Le baptistère ne signifie guère grand chose pour un contemporain habitué aux fonts baptismaux des églises. Mais l'historique de ce monument ajouté à l'église, hors de son enceinte mais proche de son esprit, est exceptionnel pour un témoin de la foi.
Baptistère en grec signifiant, piscine, bassin pour bains froids, ou plongée dans une eau initiatique dans cet édifice construit séparé de l'église elle même.
Baptiser voulant signifier "immerger", les premiers bains de catéchumènes, comprenez de candidats au baptême se firent dans des cours d'eau attenants, des rivières ou des retenues d'eau naturelles à proximité des lieux cultuels. Ce qui nous semble irréel aujourd'hui mais faute d'église jadis, le sacrement ne pouvait se célébrer hors des espaces naturels existant dans les populations autochtones.
A partir du VIIIème siècle, on trouve une cuve d'eau spartiate non enterrée en ce lieu. Mais sachant que dans les cathédrales peu nombreuses des trois premiers siècles de l'église, le baptistère dispose d'un confort architectural plus élaboré et d'intérêt exceptionnel.
Nous sommes en présence d'adultes embrassant le baptême. Et d'enfants qui suivent le baptême reçu de leurs parents.
Les rituels s'y adaptent par nécessité.
L'empereur Constantin en 313 par son Edit ouvrant la foi chrétienne à ses limites impériales, accorde le statut chrétien à ces myriades de catéchumènes.
Si les rivières, les étangs, les lacs ont pu servir à ces immersions baptismales ou pré baptismales parfois, leur connexion avec les eaux païennes des cultes antérieurs à la foi chrétienne, inspirent peu les convertis de la foi, comme pour les plus fortunés la pratique de ces bains dans des résidences aristocratiques des plus argentés du peuple, se firent en leurs propriétés privées !
On choisira donc au fil du temps d'adopter le baptistère ajouté à l'église pour de telles fonctions sacramentelles.
Le baptistère de Doura Europos au IIIème siècle est une merveille de connaissance par ses fresques sous le ciborium et les décors alentour racontant par la main des esthètes, le mystère célébré chez les chrétiens lors de leurs rites initiatiques et baptismaux.
"L'arcosolium y représente le Christ Bon Berger, les deux hommes nus, la condition humaine pécamineuse, ou en état de délivrance, et des illustrations murales de la vie du Christ demeurent des chefs-d'oeuvres du patrimoine chrétien originel !"
Du IVème au VIème siècle pas moins de 25 baptistères fleurissent en Italie impériale. dont celui de Latran et sans doute 150 ? dans les diocèses gaulois de l'époque ! Disparus ou démolis pour la plupart.
Tous ces baptistères sont consacrées par Jean Le Baptiste de Jésus en y adjoignant les baptistères des moines et leurs abbayes disposant de ces libéralités à l'époque.
L'usage des baptistères fait cependant l'objet suivi des règles épiscopales en vigueur. Le concile d'Auxerre en 577 celui de Meaux en 845, permettent l'ajout de baptistères aux églises construites.
"On y célèbre même des conciles dans et autour de baptistères géants pour s'attacher de toute évidence tous les bénéfices sacrés de la foi en Christ lors de la tenue de ces assemblées religieuses."
Mais l'attrait du sacré, l'attirance de l'eau consacrée par l'épiscope du lieu a une fascination telle pas vraiment spirituelle teintée de superstition ou de magie, sont tentations pour des imposteurs potentiels ou des sujets séduits par le sacré lui même.
On prend soin de les fermer, les surveiller, les tenir sous bonne garde en dehors des trois jours baptismaux de l'année liturgique, Pâques, Pentecôte, Epiphanie.
Le baptême conservant son caractère de rite initiatique et secret fascine les premiers catéchumènes.
Les risques d'excès existent encore.
On trouve en certains lieux deux bassins baptistères, l'un pour les hommes, pense-t-on, le second pour les femmes ?
Mais rien n'est si sûr !
