Il y a certes le premier œuf de Pâques, de couleur rouge : la tradition rapporte que Marie Madeleine, après l'Ascension et la Pentecôte, quitta Jérusalem, pour se rendre à Rome et y demander justice à l'empereur Tibère de la condamnation inique prononcée par Pilate . Se présentant devant l'empereur avec un œuf en main, elle lui déclara qu'après avoir souffert la Passion, le Christ était ressuscité, apportant à tous les hommes la promesse de la résurrection; et l’œuf se teignit alors en rouge… Mais ce sont encore d’autres réflexions qu’aborde pour nous François-Xavier Esponde !
ALC
1 - Rouge biblique
Septembre est bien le mois rouge de l’année. Le soleil rasant la surface des végétations illumine les feuilles des arbres de multiples couleurs de rouge et de pourpre, couleurs parlantes de la bible.
Retour au texte, le livre de Josué raconte “que des espions furent envoyés en éclaireurs sur la terre de Canaan,” ces hommes repérés et en état de danger seront sauvés par une femme du nom de Rahab, une païenne non juive. Elle leur permit de fuir par une fenêtre des remparts qui enlaçaient la ville et leur indiqua une cachette sur la montagne. En protégeant ces fils d’Israël de la mort, son nom fut prononcé avec déférence et a protégé à son tour toute sa famille. Pour la remercier, on la pria de mettre un fil rouge à la fenêtre de sa maison afin qu’on puisse reconnaitre les siens lors de la reconquête de la Ville et que personne des nôtres ne lui fasse aucun mal, Jos 2-18.
Cette non juive, étrangère et païenne, devint la mère de Booz, le futur mari de Ruth, l’arrière-grand-mèrede David, citée par l’évangéliste Matthieu dans la généalogie de Jésus.
Cette couleur rouge est la teinte de nos manquements : le prophète Isaïe parle de cette couleur aux enfants d’Israël, “venez et discutons dit le seigneur, si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige, s’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme la laine Is 1-18..”
Ce rouge est teinté de sang sur les mains : ce rouge est violent par nature, il emprunte aux assauts passionnels de la vie. Ils s’exposent par les mains, la bouche, les gestes rudes des exactions et des blessures occasionnées autour de nous. Oui les calomnies, les médisances et les mensonges sont rouges sanguinaires et les purifier est le signe d’une protection souveraine de paix recherchée.
Le signe de la croix du Seigneur est porté d’une tunique rouge. Ce rouge des attributs impériaux et du pouvoir habite le cours de l’histoire de ceux qui nous gouvernent. La passion de Jésus marquée d’une tunique rouge sera la vêture de circonstance préalable avant la pose d’une couronne d’épines sur la tête qui rappelle un signe divin, non sans rapport de la nature de la mission révélée du sacrifice suprême par la suite du récit.
La dérision entraîne le fouet et les tortures infligées au supplicié pour signifier aux yeux du peuple excité par les rancœurs le sort d’un pauvre roi humilié et soumis aux quolibets de toute vengeance et de mépris. Le rouge sang est sur ce corps dégradé, sur la tête, sur les jambes, sur les bras, et sur le thorax au terme d’un supplice accompli.
ECCE HOMO, voici l’homme porteur de nos pires infamies. La misère de l’humanité vengeresse et primitive transparaît dans cette posture de l’innocence sur la croix glorieuse du Christ, qui pour les chrétiens n’est plus une mise en scène mais une posture bien réelle que les actualités configurent trop souvent au vivant des faits divers les plus crapuleux de l’histoire.
Il y faudra encore mentionner le dragon rouge feu de l’Apocalypse, le livre d’un temps nouveau, et non d’une fin de récit.
Le combat terrifiant de l’homme engagé contre ses propres démons personnifiés par le dragon rouge feu identifie le serpent de la Genèse, et ses œuvres dans les subterfuges les plus sordides des tentations contre la vie d’autrui.
Qui pourra résister à cette charge incommensurable à vue humaine ?
Il est rappelé au fil de l’histoire biblique que seul un agneau faible, sans tache, sans violence sauvera ces humanités morbides, guerroyantes et sans limite.
Les chrétiens désignèrent le Christ comme leur réponse pour l’histoire, un défi démesuré, absurde pour les uns, plein de mystère de vie pour d’autres !
2 – 14 septembre ou la fête de cette Croix Glorieuse.
Héritiers d’une histoire millénaire antérieure, les chrétiens rattacheront cette vénération de la croix glorieuse aux solennités de la Dédicace de la Basilique de la Résurrection érigée à Jérusalem sur le tombeau même du Christ sacrifié, en 335. Mais le contexte juif de la fête de Yom Kippour, dite du Grand Pardon, donne à cette manifestation religieuse un enracinement historique et spirituel de première importance. C’est le dixième jour du septième mois que l’on célébrera le Grand Pardon, Yom Kippour pour les fils d’israel, Lv –23-27.
En choisissant cette fête pour célébrer la dédicace du temple Salomon, les premiers chrétiens, parmi lesquels Paul de Tarse, rappellent selon l’épitre aux Hébreux le sacrifice du Christ en référence à la liturgie du jour du grand pardon, He 9, 6-12. C’est au cours de la Fête des Tentes que Jésus déclarera “si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi Jean, 7,37”
La fête de la croix glorieuse unit et distingue ainsi la célébration juive de la manifestation du Christ sur la Croix. Mais les distinguer ne pourra jamais les séparer ni les confondre l’une et l’autre. Chacune a instruit l’autre. La lumière rouge dont brille la Croix du Christ en gloire a inspiré les mille et une manifestations de lumière qui cherchent à incarner la dimension spirituelle, humaniste et généreuse des humains qui transcendent par la croix les mesquines railleries des faibles témoins.
Arbre de mort pour Adam dans la Genèse, Arbre de Vie pour les chrétiens enlacés par la Croix, l’histoire de ce mystère incommensurable habite les cultes juif et chrétien de septembre qui ne peuvent oublier la correspondance spirituelle entre ces deux fêtes.
François-Xavier Esponde