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Les Protestants de France ont 500 ans !
Les Protestants de France ont 500 ans !
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| François-Xavier Esponde 1289 mots

Les Protestants de France ont 500 ans !

1 - Les Protestants ou Réformés, qui sont-ils ? Où sont-ils ?

 On les classe, selon les sources fournies par leurs soins, en trois grandes familles regroupées au sein de l’Eglise Réformée de France, de l’Union des églises protestantes d’Alsace Lorraine, et des autres Unions d’églises disséminées sur tout le territoire.

Pour l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine, on compte 65 000 membres, à Montbéliard 29 000, dans le Nord et la Normandie 21 000 personnes, entre Meaux et Paris 65 000 personnes, et encore 6000 sujets d’autres églises issues de la Réforme.

A Châlons en Champagne, 15 000 dans la région Est, 32 000 pour l’Ouest, pour le Centre-Rhône et les Alpes 80 000, et dans le grand Sud-Ouest autour de 40 000 (répartis entre La Rochelle, Saint-Jean d’Angély, Saintes, Bordeaux, Agen, Montauban, Bayonne Pau, Lectoure, etc.

Dans les Cévennes, sur les territoires historiques du Languedoc – Roussillon, la communauté compte 60 000 membres autour de Nîmes, et pour la région Paca, 30 000 personnes.

Ces régions liées à l’histoire de la Réforme sont référencées et demeurent témoins de la vie religieuse d’une église avec ses tourments, ses guerres, et parfois des persécutions (dans les deux sens, ndlr.)... La tradition protestante est attachée à la vie économique de ces croyants versés dans l’entreprise et l’initiative personnelle.

2 – Pierre Valdo

Mais l’histoire de cette communauté reste liée à des mouvements sociaux et populaires qui, de Lyon à Montpellier, ont suivi le chemin tracé par Pierre Valdo et qui se développera avec le mouvement vaudois. A Lyon, ce fidèle de la Réforme vendra ses biens, se mettra à traduire le Nouveau Testament en provençal - une profanation pour l’époque - et encouragera tous les disciples du Christ, femmes comprises, à prêcher et à refuser les injonctions de l’époque et les menace d’excommunication du Pape Lucius III en 1184.

Les vaudois rejoindront ainsi la Réforme en envoyant leurs émissaires à Berne, à Strasbourg et à Bâle où leurs correspondants Guillaume Farel, Oecolampade et Martin Bucer les convaincront de bâtir des temples, de vivre à visage découvert et de traduire en français la bible dans son entier.

La Réforme était à ce prix mais les esprits ne semblaient pas tous acquis à une telle transition ecclésiale. Dès 1163, le Mouvement va rejoindre celui plus ancien des Cathares que le moine bénédictin Eckbert de Chönau appelle ainsi comme « remarqués pour leur prosélytisme en Occitanie entre Toulouse et Béziers ».

Saint Augustin avait déjà contesté ces thèses doctrinales dissidentes, mais les Cathares, fermes dans leurs croyances et menant leurs campagnes, connaitront une forte répression dès le XIIIème siècle, lors de la Croisade contre les Albigeois et l’Inquisition. Mais, chacun défendant sa vérité, les options de chaque partie se mêleront de religion, de projets politiques et d’hostilité réciproque.

3 – Les guerres entre catholiques et huguenots.

Huit guerres de religion utiliseront ce terreau de la division entre 1562 et 1598, dans notre région essentiellement en Béarn, dans le Languedoc, l’ancien Comté de Foix, les Cévennes, dans l’Ouest, en Charente, Saintonge, Poitou, Bretagne et Alsace... Strasbourg et sa célèbre université, la Principauté de Montbéliard où Frédéric Ier impose en 1586 le luthéranisme comme religion d’Etat en seront les traductions historiques et les lieux de confrontations directes.

En 1685, l’Edit de Fontainebleau révoquant l’Edit de Nantes, Louis XIV engage une persécution radicale qui se traduit par les confiscations des biens, des enlèvements d’enfants et des emprisonnements qui obligent 180 000 français protestants à quitter leur territoire vers ces pays refuges que seront la Suisse, l’Angleterre, l’Allemagne, beaucoup moins vers l’Espagne...

Pour les uns, l’Alsace et Montbéliard deviendront des « paradis de liberté », tandis que d’autres choisiront d’emprunter le chemin du désert et plutôt le silence pour se fondre dans la population.