A Ravenne il y a celui des orthodoxes, et celui des Ariens. Comprenez le choix sélectif opéré pour filtrer les postulants !
Le lieu sera chauffé pour le confort des catéchumènes dépouillé de leurs habits, nus pour le bain rituel.
Curieuse coutume encore, le lieu servira à la célébration du culte funéraire, ou de tombe; L'anti pape Jean XXIII non celui du Concile Vatican II, y est enterré à Florence au baptistère et y est toujours !
Idem pour des Archevêques de Cantorbéry ?
Au VIIIème siècle Charlemagne autorise en 789 les baptêmes célébrés par les prêtres en sus des évêques selon la Capitulaire édicté par l'Empereur.
La désaffection se fit jour, on renonçait au baptistère aux portes de l'église pour des fonts baptismaux plus modiques.
Les baptistères, devinrent des chapelles de dévotion, un autel ou un oratoire eucharistique ..
Au delà du IXème au XIIème siècle, on tend à abandonner les baptistères pour l'église. exception dans le sud de la Loire en Gaule et en Italie où Pise, Saint Jean rayonnent de leurs superbes baptistères antiques !
L'histoire religieuse étant un éternel retournement, la Russie, l'Allemagne et l'Italie réhabilitent ou reconstruisent leurs baptistères ? On ne saurait oublier que les guerres anti-religieuses chez les uns, les guerres intra-religieuses chez les autres, ont pu entamer sévèrement le patrimoine sacré chrétien, l'heure est au retour !
Le Vème Colloque Liturgique International tenu en 2007, les catholiques confirment la tendance.
Il n'est que de penser aux évangéliques chrétiens américains ou africains qui pratiquent à nouveau et avec forte publicité les baptêmes par immersion hors lieux de culte comme dans la primitive église !
Les commentaires chrétiens rapportent chez les catholiques, la baptême comme rite de passage, pour les évangéliques celui de communion ecclésiale.
L'architecture attachée aux baptistères est particulièrement instructive pour les croyants.
En certaines villes italiennes, le temple de Vénus adapté comme baptistère en dit long sur la conversion advenue dans les pratiques rituelles du temps.
On y faisait des bains, des soins et les thermes de commodité physique et religieuse .
Les architectes de ces bâtiments annexes se donnèrent avec génie dans la créativité de leurs chefs d'oeuvre.
Le baptistère de Marseille disposait de 600 m2 d'espace, le plus grand en Gaule, avec des salles ajoutées pour les cours de catéchumènes, des vestiaires, un dispositif pour l'épiscope de Massilia, la pratique de la confirmation donnée par l'intéressé, et pour les plus pieux d'entre tous une chapelle eucharistique !
A Milan comme à Pise l'architecture y est une réelle catéchèse.
Le choix des formes octogonales, les fresques et les symboles contenus dans ces chapelles sont inspirées de la spiritualité baptismale des jours de semaine, des fêtes, du calendrier religieux chrétien, du thème prégnant de la résurrection, - baptême sacrement d'initiation chrétienne et d'achèvement dans la parousie-
L'origine de l'eau, la source vivifiante existant en des lieux traditionnellement vénérés comme sacrés, par les fontaines existantes permirent de christianiser des cultes anciens voués aux divinités de la terre; les symboles de bec de colombe, de gueule de lion, de biche ne sont pas sans rapport avec le livre sacré et la bible elle même.
Les spécialistes du rituel sacramental du baptême commentent, à savoir de un à trois immersions pour chacun lors de son bain sacral, avant la bénédiction d 'huile de la confirmation sur le torse ou les épaules, de sel sur la langue, de la croix sur le coeur et le front.
On le voit ces rites se simplifièrent largement au fil du temps et semblent revenir désormais en certaines communautés non comme des contraintes liturgiques mais des dispositions symboliques du baptême.° Le nombre des baptistères est inégal comparé entre l'Italie, la première en nombre, la France et les pays environnants.
Dans le département de la Manche un baptistère à survécu mais de toutes évidences les guerres ont fait leur travail de destruction dans le passé.