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Cinéma
Black Dog (110’) - Film chinois de Guan Hu
Black Dog (110’) - Film chinois de Guan Hu

| Jean-Louis Requena 716 mots

Black Dog (110’) - Film chinois de Guan Hu

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"Black Dog" de Guan Hu ©
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Chine du nord-ouest, en bordure du désert de Gobi. Dans un paysage de steppe, un vieil autobus roule à vive allure, sur une route sableuse. Soudain, une meute de chiens jaillit de cette campagne lunaire et traverse la route devant l’autobus provoquant un accident. Bien que l’autobus reste couché sur le flan, la péripétie est sans gravité : les passagers choqués, sortent du véhicule, indemnes, avec l’aide du chauffeur. Un homme maigre, élancé, s’engage résolument sur la route qui mène à un village déserté depuis que l’exploitation pétrolifère s’y est interrompue. Lang (Eddie Peng) vient d’être libéré de prison pour un homicide. C’est un ancien cascadeur à moto, devenu mutique depuis son incarcération.

Sa ville natale est en ruine depuis le départ de l’entreprise pétrolifère. Quelques trains de marchandise traversent la localité sans s’arrêter. Lang s’installe dans son ancienne maison, un taudis délabré, voisin de barres d’immeubles inhabités par la population laquelle a quitté la ville après son effondrement économique. Des bulldozers, des camions, des engins de chantier, sillonnent le bourg. Ils sont chargés de démolir et d’évacuer les gravats des anciennes bâtisses. Seuls deux commerces subsistent, tant bien que mal : un café et une boucherie. Le cafetier qui reconnaît Lang est accueillant mais le boucher Hu (Xiaoguang Hu) est agressif, plein de haine à son encontre.

La ville poussiéreuse est envahie par des hordes de chiens abandonnés par les propriétaires qui les ont laissés sur place où ils prolifèrent sans retenue. Oncle Tao (Jia Zhang-ke, réalisateur et producteur, ami de Guan Hu !) propose à Lang de travailler dans une brigade chargée d’attraper les chiens errants afin de les regrouper. Lang, sans ressources, accepte ce travail.

Dès son arrivée, Lang avait repéré un lévrier noir particulièrement méfiant et véloce. En patrouille avec sa brigade il aperçoit le chien noir qui vagabonde. Il tente de le capturer, sans succès …

Durant ce temps, d’antiques télévisions diffusent, en continu, des informations sur les imminents jeux olympiques d’été de Pékin (août 2008).

Guan Hu (56 ans) est un réalisateur chinois de la sixième génération selon la classification admise des cinéastes de ce pays. En d’autres termes, cette génération a opté pour un cinéma plus cru, qui mélange fiction réaliste et documentaire, en opposition à la précédente plus consensuelle (Chine idéalisée, cinéma commercial, réalisations de grosses productions). Cette nouvelle forme cinématographique s’éloigne, tant que faire se peut (la censure veille !) des fresques historiques aux vertus ultra-nationalistes. C’est un cinéma sur des vrais gens, dans leur quotidien, et non des héros historiques (ou non) irréprochables, héroïsés.

Black Dog est une sorte de western moderne dont on peut reconnaître, par moment, l’écriture cinématographique du réalisateur italien Sergio Leone (1929/1989) que ne renie pas Guan Hu (alternance de longs plans larges et gros plans). Cependant, il a déclaré que durant le tournage de Black Dog, il avait en tête Sur la Route (on the road) le roman mythique sur la beat génération de l’écrivain américain Jack Kerouac (1922/1969) paru au États Unis en 1957. L’ouvrage est un récit syncopé sur les déclassés, les laissés pour compte de la société capitaliste américaine ; Black Dog, est « en miroir » sur la Chine contemporaine, vouée au capitalisme monopoliste d’état. Les friches industrielles, les ghettos, sont semblables. Tous les personnages de Black Dog ont un vécu, une réalité, que n’ont pas les personnages caricaturaux des westerns spaghettis. Lang n’est pas un étranger solitaire, il a un véritable passé : un père alcoolique, gardien de zoo, une amie de passage Raisin (Tong Liya), des adversaires agressifs (la famille du boucher Hu), quelques amis, etc. Lors d’une interview, Guan Hu affirme que dans son dernier opus : « Il s’agit avant tout d’un film d’auteur. Un film né de mon observation personnelle et au travers duquel je scrute les changements survenus en Chine depuis une vingtaine d’années ; ainsi que les répercussions positives et négatives sur l’individu ».

Black Dog a été tourné en couleur et en format scope (2.47:1) ce qui lui confère, malgré la dramaturgie d’un homme solitaire dans des paysages urbains dévastés ou dans l’immensité de la steppe, des images somptueuses du chef opérateur Weizhe Gao. La beauté ne nuit pas au drame, elle l’amplifie sur écran large.

Black Dog a été projeté au Festival de Cannes 2024 dans la section Un certain regard dont il a obtenu le prix du meilleur film.

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Alan Abeberry | 29/03/2025 05:38

Ça donne envie... Paix ☮️ pour tous, humain.e.s, chien.ne.s, dans le cœur

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