A moins d’un miracle, ce n’est certes pas Cheyenne-Marie Carron, réalisatrice atypique, qui recevra de sitôt un César, un Oscar ou quelque Globe, car sa production - un film par an sans subvention d’Etat, sur les sujets les plus difficiles – ne s’intègre pas aux canons convenus du cinéma de part et d’autre de l’Atlantique ! Après l’Apôtre, Patries et La chute des hommes, voici La morsure des dieux tourné l’année dernière au Pays Basque.
Le sujet : Sébastien, grand amoureux de sa terre du Pays Basque, est seul à s'occuper de la ferme familiale alors que les soucis s'accumulent : crédits insurmontables, baisse de la production, désorganisation du milieu paysan… Sébastien se bat et cherche sa voie, qui prend un tour spirituel au contact de sa nouvelle voisine, Juliette, aussi catholique que lui est païen. Mais leur amour est remis en question alors que Sébastien, rattrapé par les difficultés, est sur le point de tout perdre…
« La Morsure des Dieux » aborde la question du suicide en milieu paysan. La réalisatrice explique à ce propos : « Le frère de mon grand-père s’est suicidé il y a 18 ans de ça. Les années passant, j’ai vu que la question du suicide touchait de plus en plus de famille dans les campagnes. Il y a environ 500 suicides recensés par an. Peu de films abordent cette question, j’ai eu envie d’écrire sur ce sujet ».
Le film parle beaucoup aussi de l’enracinement et l’identité, tout comme Patries ou La Fille publique : « Eh bien, je crois que le fait qu’une fille, issue de la DASS et pupille de l’Etat pendant 19 ans, avec des racines très confuses, puisse s’intéresser à l’enracinement et à l’identité, ne me semble pas très étonnant. Les gens qui sont enracinés ne se posent pas ces questions. Ils jouent avec ce qu’ils ont de précieux, c’est lorsqu’ils auront perdu leurs racines dans un monde uniformisé, qu’ils en mesureront toute la valeur ».
Cheyenne-Marie Carron d’évoquer également sa collaboration dans le film avec de véritables éleveurs basques : « j’ai travaillé sur place avec beaucoup d’éleveurs du Pays Basque, mais aussi avec des hommes qui pratiquent les épreuves du jeu traditionnel de « force basque ». Avant mon tournage, on m’avait mis en garde sur le côté soi-disant fermé des Basques, Eh bien, j’ai découvert un peuple qui est le contraire de cette supposée fermeture. Ils ont été d’une incroyable générosité. Pour eux, le cinéma était une expérience nouvelle, de plus, ils avaient confiance dans ce que je voulais montrer, alors ils ont accepté d’être filmés dans leur propre rôle. Ces personnes vivent la réalité des difficultés du monde paysan ».
Le film sortira en salle le 26 avril prochain mais les DVD sont disponibles à la vente sur www.cheyennecarron.com
ALC