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Musique
Violoniste talentueux et bretteur impénitent, le Chevalier de Saint-George
Violoniste talentueux et bretteur impénitent, le Chevalier de Saint-George
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| Alexandre de La Cerda 692 mots

Violoniste talentueux et bretteur impénitent, le Chevalier de Saint-George

Le prochain événement du Quatuor Arnaga sera consacré au célèbre « Chevalier de Saint-George » et sa « première » aura lieu le samedi 16 février à 20h30 au Théâtre du Versant à Biarritz. Pour Olivier Seube, « le genre du "Théâtre musical" est trop rarement présenté dans notre Région. Ce sera une occasion exceptionnelle d'écouter la musique de Haydn, Mozart et du Chevalier Saint George (sans "s") et de vivre les anecdotes qui jalonnèrent la vie rocambolesque de cet artiste méconnu mais unique dans l'histoire de France ».

Connaissez vous le Chevalier Saint-George ? Celui que l'on appelait le "Mozart noir" se fit connaître autant comme violoniste prodige qu’escrimeur hors pair. Il composa sept opéras, plus d'une centaine de concertos, trois symphonies, douze quatuors à cordes, et plusieurs sonates… On découvrira son histoire extraordinaire dans une mise en scène de Gaël Rabas avec le comédien Samuel Jego accompagné par le Quatuor Arnaga.

Fils d’une esclave d’origine sénégalaise et d’un planteur dont l’identité alimente des controverses entre historiens, Joseph Bologne de Saint-George serait né en Guadeloupe en 1739. Il aurait un peu moins de dix ans lorsque son père rentre en France avec ce jeune métis et sa mère : d’après certains, il s’agirait de Georges de Bologne Saint-Georges, colon, d’origine protestante néerlandaise, propriétaire de plantation à la Guadeloupe qui, après avoir blessé à mort un voisin en se mesurant à l’épée, décide de quitter précipitamment Basse-Terre pour Bordeaux afin d’échapper à la peine de mort et la confiscation de ses propriétés. Et c'est par ce coup d'épée d'un père duelliste et aventureux que commencent les biographies contemporaines du futur violoniste, duelliste acharné lui aussi ! Monsieur de Saint-Georges, craignant que le bébé Joseph et sa mère Nanon soient vendus avec la plantation, a prié sa femme, de les accompagner en France. Contenu du document : « Permission [de l'Amirauté de Guadeloupe] à Madame St. Georges Bologne habitante de cette isle, d'ammener avec elle en France la negresse Nommé Nanon, Creole de cette ditte Isle Agé d'Environ Vingt ans, (description de Nanon) et un petit mulattre son fils Nomé Joseph, âge deux ans »… Daté à la Guadeloupe le 1er septembre, 1748, ce document attesterait ainsi que Joseph, futur Chevalier de Saint-Georges, âgé de deux ans en septembre 1748, serait néen décembre 1745. Saint-George s’impose très vite comme l’escrimeur le plus fameux de Paris puis devient « champion » – à l’époque on employait le terme « dieu » – de France d’escrime. Mais il est surtout, un violoniste prodigieux et un chef d’orchestre admiré qui hisse sa formation au rang de meilleur orchestre européen. Mozart le jalouse mais s’inspire de ses œuvres !

Le « mulâtre » devient vite le musicien favori de la reine Marie-Antoinette qui assiste à nombre de ses concerts. Il commande à Haydn ses six symphonies parisiennes dont il dirige la création au palais des Tuileries en présence de la souveraine. Il devient aussi le précepteur de musique de la Reine de sorte que celle-ci décide de le nommer directeur de l’Opéra royal. Elle doit néanmoins renoncer, après que cette décision déclenche une violente polémique liée à l’origine de son protégé.

Cet échec incline Saint-George à s’engager dans le mouvement des Lumières et lui fait fréquenter les salons philosophiques. Entré dans la Garde Nationale en 1790, il crée un régiment de noirs et de métis, rapidement surnommé la « Légion de Saint-George », dont le lieutenant n’est autre que le futur Général Dumas. Mal récompensé par son engagement dans les troupes de la révolution, il sera emprisonné  pendant près d’un an sous la Terreur. Parti pour Haïti afin d’aider Toussaint-Louverture, il revient en métropole et reprend ses activités musicales avec succès pour être fauché par la maladie en pleine gloire en juin 1799.

Après deux siècles d'oubli, le personnage et ses œuvres reviennent actuellement sur le devant de la scène.

Le spectacle du Quatuor Arnaga sera donné ce samedi 16 février à 20 heures 30 au Théâtre du Versant - 11 rue Pelletier à Biarritz (entrée 15 € et 10 €, réservation : Théatre du versant – tél. 05 59 230 230).

Alexandre de La Cerda

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