Après Itxassou, c’est au Trinquet Moderne « Mailharro » de Bayonne où il était né il y a un siècle qu’a eu lieu une émouvante cérémonie commémorant Robert Iribarne, ce courageux aviateur basque disparu lors d'une opération dans le cadre du groupe de chasse « Normandie-Niémen » des Forces françaises libres, valeureux pilotari de surcroît. Une plaque a été dévoilée à l’entrée du Trinquet en compagnie des deux nièces du Lieutenant Iribarne, du colonel de l'aviation russe Anatole Fétissov (président de la fraternité d'armes Normandie-Niemen), du consul (h) de Russie dans le Sud-Ouest Alexandre de La Cerda, et de nombreux militaires et élus de la région : les députés Florence Lasserre et Vincent Bru, le sénateur Max Brisson, le maire Jean-René Etchegaray et son adjoint à la Culture Yves Ugalde. Actuellement, le régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niémen », unité de combat de l’Armée de l'air française est rattachée à la 30e escadre de chasse de la BA118 de Mont-de-Marsan qui porte le nom d'un aviateur d'origine russe, le colonel et pilote de chasse Constantin (« Kostia ») Rozanoff, né en 1905 à Varsovie (à l’époque, au sein de l'Empire russe).
C’est avec beaucoup d’émotion qu’Anne-Marie Iribarne-Bailly, nièce de Robert Iribarne, a d’abord remercié le maire de Bayonne ainsi que les autorités présentes pour la pose de cette plaque qui honore son oncle sur ce trinquet où il était né le 27 septembre 1918. « Un grand merci également à Alain Esmieu qui s’est donné beaucoup de mal pour mener à bien ce projet, ainsi qu’à toutes les personnalités civiles et militaires, dont Anatoly Fetissov, pour le deuxième fois cette année, le commandant Dornier et les pilotes venus de la base de Mont-de-Marsan.
Robert Iribarne a vécu ici une enfance et une adolescence très heureuse. Après des études au petit séminaire d’Ustaritz puis au collège Saint Bernard ici à Bayonne, c’est à Bordeaux qu’il les termine avec le diplôme de l’école de commerce et d’industrie de cette ville.
Tout son temps libre est occupé par la pratique du tennis et de la pelote. Deux terrains de tennis homologués entouraient le Trinquet, les premiers construits à Bayonne, où Jean Borotra venait s’entraîner, l’un situé le long du trinquet sur le parking actuel, l’autre sur le côté de l’actuelle avenue Dubroc ! Enfin un fronton, situé à l’arrière du Trinquet (actuellement parking). Il ne pouvait comme ses sœurs avant lui que se passionner pour ces sports. Formé par son père, François Iribarne, très doué, choisit la pelote et principalement, dès qu’il eut acquis les qualités physiques nécessaires, la grosse pala où il excella jusqu’à devenir champion de France, à Hasparren en 1938 avec son partenaires Palassy (à l’époque, la pala pesait 700gr).
Mais une autre passion entra dans sa vie, l’aviation. Avec l’enthousiasme des néophytes, il jurait ses grands dieux que « hors des commandes d’un avion, la vie pour lui n’avait pas de sens » !
Il passa son brevet de pilote civil d’avion de tourisme à Biarritz-Parme en juin 1938.
Libéré de ses études, il dut effectuer son service national et l’armée de l’air lui offrit les moyens d’assouvir sa passion. Admis à l’école de l’air de Nîmes en qualité d’élève pilote, il obtint ensuite son brevet de pilote militaire le 15 février 1939 à Istres.
Nommé caporal-chef, puis sergent, il sera affecté au bataillon de l’air d’Afrique du Nord en janvier 1940. Après l’armistice de 1940, il intègre le groupe de chasse 2/3 sur la base de Marignane, puis l’escadron d’entraînement de Francasaval.
C’est à ce moment-là qu’à Toulouse, il remporta le championnat de France militaire de Tennis en 1941.
Placé en congé d’armistice en mars 1943, à la décision du général De Gaulle d’envoyer en Russie des pilotes pour renforcer le front de l’Est, il met tout en œuvre pour rejoindre les forces françaises libres en Afrique du Nord. Le dimanche 18 avril 1943, il part en vélo du Trinquet paternel, sans argent, sans bagages, pour s’évader vers l’Espagne. Dur périple par les montagnes au-delà d’Itxassou, se déplaçant la nuit pour éviter la guardia civil qui le fit cependant prisonnier. Interné à Pampelune, puis transféré au camp de Miranda, il s’en évada et réussit enfin à rejoindre l’Afrique du Nord à Meknès où il retrouva d’autres pilotes affectés au groupe de chasse Normandie-Niemen. De là, le groupe rejoignit Téhéran où il séjourna dans l’attente des visas pour Moscou. Petite anecdote : Sa Majesté le Shah, très sportif, apprenant qu’au sein du groupe il y avait un champion de tennis, demanda à jouer une partie avec lui. Robert s’inclina bien volontiers devant Sa Majesté et tout le groupe fut donc invité au palais.
Enfin, ils gagnent Moscou en janvier 1944. De là, départ pour Toula afin de suivre la formation sur les avions russes, dont le fameux Yak 3. Robert donna à un de ses avions le nom d’Irrintzina.
Après sa première victoire en mission d’escorte des bombardiers soviétiques, il reçoit la décoration de l’étoile rouge qui lui sera remise lors de la visite du Général de Gaulle à Moscou. Il participera à 51 missions offensives, remportera 7 victoires au cours de bombardements en territoire adverse et effectuera 4 mitraillages au sol en totalisant 562 heures de vol ».
Pour terminer, Anne-Marie Iribarne-Bailly lut l’extrait du journal de bord de l’escadrille en date 11 février 1945 : « Le temps, bouché dans la matinée, se découvre vers 15 heures. La patrouille composée de l’aspirant Sauvage, Ougloff, Capitaine de La Salle, Aspirant Iribarne, décolle en premier. Ils aperçoivent 3 Fw-190 à 5 kilomètres Est de Bladieau. Les FW partent en retournement et sont poursuivis par l’Aspirant Iribarne et le Capitaine de La Salle. Iribarne, pris entre le premier et les deux derniers, ne peut pas se dégager, et l’aspirant Sauvage le voit en piqué très accentué. Iribarne ne rentre pas de la mission ».
On ne retrouvera ni l’avion ni son corps. Son mécanicien, apprenant la nouvelle, s’est mis à sangloter comme un enfant. Les mécaniciens étaient très attachés à leur pilote.