Quand les parchemins, papyrus et documents d’époque viennent à manquer, la pierre, ses stèles, pavements, mosaïques et portiques apportent le témoignage du temps passé, de ces profondeurs antiques bien souvent détruites, dilapidées et abandonnées.
La Gaule a ses fortunes et ses richesses en archéologie chrétienne. Il n’est que de se souvenir de ces découvertes inopinées faites chaque année dans l’espace d’une région.
Ce fut le cas en juin 2015 du côté de Lyon où un cimetière de 600 tombes datant du Vème au VIIème siècle furent découvertes sur la colline de Fourvière. Un site déjà protégé mais qui dévoile pour la première fois autant de sépultures à la fois. Le projet immobilier prévu sur le site attendit le déroulement des fouilles pendant plus d’une année.
On y découvrit des squelettes datant de plus de quinze siècles, en parfait état de conservation. Les règles d’inhumation appliquées sont conformes aux usages des Romains : Lyon est bien une cité romaine dans ses conduites et ses habitudes. Les sarcophages, les mausolées, et les amphores pour enterrer les enfants sont situés à la proximité des églises Saint Irénée et Saint Just, là-même où les chrétiens mettaient en terre leurs évêques, le plus près du souvenir des Martyrs de Lyon, nos pères dans la Foi en terre de Gaule.
2 - Du côté de la Corse
Rien d’étonnant que l’on ait trouvé une église paléochrétienne à Propriano. Comme à Lyon, le projet d’implantation d’un immeuble avait incité les archéologues de l’Inrap à fouiller les vestiges de trois églises antiques successives, dont la plus ancienne semble avoir été occupée par une famille romaine. Selon les archéologues, elle pourrait dater du Vème siècle sur une île déjà visitée par des chrétiens venus de toute évidence de l’Italie.
Les deux églises suivantes dateraient, selon les chercheurs, des VIème et XIIème siècles, « emboitées » l’une dans l’autre. Et il semblerait que les objets liturgiques découverts, la cathèdre et le banc des clercs, étaient placés contre le mur de l’abside ; quant à l’autel, il était primitivement dressé au centre du chœur. Puis, lors de la réduction de l’espace sacré, l’autel semble avoir été placé au XIIème siècle contre l’abside. Ce qui confirme que le changement liturgique qui plaçait le célébrant dos aux fidèles était postérieur.
Une nouveauté du Concile de Trente confirmée par les textes au XVIème perdure dans la forme extraordinaire de la liturgie eucharistique aujourd’hui.
3 - Autre site exceptionnel, celui de l’Eglise des Amoureux à Nîmes.
La plus ancienne église chrétienne de la cité a dévoilé ses trésors. Les céramiques ont parlé, elles seraient du Vème siècle, dans la période de l’installation de Saint Félix (374-407), comme premier évêque de la ville. Par-delà la découverte des fondations de l’église paléochrétienne, les chercheurs ont mis au jour 130 tombes datant de la fin de l’Antiquité jusqu’au Haut Moyen Age. Au milieu de ces tombes, le coffre d’un personnage important, construit avec de belles dalles de pierre antiques, renseignent les archéologues sur la christianisation du Gard et les pratiques funéraires en usage dans les communautés chrétiennes de ce temps.
Ces découvertes étant parmi les plus récentes situées sur ce côté méditerranéen de la Gaule, il est à penser que d’autres verront encore le jour au hasard de fouilles imposées dans les sites historiques de ces cités du passé, si riches de leur patrimoine chrétien.
François-Xavier Esponde