Hegoak ebaki banizkio
Neuria izango zen
Ez zuen aldegingo.
Bainan honela
Ez zen gehiago xoria izango.
Eta nik,
Xoria nuen maite.
(Si je lui avais coupé les ailes / Il aurait été à moi / Il ne serait pas parti /
Oui mais voilà / Il n'aurait plus été un oiseau / Oui mais moi / C'était l'oiseau que j'aimais).
Joxean Artze avait 25 ans lorsque son poème, imprimé sur les serviettes d’un restaurant donostiar avait inspiré le chanteur Mikel Laboa : c’était en 1968, peu de temps après l’apparition du mouvement de jeunes artistes « Ez dok amairu » (le treize n'existe pas), créé précisément par Mikel Laboa. Le sculpteur Jorge Oteiza avait extrait la phrase « ez dok amairu » d'un conte basque dans lequel le forgeron Mattin, ne sachant quoi répondre au diable sur ce chiffre-là, avait nié l'existence du chiffre treize pour éviter la malédiction prévue par Lucifer. « Ez dok amairu » rassembla en son sein de jeunes chanteurs à l’aube de leur carrière artistique qui deviendront les classiques de la chanson basque contemporaine : Lurdes Iriondo, Benito Lertxundi, Xabier Lete et les frères Artze rejoindront ainsi Mikel Laboa et la chanson basque ouvrira la voie à plusieurs générations d'artistes. Et ce sont en tout onze poèmes de son ami Artze que Laboa avait mis en musique.
Mais Joxean (ou Josanton) Artze participa également à une remise au goût du jour d’un instrument dont il est devenu rapidement, avec son frère Jesús, l’un des meilleurs interprètes : la txalaparta.
Le poète et txalapartari usurbildar avait encore conçu le spectacle « Baga, Biga, Higa » avec quelques membres du groupe « Ez dok amairu », avant de lancer - en collaboration avec son frère Jesús, Mikel Laboa et José Mari Zabala, entre autres - le spectacle de musique, danse et poésie « Ikimilikiliklik » mis en scène en 1976 à la Biennale de Venise. Parmi ses nombreuses créations, signalons encore « Goñiko zalduna » avec Beñat Achiary et Jesús Artze (1994), sans oublier la publication de plusieurs recueils poétiques en euskara. En partenariat avec l'Institut culturel basque et la chaire « Mikel Laboa » de l’Université du Pays Basque, le festival biarrot des expressions basques « Bi Harriz Lau Xori » lui avait consacré il y a deux ans une exposition ainsi qu’une série de conférences à la médiathèque de Biarritz.
RIP
Alexandre de La Cerda