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Musique
Orchestre régional : quand le Danube bleuit la Nive
Orchestre régional : quand le Danube bleuit la Nive
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| Yves Ugalde 680 mots

Orchestre régional : quand le Danube bleuit la Nive

C’est un grand succès – bien mérité – qu’a obtenu l'Orchestre régional Bayonne Pays Basque dirigé par Victorien Vanoosten, lors des deux représentations de son concert du Nouvel An à la salle Lauga, devant 3 200 auditeurs qui ont applaudi le florilège de musiques viennoises proposé.

Voici la critique de notre ami Yves Ugalde, mélomane accompli… Et adjoint à la culture !

« Lauga n'est pas le Musikverein de Vienne et faire le pari d'un concert Strauss à Bayonne pour le Nouvel-An pouvait relever d'un défi "hors gabarit". Le risque d'une forfanterie existait. Le concert de ce samedi a contourné l'écueil avec un talent qui a fait la joie des 2000 spectateurs qui remplissaient totalement le gradin et le parterre.

Il se passe quelque chose entre l'Orchestre Bayonne Pays Basque et le jeune chef de 33 ans Victorien Vanoosten. De ce qui ne se programme pas entre un chef et une formation classique. Et, ce soir, ce qui était déjà perceptible l'an dernier, s'est révélé au grand jour. Vannosten et notre orchestre se sont trouvés. Et le résultat est tout simplement formidable.

Le piège, avec un répertoire aussi sacralisé par les ors viennois, eût été de faire entrer au chausse-pied un modèle imprégné des grandeurs d'un empire Sissien sous les structures métalliques de notre palais des sports. Il fallait de l'inventivité, de la jeunesse et l'envie de plonger Strauss dans notre esprit de fête. Ou le contraire ? Parce qu'au fond ce qui caractérise cette musique, d'une technicité ébouriffante par ailleurs, c'est la fête! Encore fallait-il un chef qui cherche et trouve le contact entre cette musique réjouissante et Bayonne.

Vanoosten a trouvé la clé. Une clé en or massif qui ouvre une porte dont il n'y a plus qu'à espérer qu'elle libère un chemin de collaboration durable entre ce chef au charisme si humain et un orchestre au sujet duquel il ne tarit pas d'éloges. A l'issue du concert, Vincent Vanoosten me dit : "Vous avez une perle en Pays Basque avec cet orchestre. C'est un plaisir de travailler avec ces musiciens". Une violoniste me confiait quelques minutes auparavant : "Victorien a un rapport très sensible avec les musiciens. C'est un grand chef qui dirige très précisément, mais sans commander"...

Ce soir, dans l'esprit du mélange des eaux cher aux surfeurs qui en ont même fait une cérémonie, le Danube a bleui la Nive tout en lui laissant la liberté de son cours. Déjà, en entrant sur scène sans nouer son col cassé d'un nœud papillon, le chef, collaborateur direct de Barenboim à Berlin, nous a invités à un rendez-vous dont les porteurs de pull-over -qui furent d'ailleurs les premiers à se lever pour danser- n'étaient pas exclus.

Le vrai don de ce chef, dont il faut se souhaiter qu'il reste dans nos prix quelques années encore, est de conserver assez de fraîcheur pour ne pas plaquer des programmes aussi empesés sur des lieux et des gens aussi éloignés de la grandeur austro-hongroise. Avec Victorien, c'est l'empire sans l'impérialisme. Fort! Très fort!

Jusqu'à ces deux jeunes, plutôt besogneux dans leur valse initiatique, qui ont rejoint le pied de scène pour participer à la fête et que j'ai trouvés très émouvants dans leurs premiers pas sur la lune viennoise.

Victorien et l'orchestre de Bayonne Pays Basque sont, de plus, à un degré de complicité musicale dont on a peine à croire qu'elle ne soit le résultat que de deux jours de répétition. C'est que Victorien place Bayonne entre un opéra à Marseille et ses remplacements au pied levé de Baremboim qui lui fait de plus en plus confiance.

Cette musique de bonheur et d'emportement léger est en vérité épuisante pour le musicien qui doit sans cesse être en éveil. Les inventions iconoclastes du compositeur truffent ses partitions. A tout moment, le plus oublié des musiciens peut devenir soliste. Avec Vanoosten, ce champ de mine musical est jonché de roses et de pauses où les fleurs de printemps se cueillent par brassées.

Yves Ugalde

 

VISUEL / Mairie de Bayonne

 

La ronde des jeunes sur les valses de l’orchestre

 

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