Oroitza organise une conférence mardi 8 avril à 18 heures 30 aux Halles de Gaztelu. Elle sera animée par Chantal Laborde, auteur et historienne, sur le vitrail "la Cananéenne" de la cathédrale de Bayonne, une allégorie de l'échange des fils de François Ier à Hendaye.
Ce sera un moment passionnant ! Inscriptions au tél. 05.59.48.23.58.
Parmi les remarquables vitraux de la cathédrale de Bayonne, la "Cananéenne", par Alexandre de La Cerda
On admire tout particulièrement dans la chapelle Saint-Jérôme, l'un des plus beaux vitraux de la cathédrale bayonnaise, datant de 1531. Il représente le Christ chassant le démon du corps de la fille de la Cananéenne. @@On peut le rapporteur à l'histoire de François Ier qui fait entasser dans le Château-Vieux voisin l'énorme rançon exigée par Charles Quint, son vainqueur à Pavie en 1525, pour libérer ses fils laissés en otage à sa place.
Le vitrail de la Cananéenne, réalisé un an après l'échange des enfants de France contre la rançon, constitue "un clin d’œil à cet épisode historique", d'autant plus qu'on y remarque les armes royales et la salamandre, emblème de François Ier. Une frise de statues gréco-romaines dans le style de la Renaissance et les "mécènes" du vitrail en orants (les bourgeois bayonnais Laduchs) ajoutent à l'intérêt de ce chef-d'œuvre.
J'avais relaté cet épisode dans mon livre « Pays Basque entre Nive et Nivelle » (Privat, 1996, prix Georges Goyau de l’Académie française).
Un an après avoir été fait prisonnier par Charles Quint à la bataille de Pavie, François Ier était échangé contre ses deux fils, le dauphin Henri et le duc d'Orléans, retenus désormais en otages jusqu'au paiement d'une rançon de douze cent mille écus d'or que l'on mettra quatre ans à réunir au Château-Vieux bayonnais, sur les bords de la Nive. Quatre longues années après que le Roi de France, sa liberté à peine recouvrée, se fût écrié en traversant le pont qui enjambe la Nivelle entre Ciboure et Saint-Jean-de-Luz : « Je suis encore roi de France ! », une file de trente mulets suivait le chemin en sens inverse, transportant vers l'Espagne l'or réuni par le maréchal Anne de Montmorency.
Et le soir de ce 1er juillet 1530, fort tard, c'est encore le grand maître de l'artillerie de François Ier qui vint au devant de la reine Eléonore et des jeunes princes, transportés dans une litière de drap d'or, devant un somptueux cortège richement harnaché qu'entoure une escorte de cinq cents jeunes gens, porteurs de flambeaux. A l'entrée du pont, ils sont reçus par le clergé, les magistrats et les notables de Saint-Jean-de-Luz, eux aussi une torche à la main, accompagnés de leurs épouses dont la coiffure, selon le mode du pays, leur faisait arborer comme de grandes cornes sur la tête.
Est-ce donc en cette solennité que le duc de Montmorency, voulant quelque peu rabattre la trop grande fierté de ton d'un jurat luzien, lui rappela qu'il s'adressait à un connétable de France, dont la race datait de plusieurs siècles ? Et le Basque de répliquer incontinent : « Nous autres, nous ne datons plus ! ».
C'est de cet épisode historique que la cathédrale de Bayonne garde dans sa chapelle Saint-Jérôme le merveilleux vitrail de la Renaissance : "la Cananéenne".