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Histoire
Valeurs républicaines : les massacres de prêtres en septembre 1792, dont François Dardan d’Isturitz
Valeurs républicaines : les massacres de prêtres en septembre 1792, dont François Dardan d’Isturitz

| Alexandre de La Cerda 638 mots

Valeurs républicaines : les massacres de prêtres en septembre 1792, dont François Dardan d’Isturitz

Dans son "Histoire de France", Jacques Bainville relate à propos de la naissance de la Révolution que la prise de la Bastille fut en France le point de départ d'une anarchie et d'émeutes doublées d'une vaste jacquerie dans les campagnes : têtes promenées au bout des piques et dès cet épisode, la Terreur sera en gestation pour en inaugurer le spectacle sanguinaire...
Ces débordements de haine se retournèrent rapidement contre les religieux.

Après la mise à disposition de la nation des biens ecclésiastiques décrétée par l’Assemblée Nationale constituante le 2 novembre 1789, ce sont des bandes de huguenots excités par les « clubs » et « sociétés de pensée » qui se répandirent à Nîmes le 14 juin 1790 pour s’y livrer au pillage et au massacre (« plus de trois cents citoyens avaient péri » selon le maire) après avoir dévasté le couvent des moines capucins qu’ils transperceront à coup de fourche et de baïonnette quand ils ne les démembrent pas ni les découpent à la hache en ricanant : « C’est être bons patriotes et bons amis de la constitution que de faire ce que nous faisons » !

Suivra de peu la constitution civile du clergé décrétée le 12 juillet 1790.

L’année suivante, le 14 juin 1791, ce sera au tour des artisans, professionnels divers et paysans d’être interdits de réunion, de grève et de toute constitution de syndicat ou groupement par l’adoption de la loi Le Chapelier qui renforce le décret d’Allard de mars et complète la première version du 22 mai de cette loi.
Laissant l’individu seul face à l’État et aux puissants, elle sera la cause de nombreuses crises sociales au XIXe siècle.

Le 2 septembre 1792, la Terreur révolutionnaire passa à une vitesse supérieure avec le massacre à Paris, en quatre jours, de plus de 1 500 victimes, parmi lesquelles les prêtres François Dardan, originaire d’Isturitz, et Bertrand de Caupenne. Massacre encouragé par Danton et Jean-Paul Marat. 

Massacre prêtres 2 septembre.jpg
Massacre des prêtres le 2 septembre 1792 ©
Massacre prêtres 2 septembre.jpg

Environ 350 ecclésiastiques avaient été incarcérés, dont plus de la moitié étaient étrangers à la capitale. Entre le 2 et le 5 septembre, des bandes armées d’hommes et de femmes envahissent les prisons parisiennes pour se livrer à l’exécution collective des détenus au couvent des Carmes, à l’abbaye de Saint-Germain, au séminaire Saint-Firmin, aux prisons de la Force, rue Saint-Antoine.

Le couvent des Carmes, avec son très vaste enclos, est le premier et le plus symbolique théâtre des tueries. Au témoignage de l’abbé Saurin, jésuite rescapé, le contraste est saisissant entre la sérénité qui règne au-dedans, parmi les ecclésiastiques prisonniers, groupés autour de trois évêques, et, au dehors, le hurlement de la foule, les canonnades, les roulements de tambour... 

Finalement, le 2 septembre, vers quatre heures du soir, le tocsin de Saint-Sulpice donne le signal aux émeutiers. 
La tuerie qui a commencé dans le jardin s’achève, après un simulacre de jugement, au pied du petit escalier faisant communiquer la chapelle, où les prisonniers ont d’abord reflué et se sont mutuellement donné l’absolution. 
« Je n’ai entendu se plaindre aucun de ceux que j’ai vu massacrés », écrira l’abbé de la Pannonie, blessé et rescapé de la tragédie des Carmes.

Parmi les trois mille victimes de septembre 1792, cent quatre-vingt-onze personnes mortes pour leur foi ont été béatifiées par Pie XI le 17 octobre 1926. Quatre-vingt-six prêtres étaient membres du clergé parisien. Les quatre laïcs et de nombreux religieux béatifiés appartenaient aussi à l’Église de Paris.

On peut vénérer ces béatifiés dans la crypte ossuaire érigée au XIXème siècle sous la chapelle de l’Église Saint-Joseph-des-Carmes (74, rue de Vaugirard, 6ème arr.).

« L’escalier du martyre » marqué d’une plaque Hic ceciderunt (« Ici ils tombèrent ») est aujourd’hui inclus dans le jardin du séminaire universitaire de l’Institut catholique.

1532 personnes furent ainsi massacrées à Paris dans le but de terroriser la population et de réduire les indécis ou les modérés au silence.

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