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Musique
Un talent pianistique prometteur au Palais de Biarritz
Un talent pianistique prometteur au Palais de Biarritz
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| Alexandre de La Cerda 714 mots

Un talent pianistique prometteur au Palais de Biarritz

Voilà quelques années, déjà, que le public mélomane de notre région avait découvert le talent de la pianiste japonaise Misaki Baba dont le toucher « velouté » du clavier s’associait à la flûte enchantée de Charlotte Vanouche. Cette fois, Bertrand Latour nous propose d’écouter en solo cette concertiste internationale au cours d’un magnifique récital qui sera donné dimanche 5 février à 11 heures au Salon Impérial de l'Hôtel du Palais à Biarritz. Les interprètes japonais ont fait d’immenses efforts au cours de ces dernières décennies, en particulier Misaki Baba qui a passé quinze ans en Europe pour s’imprégner de la culture musicale et de « l’environnement historique » – Allemagne – France – Russie - des compositeurs qu’elle interprète.

On l’entendra cette fois dans la « Partita No 5 en sol majeur BWV 829 » de Bach ; elle s’envolera pour l’« Invitation à la danse Op. 65 » de Weber, en fait une valse que le compositeur avait écrite en l’honneur de sa jeune épouse avec qui il venait de se marier, valse qui sera orchestrée comme telle, plus tard, par Berlioz ; le « Nocturne Op.9 n°2 » et la « 2ème Ballade Op. 38 » de Chopin, cette dernière commencée à Nohant, chez Georges Sand, et terminée à Majorque où le musicien s’était « réfugié » avec son égérie ; les « Jeux d'eau » de Ravel révéleront chez Misaki Baba son délicat toucher pianistique, comme « l'eau qui chatouillait le Dieu fluvial » selon la citation du beau poème qu’Henri de Régnier avait consacré à Versailles, « cité des eaux, jardin des rois », et qui figure en tête de la partition (*) ; et la « Sonate No. 4 Op 30 » composée en 1903 par Scriabine qui en faisait un « vol de l'homme vers l'étoile, symbole du bonheur »... Bonheur que le pianiste russe était ensuite allé chercher à Biarritz, en compagnie de quelques autres artistes russes – dont le violoncelliste Koussovsky et le ténor Sobinoff – à la villa Etchepherdia, proche du phare.

Après des études musicales à la Yamaha Master Class au Japon, Misaki Baba obtient brillamment son Premier Prix de Perfectionnement de Piano chez Théodore Paraskivesco et ses Premiers Prix d'Écriture et de Musique de Chambre au Conservatoire de Paris. Lauréate des Concours Internationaux de Bayreuth, Chopin de Göttingen et Kariya, Misaki a l'opportunité de jouer avec des orchestres en tant que soliste. Passionnée par le partage musical, elle joue dans diverses formations, comme l'ensemble Musique Oblique, et on a pu l'écouter sur France Musique avec la Violoncelliste Sonia Wieder-Atheron. Le trio Futurum (Alto, Saxophone et Piano) dont elle est l'un des membres, vient de réaliser une série de concerts à Tokyo, et prépare la sortie d'un disque et une série de concerts en France et à Taiwan. Cette grande concertiste japonaise a également enregistré un disque avec le clarinettiste Guy Danguin et collabore régulièrement avec l'Ecole Normale Supérieure de Musique de Paris.

Dimanche 5 février à 11h, Salon Impérial de l'Hôtel du Palais entrée 35 et 45 Euros (renseignements et réservations au tél. 06 80 04 53 19)

Alexandre de La Cerda

(*) Je ne résiste pas au plaisir de rappeler à nos lecteur ce merveilleux poème d’Henri de Régnier, que nous avons tous – du moins les collégiens de ma génération – appris en classe, et dont Ravel avait cité un vers en guise d’épigraphe à sa partition des « Jeux d'eau ». Il s’agit de « La Cité des Eaux » où le poète regrette les splendeurs passées de la résidence royale :

L'onde ne chante plus en tes mille fontaines,
O Versailles, Cité des Eaux, Jardin des Rois !
Ta couronne ne porte plus, ô souveraine,
Les clairs lys de cristal qui l'ornaient autrefois !

Et le vers cité par Ravel provient du poème « Fête d’eau » :

Le dauphin, le triton et l’obèse grenouille
Diamantant d’écume et d’or Latone nue,
Divinité marine au dos de la tortue,
Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille ;

La vasque qui retombe ou la gerbe qui mouille,
La nappe qui décroît, se gonfle ou diminue,
Et la poussière humide irisant la statue
Dont s’emperle la mousse ou s’avive la rouille ;
Toute la fête d’eau, de cristal et de joie
Qui s’entrecroise, rit, s’éparpille et poudroie,
Dans le parc enchanté s’est tue avec le soir ;
Et parmi le silence on voit jaillir, auprès
Du tranquille bassin redevenu miroir,
La fontaine de l’if et le jet du cyprès.

 

 

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