Un siècle douloureux, entre 1685 et 1787.

Les historiens des Cévennes, ceux du Vivarais et du Dauphiné deviendront les chroniqueurs de ces récits douloureux pour les premiers réformés en France qui célèbrent ces victimes comme des héros de l’époque originelle. On ne pourra plus oublier chez eux la Révolte des Camisards de 1702 à 1710 que les protestants célèbrent toujours avec ferveur et tradition. Il se dit que certaines régions - dont l’Aquitaine - ont été marquées par les huguenots viticulteurs, commerçants habiles et hommes d’entreprises sur les terres, dans le port de Bordeaux et sur les voies commerciales vers le nouveau monde...

Héritiers tout au long du XIXème siècle de cet engagement de leurs pairs, les églises évangéliques issues du réveil du mouvement social protestant, ils développeront les idées socialistes, l’idéal coopératif, le scoutisme et des lignées dynastiques de banquiers confortant le capitalisme de leur expertise et de leur savoir-faire. Un mode de vie, une morale personnelle exigeante et des engagements civils audacieux, les protestants  acquirent une réputation sociale de premier niveau dont certains politiques comme Michel Rocard et Lionel Jospin sont des exemples contemporains.

François-Xavier Esponde

 

Programme culturel et religieux des 500 ans de la Réforme

En octobre 2016 le pape François se rendit en Suède pour lancer l’année des 500 ans de la Réforme avec les luthériens. L’entreprise était audacieuse et pour la première fois dans l’Eglise catholique, le pape ouvrait la voie de la rencontre officielle entre deux églises chrétiennes historiques.

Quant au programme culturel et religieux développé au sein de la Communauté protestante, il s’est traduit en France et en Allemagne par des numéros spéciaux des journaux « Réforme » et de « La Vie » (numéro spécial « Luther »), par l’édition d’un livre de prières communes aux réformés et aux catholiques, par un opéra « Luther ou le mendiant de la grâce » composé par le compositeur Jean jacques Werner et l’écrivain Gabriel Schoettel (www.operaluther.com).

Localement, des conférences, des expositions, à Pau et Bayonne, la visite du Musée du protestantisme à Orthez sont en cours. Ainsi, du 18 au 23 décembre, la Maison des Associations de Bayonne accueillera toute la semaine l’exposition « la Bible patrimoine de l’Humanité », initiative des familles protestantes de la région de Dax-Bayonne.

Une conférence donnée par Gérard Roche, docteur en Histoire, spécialiste du protestantisme, « la Réforme pourquoi ? », le 18 décembre à 20 h.

Une pièce de théâtre préparée par le pasteur junior Damaceno, « Les tartes aux pommes de Margrethe Luther sont délicieuses », le mardi 19 décembre à 20 h,

La projection du film d’Eric Till, « Luther la vision d’un homme a changé le monde », le mercredi 20 décembre à 20 h.

Des visites guidées sur « La transmission de la bible » le jeudi 21 décembre à 19 h.

Une Exposition permanente de bibles anciennes des XVIII, XIX et XXème siècle sur place...

Inscriptions à la Maison des Associations pour la totalité des activités de cette semaine.

Signalons encore le « Martin Luther » d'Ivan Gobry publié voici quelques années aux éditions de la Table Ronde : une solide biographie du Réformateur. Après une étude approfondie des sources, Ivan Gobry propose une vision inédite de Martin Luther, l’initiateur de la grande fracture de l’Occident moderne. Loin du consensus laudatif qui caractérise le cinquième centenaire de la naissance de Luther, Ivan Gobry en dresse un portrait réaliste. L'auteur, six fois lauréat de l'Académie française, était particulièrement qualifié pour conduire cette étude, sur le plan religieux comme professeur de morale et de métaphysique à l'Institut catholique de Paris, sur le plan philosophique comme fondateur et directeur du département de philosophie de l'Université de Reims, sur un plan historique comme rédacteur de l'histoire du monachisme.

Par ailleurs, les amateurs de gospel songs et de spirituals cliqueront « gospel » sur les moteurs de recherche qui proposent 460 000 entrées aux mélomanes sensibles à la musique religieuse afro américaine... On citera encore le roman de Ken Follett « Une colonne de feu » chez Robert Laffont qui invite à voyager dans un monde fétiche et imaginaire, au XVIème siècle où les questions religieuses se disputaient âprement.

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