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Cinéma
La critique de Jean Louis Requena
La critique de Jean Louis Requena
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| Jean-Louis Requena 501 mots

La critique de Jean Louis Requena

Visages, Villages - Film Français d’Agnès Varda et JR – 89’
Agnès Varda, en dépit de sa petite taille, de son look improbable (coupe de cheveux au bol bicolore !) mais maîtrisé, est une grande dame du cinéma français, une passeuse d’émotions dès son premier film « La Pointe Courte » (1955). Son premier long métrage bricolé avec de faibles moyens et le concours de deux jeunes acteurs du TNP (Théâtre National Populaire de Jean Vilar), Silvia Monfort, Philippe Noiret, est de facto le premier film de la Nouvelle Vague Française. Son œuvre cinématographique ne comprend pas moins de 12 longs métrages de fiction, 15 documentaires, et de nombreux courts métrages. Sous son aspect avenant, souriant, d’une apparente bonhomie, elle n’en reste pas moins une femme de caractère qui a frayé la voie difficile des femmes dans le cinéma. Aujourd’hui, notre pays compte de nombreuses femmes dans l’industrie cinématographique, à tous les postes : productrices, chefs opérateurs, directrices de castings et naturellement metteuses en scène, etc.
Agnès Varda (89 ans !) aux cheveux bicolores, aux blouses bariolées, reste animée d’une créativité inébranlable. En marge de l’industrie cinématographique, elle demeure une artisane, une glaneuse. « Rien ne se perd tout se transforme ! », telle pourrait être sa devise.
Son avant-dernier opus, « Les Plages d’Agnès » (2008), un « documenteur » selon sa définition, nous avait enchantés par son ton léger et nostalgique sur ses années Jacques Demy (1931 – 1990), son mari trop tôt disparu. Une brassée de souvenirs amusants, drolatiques et douloureux. Chez Agnès Varda, la mémoire ne flanche pas !
Entre 2015 et 2016, avec JR, « street artist » reconnu mondialement, elle parcourt la France des villages à bord de son camion photographique. Du nord au sud, d’est en ouest, ils s’arrêtent dans des bourgades pour photographier des habitants : gros plans, plans d’ensemble, qu’ils agrandissent en grand format. Ensuite, JR et son équipe collent ces affiches sur les murs des localités visitées. Ainsi, les murs reprennent vie par la grâce d’inconnus, de simples habitants, de résidents sur notre terre de France. Les lieux de collage sont souvent judicieux, parfois improbables, comme celui de l’ami disparu d’Agnès Varda, le photographe Guy Bourdin, sur un bunker littéralement planté en bord de plage à Saint-Aubin-sur-Mer. La première marée va faire disparaître l’affiche : image éphémère d’une vie trop courte. L’espièglerie de ce couple improbable, disparate, peut à l’occasion susciter, hormis les sourires, une réelle émotion quand, à la fin du film, Agnès Varda veut rencontrer à Rolle (Suisse) son ami Jean-Luc Godard. Elle est très émue. Le grand cinéaste qu’elle a connu jeune débutant fait du Jean-Luc Godard…Nous n’en dirons pas plus !
Ce film, court (89 minutes !) eu égard aux standards actuels (près de 2 heures de projection en moyenne !), est un enchantement pour le regard souriant, malicieux, que portent nos duettistes sur la « France Profonde » si proche, si loin de nous.
Un film à voir pour nous réconcilier en toute sérénité, avec notre entourage familier ou non.
Jean-Louis Requena

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