Jusqu'au 25 mai, l’exposition Hitz-Enea (signifiant en basque « les mots qui ont servi à désigner les propriétés »), fait défiler au Musée Basque les noms des etxes d'Iparralde au fil des clichés du photographe-journaliste-cinéaste navarrais Oskar Alegria. Le public pourra se promener autour des demeures basques aux vives sonorités de l’euskara. Des dames qui ont conservés pour certaines leur âme d'antan.
Il y a plusieurs années, Oskar Alegria écrivait des reportages de voyages pour le supplément « El viajero » du journal El País. Depuis 2009, il a été nommé professeur de scénario de documentaires pour le Master de Scénario Audiovisuel de l’Université de Navarre, et a dirigé un Atelier de Photographie Abstraite pour des enfants au musée Chillida-Leku.
Dans les ruelles des villages de la côte basque comme à Aussurucq en Soule et de Saint-Pée-sur-Nivelle à Ossés, c’est en visitant les maisons « Bero Etchea », « Ixilixila », « Ttattola », « Oren Urdinak », que le photographe s'est intéressé aux noms gravés ou peints dans la pierre, sur les linteaux des portes d'entrée ou des fenêtres des fermes et maisons basques.
Dans la culture basque, les noms des maisons ont servi jadis à tracer les cartes orales les plus anciennes, avant que n’existent les publications sur papier. La toponymie est souvent liée à un lieu géographique par rapport à son positionnement ; par exemple la maison – « Iturri-alde » signifiant « du côté de la source », a fourni son patronyme à la célèbre famille lthurralde, dont le membre le plus connu fut maire de Saint-Jean-de Luz. De même « Oyanburu », nom d’une famille connue, veut dire « au bout de la forêt », alors que « basaburu » (le bout du bois), désignait les quartiers excentrés jouxtant Larressore, Cambo, Espelette, Aïnhoa.
La toponymie découla également des noms des arbres – « Lissarague » provient du frêne leizar, « Halsou » de l’aulne halz, « Urcuray et Urcuit » du bouleau urki, « Espelette » du buis espel, « Jatxou et Jaxu » du genêt jats ; il y a encore le chêne tauzin « ametz », et du chêne pédonculé « haritz » proviennent les racines du nom de famille du maréchal Harispe !
Sur les linteaux de la porte d’entrée des etxes, la toponymie correspond également aux métiers pratiqués. Tel « Arotz » ou « Aroztegi », le forgeron (ou la forge), ainsi que les surnoms « Haserrenea » ont également été utilisés.
Aujourd’hui on peut regretter que les noms des maisons, comme déracinés, soient souvent remplacés par une nomenclature abstraite qui n’a rien à voir avec la toponymie ou les fonctions des bâtisseurs et des propriétaires de maisons. Affublées de noms tels « Gure Nahia » (pour un « désir » ou « mon plaisir » elles n’ont plus rien à voir avec la culture locale.
Une exposition Hitz-Enea à visiter par les futurs propriétaires de maisons : jusqu’au 25 mai, exposition Hitz-Enea – Salle Xokoa – Entrée libre au musée Basque et d’Histoire de Bayonne Ouvert du mardi au dimanche de 10h30 à 18h. Fermé les lundis et jours fériés.