Ce dimanche 28 janvier à 15h30 au Monastère des Bénédictines d’Urt, la sœur organiste Marie-Véronique Ruyssen donnera un concert avec trois trompettes (Stéphane Goueytes, Jessica Brossard et Didier Bousquet) et deux timbales (Antoine Gastinel), au profit des chrétiens d’Orient.
Professeur de trompette au Conservatoire Maurice Ravel et soliste à l’Orchestre Régional Bayonne Pays Basque, Stéphane Goueytes est également très impliqué dans l’école de musique du Pays de Bidache qui accueille les enfants et les adultes résidant à Arancou, Bardos, Bergouey-Viellenave, Bidache, Came, Guiche et Sames. Quant à Antoine Gastinel, également professeur au conservatoire et membre de l’orchestre régional, il nous a fait swinguer bien des fois au sein du quintette de jazz « Just Friends » et d’autres formations… Didier Bousquet, pour sa part, occupe le poste de trompette solo à l’Orchestre symphonique d’Euskadi. Élève de Jean Sibra à Bayonne, il a poursuivi ses études dans la classe de Pierre Thibaut au Conservatoire national supérieur de Paris pour enseigner à l’école de musique Cambo. Professeur de trompette dans les écoles de musique locales (entre Lons en Béarn et Aspremont en Pays d’Orthe, Jessica Brossard est médaille d’or du Conservatoire de Bordeaux et s’est imprégnée de culture musicale ibérique au conservatoire de Saint-Sébastien.
Ce concert est organisé sous l’égide de l’Œuvre d’Orient et de la communauté grecque catholique. Le projet est de venir en aide à la reconstruction de l’école maternelle de Maaloula en Syrie : en effet, ce village, situé au nord-est de Damas, a été durement touché par la guerre. Pourtant 45% de la population a décidé de rentrer chez elle. Mais le plus grand frein à la réinstallation dans les villages est souvent l’impossibilité de scolariser les enfants. Permettre aux enfants de retourner à l’école, c’est favoriser le retour de leurs parents dans ce village chrétien de Maaloula où l’on parle toujours la langue du Christ, l’araméen.
La ville-martyre de Maaloula
C’est au début des désordres en Syrie que les djihadistes avaient attaqué la bourgade chrétienne de Maaloula, terrorisant la population dont « 80% s’est enfuie à Damas. Les évacués, meurtris, sont venus pleurer au Patriarcat grec-catholique avant de se rendre au Patriarcat grec orthodoxe ». Maaloula fait partie des 20 biens syriens inscrits par l'UNESCO sur la liste du patrimoine mondial. Cette agression « constitue une blessure profonde pour tous les Syriens, en raison de la valeur historique, culturelle et spirituelle de ce haut lieu chrétien », avait alors déclaré le patriarche d'Antioche. Témoignage corroboré par Mère Agnès-Mariam de la Croix, carmélite fondatrice et supérieure du monastère Saint-Jacques le Mutilé et de la Maison d’Antioche en Syrie où elle vit depuis vingt ans. « A Maaloula ou Vallée des chrétiens (regroupant 50 villages chrétiens), des mercenaires tiraient tous les jours faisant régulièrement des victimes silencieuses dans les villages chrétiens. Tout d’abord, les autorités chrétiennes ne voulaient pas attirer l’attention pour éviter l’exacerbation d’un conflit sectaire. Mais « leur réserve et leur neutralité » ne furent plus de mise devant « une véritable invasion à caractère confessionnel avec dégradation des croix, des icônes, des blasphèmes et une atmosphère générale de terreur ambiante (on parle d’exécutions sommaires). Cette atmosphère était déjà existante (enlèvements des fils du village, frappes de pression) auparavant, mais le cas de Maaloula est ressorti au grand jour mettant en lumière les horreurs de ces massacres religieux ».
Lorsque l'armée syrienne a repris Maaloula, on a constaté que ces islamistes avaient fait sauter le couvent Sainte-Thècle, dont une partie s’était écroulée, vandalisé la nouvelle église et brûlé la porte de marbre ornée d’icônes. Les murs étaient carbonisés, les icônes des saints avaient été arrachées, les icônes du Christ poignardées. Une série d’autres icônes d’une valeur inestimable avaient été endommagées. Chandeliers et lustres volés, statues du Christ en bronze doré ou en marbre détruites par explosifs. Toutes les croix qui se trouvaient sur les dômes des monastères et les églises ont été enlevées, des documents datant de 1.500 ans, brûlés.
Bien pire, des chrétiens qui refusaient de se convertir à l'Islam avaient été crucifiés par les djihadistes, avait alors dénoncé sur Radio Vatican une religieuse syrienne qui a dirigé l'école du patriarcat gréco-catholique à Damas et qui vit maintenant en France : « dans les villes ou villages occupés par les djihadistes, les groupes musulmans extrémistes proposent aux chrétiens soit la chahada (la profession de foi musulmane) soit la mort ». Ceux qui ne voulaient pas renier leur foi subissaient le martyr : « à Maaloula, ils ont crucifié deux jeunes gens parce qu'ils n'ont pas voulu dire la chahada. Ils disent : alors, vous voulez mourir comme votre maître en qui vous croyez. Vous avez le choix : soit vous dites la chahada, soit vous êtes crucifiés ». Un des jeunes chrétiens de Maaloula avait même été crucifié devant son père qui a été tué ensuite. Après ces massacres, des djihadistes ont parfois « pris les têtes et joué au foot avec elles, ont pris les bébés des femmes et les ont accroché aux arbres avec leurs cordons ombilicaux ».
Lors de leur déplacement en Syrie (en novembre 2015), le Père Toufic avait accueilli à Maaloula le député Jean Lassalle et l’importante délégation française conduite au Proche-Orient par le député Thierry Mariani : il avait montré les graves dommages causés aux antiques monastères de Saint Serge - Saint Bacchus et de Sainte Thècle, les icônes volées ou bien dégradées par haine du christianisme, les souffrances infligées aux habitants ; mais le Père Toufic avait été également heureux de présenter l'église Saint-Georges rénovée grâce aux donateurs de SOS Chrétiens d’Orient.
Raison de plus pour venir nombreux à ce beau concert inédit du 28 janvier et manifester votre soutien et votre solidarité aux chrétiens d’Orient et plus particulièrement aux enfants de la ville-martyre de Maaloula. Ils comptent sur vous et vous en remercient d’avance !
Concert orgue, cuivres et percussions dimanche 28 janvier à 15h30 au Monastère des Bénédictines d’Urt.
Alexandre de La Cerda