Ils ont été un million et demi à venir travailler en France dans les années 1960-1975 en un temps de prospérité économique dans leur futur pays d’accueil, une période de pauvreté dans leur contrée d’origine. Exode international et rural d’hommes et de femmes de tous âges, les visages burinés des plus vieux trahissant les paysans déracinés.
Beaucoup d’entre eux ont transité par le pont et la gare d’Hendaye. Là, dans un bâtiment aujourd’hui disparu à la frontière franco-espagnole (plus ou moins aujourd’hui l’emplacement de la gare du Topo) les Espagnols et Portugais immigrés attendaient un tampon administratif ou un train. Une salle partagée par les services des douanes et de la police servant également de salle d’attente.
Le photographe Gabriel Martinez fut présent dans cette salle d’attente lors d’un reportage en 1969. Le négatif a été oublié pendant quarante ans dans un tiroir. Refaisant surface il a donné lieu à un ouvrage « Sala de espera » publié en 2008 chez Atlantica, ainsi qu’à une exposition présentée à Hendaye. En noir et blanc, accompagnées de vers de Fernando Pessoa, les photographies fixent le décor des valises ficelées, la fatigue des corps assoupis dans les positions les plus inconfortables, surprennent l’inquiétude des regards humides et quelques sourires qui disent l’espoir. Images d’une aventure incertaine et angoissante mais qui, par contraste avec les épreuves des émigrés d’aujourd’hui, semblent peindre une émigration presque heureuse.
Cette exposition de photos revient à Hendaye de façon éphémère à l’occasion de journées dédiées à la mémoire des Espagnols et Portugais émigrés et exilés politiques passés par la gare d’Hendaye. Seront présents le président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, le directeur des Affaires régaliennes et mémorielles de la SNCF, Didier Schwartz, le maire d’Hendaye, Kotte Ecenarro, et le directeur du collectif pour la Mémoire des étrangers dans la Résistance en France, Manuel Dias Vaz.
Programme de la journée du 18 avril :
10h – Dévoilement de la plaque à la mémoire des Espagnols et des Portugais émigrés et exilés politiques passés par la gare d’Hendaye à la Gare internationale d’Hendaye.
11h – Cérémonie, monument aux Morts, à la mémoire des combattants Résistants espagnols, portugais et cheminots de la SNCF.
12h – Vernissage de l’exposition «Sala de espera» (salle d’attente), photos de Gabriel Martinez des émigrés ibériques à la gare d’Hendaye aux Halles de Gaztelu (prêt du musée d’Aquitaine).
14h – Conférence débat «Histoire des migrations ibériques vers la France et l’Europe, au XXe siècle» avec Cristina Clímaco, Bernard Lavallé, Natacha Lillo, Victor Pereira et Marie-Christine Volovitch Tavares. Aux Halles de Gaztelu.
17h – Présentation de livres Le passage clandestin des Portugais par la frontière du Pays Basque, et A passagem clandestina dos portugueses pela fronteira do Pais Basco, Rosa Arburua Goienetxe (Quatorze 2017), Souvenirs d’un futur radieux, José Vieira (Chaldeigne 2024).
18h – Visite Andaye, La Cité des Mémoires – Ville d’Hendaye.
19h – Projection de films aux Halles de Gaztelu : Le long voyage d’Esperanza (49 minutes) de Claude Souef. Immigration d’une femme de ménage espagnole. Nous sommes venus (76minutes) de José Vieira, sur les Portugais à Hendaye, en présence du réalisateur.
Mercredi 23 avril, projections au cinéma Les Variétés à 19 heures : El silencio de otros (le silence des autres), 2018, 95 minutes, d’Almudena Carracedo et Robert Bahar et Portugal 74, la révolution des Œillets (2024, 52 minutes) de Jean-Paul Le Grouyer et Bruno Lorvão.