: le Quatuor de Maurice Ravel, la lecture d'extraits des quelques 2000 lettres adressées par Lucien Durosoir à sa mère pendant cinq années de guerre et le 3ème Quatuor de Lucien Durosoir.
Les extraits de lettres de Lucien Durosoir seront lus par son propre fils, Luc Durosoir.
Maurice Ravel, (né à Ciboure en 1875) fut engagé volontaire et servi comme conducteur d’ambulance pendant la Grande Guerre. Il eût toutes les peines du monde à prendre rendez-vous avec les autorités civiles et militaires de Bayonne pour enfin réussir à les convaincre de l’accepter dans les forces auxiliaires. En effet, sa constitution jugée trop frêle par le corps médical des Armées (il ne pesait pas les 50 kg minimum requis), l’empêchait de s’engager. Maurice Ravel, prit des risques en voulant toujours aller au plus près du front, en particulier vers Verdun. Il fit de son mieux et fût démobilisé en 1917, après une maladie qui l’empêcha de poursuivre son activité auprès des blessés.
Né en 1878 (il y a tout juste 140 ans), Lucien Durosoir fit une carrière de violoniste avant de se consacrer à la composition. C'est essentiellement en Allemagne, où il avait perfectionné sa technique auprès des grands maîtres : Joseph Joachim et Hugo Heermann, qu’il se fit le plus rapidement applaudir. Dès 1899, ses tournées le menèrent également à travers toute l’Europe centrale, la Russie, l’Allemagne et l’Empire Austro-Hongrois. Il y fit entendre pour la première fois des œuvres de musique française (Saint-Saëns, Lalo, Widor, Bruneau) comme à Vienne, la sonate en La Majeur pour violon et piano de Gabriel Fauré. A l’inverse, il profita de ses tournées en France pour donner, en première audition, de grandes œuvres du répertoire étranger : à la salle Pleyel, le concerto en ré mineur de Niels Gade, en 1899, à la salle des Agriculteurs, le concerto pour violon de Richard Strauss et le Concerto de Brahms (1903). Partout, la critique fut élogieuse : « … fascine le public par l’élévation et l’élan de son jeu ». « Tous ces morceaux furent exécutés avec la même noblesse et la même beauté de jeu ». « Il a montré, dans le concerto de Max Bruch, les plus rares qualités de sonorités et de musicalité, et dans le concerto de Dvorak, un style et une virtuosité étonnants. Monsieur Lucien Durosoir à cette belle séance, s’est classé parmi les meilleurs virtuoses de son époque ». Il vint jouer en tournée dans la France entière avant la Première guerre mondiale.
La guerre vint brutalement mettre un terme à cette carrière : il en accomplit la totalité dans la Vème division qui participa aux épisodes les plus meurtriers (Neuville Saint-Vaast, Douaumont, le Chemin des Dames, les Eparges). Le général Mangin, qui avait le sens du prestige, favorisa la formation d’un quatuor autour de Lucien Durosoir, premier violon ; Henri Lemoine (qui fonda après la guerre la célèbre maison d’édition musicale qui porte son nom) était au second violon, le compositeur André Caplet à l’alto et Maurice Maréchal jouait « le poilu », célèbre violoncelle construit avec le bois d’une une caisse à munitions…, qui porte les signatures de Foch, Pétain, Mangin et Gouraud! Cet instrument est actuellement conservé à Paris au Musée instrumental de la Cité de la Musique. Tour à tour fantassin, musicien, brancardier et colombophile, Lucien Durosoir écrivit tous les jours à sa mère et ce sont plus de deux mille lettres qui sont conservées. Lettres qui décrivent certains des épisodes les plus horribles de la Grande Guerre aussi bien que la vie studieuse des musiciens du « Quatuor Mangin », lettres qui décrivent la guerre et les conditions de la vie quotidienne des poilus.
Prix des places: 18 € et gratuité pour les étudiants et moins de 18 ans. Vente des billets à l'Office de Tourisme de Cambo.
Rédaction