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Patrimoine religieux
Notre-Dame de Paris en son immortalité
Notre-Dame de Paris en son immortalité

| François-Xavier Esponde 923 mots

Notre-Dame de Paris en son immortalité

Notre-Dame de Paris, insulaire et céleste appartient aux universalités cosmiques.
Son nom fut diffusé aux limites du monde par le roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris.

Notre-Dame vit la conversion soudaine de Paul Claudel, et lors du tragique incendie qui l’embrasa de dans la nuit du 15 au 16 avril 2019, consumant mille ans d’histoire nationale, sa présence immortelle revint à l’esprit de nombreux Parisiens qui comprirent la gravité de l’évènement pour eux et le reste du monde.

La vieille et noble Dame appartenant au Patrimoine de l’Humanité depuis 1991 a vu le temps funeste d’une nuit, la charpente exceptionnelle et l’effondrement de la voûte ajouter l’innommable aux blessures portées de son histoire de la France.
Depuis ce temps funeste, les artistes et artisans, compagnons et maitres verriers, charpentiers et menuisiers experts pansent les avanies et tendent à lui rendre l’éclat unique de sa beauté, en faisant renaître l’œuvre de jouvence des Maitres Compagnons de France du temps jadis qui l’édifièrent pour l’immortalité.

C’est en 1163, sous le règne du roi Louis VII, que l’évêque de Paris Maurice de Sully engage la construction d’une cathédrale dédiée à la vierge Marie sur le site d’une ancienne église paléochrétienne devenue basilique au temps du roi Childebert Ier, au VIème siècle, puis cathédrale sur l’ile de la Cité.
Au cœur de Paris, le cœur de la Cité à Paris.
La construction se poursuivra jusqu’en 1345 disent les historiens par des chantiers successifs édifiant sur l’ancienne église romane un bâtiment relevant de l’art gothique comme en bien d’autres lieux sacrés en France où furent érigées les cathédrales les plus récentes.
La première période verra de 1161 à 1250 la réalisation de la grande nef, des arcs-boutants imposants, des deux tours et la consécration du chœur.
Un travail précis, long et méticuleux dans la durée.

En 1250, sous le règne du roi Louis ,elle est déjà en activité. La période qui suivit jusqu’en 1345 procédera à l’alignement de la façade des portails romans du transept avec celles des chapelles latérales de la nef et la réalisation de la rosace de la façade nord du transept.
A la Renaissance et au XVIIème siècle viendront le temps des aménagements intérieurs de style baroque bien avant la Révolution Française qui la vandalisa sans ménagement avant toute restauration par Viollet le Duc au XIXème, ”pour réparer et réhabiliter la Noble Dame" figure emblématique de Paris et du pays en son entier.

Notre-Dame fut jamais épargnée par l’histoire de France.
Se souvenant, selon les chroniqueurs du passé, du premier incendie au XIIIème siècle qui détruisit sa charpente supérieure et ses combles.
La Révolution voulut la transformer en Temple de la Raison avec le maître-autel, devenu autel de la Déesse Raison. Tout culte religieux y fut interdit, le trésor du temple pillé, les statues des rois de Juda décapitées et in fine le lieu devient entrepôt des vins au milieu des gravats.

Grandeur et décadence, amour et dévoiement, le 18 avril 1802 Notre Dame de Paris est enfin rendu au culte, mais dans quel état ?
Victor Hugo dans son roman du même nom, Notre Dame de Paris réhabilite la dignité de l’édifice alors que les anti-légitimistes persévèrent dans leurs infamies, pillent et brisent les vitraux.
Paradoxe inouï de l’histoire Victor Hugo répare et restaure en France les affres de ses égarements.

Avec Notre Dame et à Paris se joue une part de l’histoire céleste en cet espace insulaire de la Cité, sur ce rocher de dentelle de pierres posées au milieu de la Seine.
Souvenons nous, disent les historiens, des mystères joués sur le parvis de l’édifice le dimanche après midi après les offices ad intra de la cathédrale, pour les passants, “les touristes d’époque” attirés par le lieu, pour faire mémoire de la vie de Jésus mis en scène.
Autant de références du passé abandonnées et cependant révisées par les avatars de l’incendie.
On y revit des concerts publics, des animations mi sacrées mi profanes, comme jadis dans l’espace mitoyen du lieu comme par enchantement de revivre, continuer à survivre malgré l’horreur du feu, la présence unique de l’Eternel en ce lieu béni de Paris.

Pour ne pas l’oublier, les chroniques du Moyen Age rappellent le mystère de la passion d’Arnoul Greban, organiste et maître du choeur de la cathédrale qui en son temps animait sur quatre jours ce récit de la vie du Christ pour le plus grand nombre, et aux portes de l’édifice.
Les processions de pénitents, de confréries diverses masculines et féminines, de grands poètes et mystiques comme Paul Claudel qui “sous le coup de la grâce s’est effondré en cette nuit du 25 décembre 1886”, “en un instant mon coeur fut touché et je crus” dira l’auteur lui même !

Tant d’illustres et d’inconnus pour la postérité disent avoir emprunté ce lieu d’exception de Notre Dame en temps de paix ou de guerre.
On ne saurait le souhaiter aujourd’hui encore, écoutant Charles Péguy disparu au début de la guerre de 1914, en relisant le Porche du mystère de la seconde vertu, posthume et toujours actuel pour nous. On y découvre les saintetés du temps du christianisme naissant et vivant habitant ce cénacle mystique depuis leur première naissance.
Rappelant les vertus de Notre Dame pour retrouver la Paix universelle si attendue aujourd’hui pour le monde, vertu pressante du moment à l’heure où Noble Dame s’apprête à revêtir de nouveaux atours, après la cendre, l’obscurité d’une nuit funeste, vers des jours meilleurs pour les croyants et visiteurs qui s’y engouffreront un jour prochain, à la fin des travaux présents.

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