Mardi 2 mai prochain, à 17h, le Dr Jean-Michel Gouffrant, prononcera une conférence au Théâtre Quintaou à Anglet sur le thème : « Fin de vie et euthanasie ». Chirurgien aujourd’hui à la retraite et aficionado, riche de ses trente-cinq années de pratique chirurgicale – entre autre, en milieu taurin – le Dr Gouffrant avait raconté dans l’ouvrage « Médecin de toreros » l'histoire de la tauromachie sous l'angle du bistouri, grâce à sa pratique des arènes de Bayonne, Soustons, Saint-Vincent-de-Tyrosse, Vieux Boucau, mais également celles de Séville, Madrid, Ciudad Rodrigo, etc.
Par ailleurs, comme chirurgien bayonnais, et à l’égal de plusieurs de ses confrères confrontés à la mort, il avait témoigné au procès du Dr Bonnemaison (en appel à Pau). Le site d’Europe1 relate que dans son enfance, le chirurgien Jean-Michel Gouffrant avait vu son père, médecin de campagne, abréger les souffrances des agonisants : « Il ne me l'a jamais dit en ces termes, mais je savais ce qu'il faisait », confiait-il. Et de rappeler devant la cour d'assises : « À la même époque, les proches entouraient le malade dans ce passage escarpé vers la mort. Une main caressant le front, l'autre soulevant une tuile du toit pour permettre à l'âme de s'élever dans la sérénité. Aujourd'hui, dans une société sécularisée, deux Français sur trois décèdent à l'hôpital. Et quand, parfois, les familles se dérobent, les soignants tiennent les mains ».
Espérons effectivement que les soignants se contentent en ces tristes circonstances de caresser le front de leurs patients ou de soulever la tuile pour permettre à l'âme de s'élever en toute sérénité, en se gardant bien de suivre l'exemple de « Soleil Vert ». Dans ce film de science-fiction tiré d'un roman de Harry Harrison publié en 1966 - « Make room, make room » (en français : « Dégagez, faites de la place ! » -, les personnes ayant atteint un certain âge se faisaient projeter, dans un endroit qui fait penser aux dômes IMAX d'aujourd'hui, des documentaires animaliers, des films sous-marins, des paysages naturels magnifiques, images banales mais qui, après deux heures de plans généraux d'un New York à aspect de bidonville, baignant dans un smog jaunâtre, agité d'émeutes dégagées au bulldozer, prennent une tonalité bouleversante. Les spectateurs de ce « paradis perdu » se faisaient ensuite euthanasier, et les protéines ainsi récoltées de leurs cadavres étaient transformées par le géant agro-alimentaire « Soylent Company » pour servir, sous forme de tablettes vitaminées sans goût ni texture, à l'alimentation d’une terre surpeuplée.
Ce film décrit en outre des politiciens corrompus, des capitalistes cyniques, et des scènes d'émeute… De quoi s’interroger sur l’orientation que d’aucuns veulent imprimer à notre monde contemporain !
RAPPEL : parmi les écrits de Jacques Attali, « gourou » d’une bonne partie de la classe politique (gauche et droite) et appui inconditionnel d’Emmanuel Macron, candidat aux Présidentielles, je citerai volontiers ces extraits de « L’homme nomade » (le Livre de Poche, 2005) : « Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société ; il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement, plutôt qu’elle ne se détériore progressivement. On pourrait accepter l’idée d’allongement de l’espérance de vie à condition de rendre les vieux solvables et de créer ainsi un marché.
Je crois que dans la logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons, l’allongement de la durée de la vie n’est plus un objectif souhaité par la logique du pouvoir.
L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figure. Dans une logique socialiste, pour commencer, le problème se pose comme suit : la logique socialiste c’est la liberté, et la liberté fondamentale c’est le suicide ; en conséquence, le droit au suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue dans ce type de société. L’euthanasie deviendra un instrument essentiel de gouvernement ». A bon entendeur, salut !
Alexandre de La Cerda