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Musique
Premiers émois musicaux : Yves Bouillier, violoncelliste et chef d’orchestre
Premiers émois musicaux : Yves Bouillier, violoncelliste et chef d’orchestre

| Yves Boullier 840 mots

Premiers émois musicaux : Yves Bouillier, violoncelliste et chef d’orchestre

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Les générations "antérieures" de l'Ensemble Bouillier ©
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Après le jeune organiste basque Thomas Ospital qui avait évoqué ses « premiers émois musicaux » (notre « Lettre » du 27 mars), voici venu le tour d’Yves Bouillier, professeur de violoncelle au Conservatoire régional « Maurice Ravel » de Bayonne - Pays Basque, directeur artistique de l’Ensemble Orchestral de Biarritz, violoncelle-solo de l’Orchestre Symphonique du Pays Basque et président de l’Académie Internationale de Musique de Biarritz : 
Je suis originaire d 'Arras dans le Nord - Pas de Calais, une région où la musique est très  présente dans les foyers. Chaque village possède son  harmonie ou sa fanfare. Dans ma famille,  mon grand-père et un de ses frères étaient particulièrement habités par la musique. Mon grand-père, Roland Bouillier, jeune clarinettiste alors âgé de 13 ans devait se plier à la règle de la famille  : commencer à travailler à la mine comme l'avait fait ses frères aînés …  Alors que son rêve était de poursuivre la musique , d 'entrer dans un vrai conservatoire et d 'en faire un jour son métier, ses parents n'avaient pas les moyens de lui payer des études musicales ; il fallait gagner de l'argent en allant travailler à la mine.  
Il n'a donc pu poursuivre la musique de manière professionnelle,  mais la clarinette, puis l'accordéon et la composition ont été le sel de sa vie.  
60 ans plus tard, je me retrouvais assis alors gamin à écouter chaque dimanche, en réunion de famille, mon grand-père et mon père jouant de l'accordéon en duo, mon père ayant appris la musique avec mon grand-père.  Il s 'agit là de mes premières émotions musicales ; elles sont particulièrement intenses car elles viennent  directement de ma famille… J'ai encore dans l'oreille et dans mon cœur,  le son des ces 2 puissants accordéons qui s'entremêlaient et  se répondaient. Le bruit des soufflets qui semblaient faire respirer la musique au rythme des aller- retours incessants de leurs bras, les doigts pourtant fatigués de mon grand père qui virevoltaient tout en appuyant sur les boutons brillants de son instrument imposant posé sur ses genoux. 
Je revois les grosses bandoulières en cuir noir, abîmés par le temps,  qui entouraient le torse et le dos des 2 homme- orchestres placés en face l'un de l'autre et où la complicité, les regards échangés étaient riches de connivence, de partage , d'émotion et d' histoires vécues grâce à la musique. 
Je me souviens de cette  odeur de bois ciré et de propre  et des trop nombreuses plantes dressaient dans la pièce auxquelles il fallait faire attention de ne pas casser les énormes feuilles vertes qui débordaient des gros pots posés par ci par là…  Je restais assis, dans ce fauteuil haut et large, les  jambes pendantes qui bougeaient ( j'ai toujours beaucoup bougé !) et les accompagnaient avec entrain.  Même des heures après ces moments de musique où valses, polkas et autres tangos m'avaient fait chanter, danser et rêver, la musique semblait  toujours résonner dans cette pièce magique. .. mais c était dans mon cœur qu'elle résonnait.  
Très vite, dès l'âge de 6 ans, le piano entra dans ma vie puis à 9 ans, ce fut le violoncelle, mon fidèle compagnon.  Depuis, l'âge de 6 ans , je répétais à mes parents que je souhaitais être musicien quand je serai grand. Le virus de la musique m'avait été transmis par mon papy. Et je porte en moi son rêve qui était devenu le mien : vivre de la musique ! 
Et mon histoire familiale m'a fait souvent prendre conscience que tous les passionnés de musique ne souhaitent pas forcément en faire leur profession mais certains le souhaitent mais  ne peuvent y accéder pour diverses raisons. Quelque soit le parcours de chaque musicien, qu'il soit pro ou amateur, l'important pour lui est de pouvoir jouer, de pratiquer ensemble la musique, de la partager avec exigence et plaisir. A travers l'histoire de mon grand- père, se tisse la mienne et le lien étroit que je peux avoir avec les musiciens amateurs de l'EOB. Ces musiciens m'apportent beaucoup de par leur sérieux, leur engagement, leur persévérance et surtout le plaisir qui se dégage dans leur jeu.  
Depuis lors, 1er Prix de Violoncelle et 1er Prix de Musique de chambre à l’unanimité au Conservatoire de Paris, nanti d’une Maîtrise de Musicologie à la Sorbonne, après avoir remporté plusieurs concours de musique de chambre comme membre du Trio Daphnis (1991 à 1996), l’intense trajectoire pédagogique et artistique intense d’yves Bouillier lui a fait créer le trio Belharra ainsi que l’Ensemble Orchestral de Biarritz (il en est le directeur artistique et le chef d’orchestre) dont les prochains concerts se dérouleront le 11 novembre à la cathédrale de Bayonne (musique française : Berlioz, Bizet, Fauré, Debussy et Poulenc) et le 1er janvier à la Gare du Midi de Biarritz (Concert du Nouvel An "Strauss et Carnet de bal", valses, polkas, marches et ouvertures). On l’entendra également au sein du Quatuor Arnaga et de l’Orchestre Symphonique du Pays Basque.   

Nos photos : 
- Yves Bouillier, jeune violoncelliste 
- L’ensemble Bouillier des générations précédentes 




 

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