0
Musique
L’oiseau s’est envolé au paradis des poètes
L’oiseau s’est envolé au paradis des poètes
© DR

| ALC 383 mots

L’oiseau s’est envolé au paradis des poètes

Hegoak ebaki banizkio
Neuria izango zen
Ez zuen aldegingo.
Bainan honela
Ez zen gehiago xoria izango.
Eta nik,
Xoria nuen maite.
(Si je lui avais coupé les ailes / Il aurait été à moi / Il ne serait pas parti /
Oui mais voilà / Il n'aurait plus été un oiseau / Oui mais moi / C'était l'oiseau que j'aimais).

Joxean Artze avait 25 ans lorsque son poème, imprimé sur les serviettes d’un restaurant donostiar avait inspiré le chanteur Mikel Laboa : c’était en 1968, peu de temps après l’apparition du mouvement de jeunes artistes « Ez dok amairu » (le treize n'existe pas), créé précisément par Mikel Laboa. Le sculpteur Jorge Oteiza avait extrait la phrase « ez dok amairu » d'un conte basque dans lequel le forgeron Mattin, ne sachant quoi répondre au diable sur ce chiffre-là, avait nié l'existence du chiffre treize pour éviter la malédiction prévue par Lucifer. « Ez dok amairu » rassembla en son sein de jeunes chanteurs à l’aube de leur carrière artistique qui deviendront  les classiques de la chanson basque contemporaine : Lurdes Iriondo, Benito Lertxundi, Xabier Lete et les frères Artze rejoindront ainsi Mikel Laboa et la chanson basque ouvrira la voie à plusieurs générations d'artistes. Et ce sont en tout onze poèmes de son ami Artze que Laboa avait mis en musique.

Mais Joxean (ou Josanton) Artze participa également à une remise au goût du jour d’un instrument dont il est devenu rapidement, avec son frère Jesús, l’un des meilleurs interprètes : la txalaparta.

Le poète et txalapartari usurbildar avait encore conçu le spectacle « Baga, Biga, Higa » avec quelques membres du groupe « Ez dok amairu », avant de lancer - en collaboration avec son frère Jesús, Mikel Laboa et José Mari Zabala, entre autres - le spectacle de musique, danse et poésie « Ikimilikiliklik » mis en scène en 1976 à la Biennale de Venise. Parmi ses nombreuses créations, signalons encore « Goñiko zalduna » avec Beñat Achiary et Jesús Artze (1994), sans oublier la publication de plusieurs recueils poétiques en euskara. En partenariat avec l'Institut culturel basque et la chaire « Mikel Laboa » de l’Université du Pays Basque, le festival biarrot des expressions basques « Bi Harriz Lau Xori » lui avait consacré il y a deux ans une exposition ainsi qu’une série de conférences à la médiathèque de Biarritz.
RIP
Alexandre de La Cerda

 

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription