Orriako Ama ou Notre Dame de Roncevaux donne lieu chaque année, le premier mercredi de septembre, à un pèlerinage singulier des deux versants des Pyrénées, prisé auprès des fidèles de la Basse Navarre – Saint Jean pied de port, Saint Etienne de Baigorry - et de la Navarre, au milieu des pèlerins qui empruntent le Camino de Santiago dont cette Collégiale est une étape obligée depuis des siècles. Cette année, c’est Mgr Michel Cartatéguy, archevêque honoraire de Niamey au Niger, qui en assurera la présidence, le mercredi 6 septembre à 10 h 30.
Cette Collégiale royale de Notre-Dame de Roncevaux remonte au XIIème siècle, lorsqu’Alphonse Ier dit le Batailleur décida de sa construction et en fit un haut lieu de sépulture pour les monarques navarrais, déposés en terre dans ce site.
Roncevaux est gravé dans les mémoires, la célèbre Bataille de Charlemagne en 778 est racontée par les historiens au fil du temps.
1 – Roncevaux résiste au temps qui passe.
Mais l’intérêt religieux de l’endroit réside dans l’expression gothique de la construction du monastère, une copie en plus petit de Notre-Dame de Paris qui lui servit de modèle et demeura l’empreinte gravée dans la pierre des relations séculaires que la Navarre entretenait avec les Français. En 1993, le Ministère de la Culture espagnol a classé Roncevaux comme monument historique. L’histoire du passé n’aura rien épargné sur cette voie naturelle empruntée par les Celtes, les Romains, les Wisigoths, les Carolingiens, en ces lieux marqués par les méfaits de telles invasions guerrières.
Or, Roncevaux résista aux affres de l’envahisseur.
L’attrait des reliques de Santiago de Compostela attirait des pèlerins marcheurs du Camino, plus ou moins nombreux selon les époques, revivifiant le site en restaurant les sites détruits ou les remplaçantpar de nouvelles constructions.
2 – Les chapelles successives
L’hôpital et la chapelle San Agustin en sont la preuve tangible. De nombreux pèlerins y furent hébergés, soignés, et pour un certain nombre, moururent de ces maladies incurables à l’époque. L’ossuaire du lieu en est bien la preuve.
Lorsque le Roi Sanche VII décida de construire la basilique Santa Maria la real à l’issue de la Bataille de las Navas, imprimée depuis 1212 dans la mémoire navarraise, il y déposa les chaines qui enserraient la tente de son adversaire almohade Mohammed al Nasir, au pied du lieu sacré.
L’histoire retiendra que par la suite, le blason de la Navarre arborera ces chaines afin de commémorer la victoire militaire de Sanche VII sur les Maures, et non - comme souvent évoqué - pour figurer les fortifications de Pampelune...
Il faut encore noter la présence de la chapelle Saint-Jacques, dite des pèlerins, et la chapelle Sancti Spiritus, parmi les plus anciennes et vénérées en ce lieu, comme un mémorial des morts du Camino, suite aux batailles et aux guerres : c’est un ossuaire remarquable, remis en état récemment...
Les archives, le musée historique, les ouvrages aux mains des chanoines attachés à ce lieu retiennent l’attention des érudits.
« La Preciosa », un manuscrit du XIIIème siècle, raconte avec délice le culte attaché à Santa Maria la real de Roncevaux, personnifiée en « maison vénérable, maison glorieuse, maison admirable, maison fructueuse qui dans les monts pyrénéens fleurit comme une rose largement favorable à tous les peuples de l’univers » ! Il n’en fallut pas davantage au poète érudit, auteur anonyme de ce texte, pour imprimer pour l’histoire ces quelques vers gardés et rapportés comme des reliques précieuses du patrimoine spirituel !
François-Xavier Esponde
Cantique d’Orriako Ama (N.-D. de Roncevaux) composé par le chanoine Pierre Narbaitz sur l'air de « Lurdeko lorea ».
Orriako Ama,
Ama paregabea
Betikotz da zurea
Eskualdun jendea.
Ama guziz ona
Ama eztiena
Beha zure gana
Galdez heldu dena.
Beha gure haurrak
Eri ta xaharrak
Beha Euskaldunak
Daudela zureak.
Mendi gain hortarik
Oi nehor gutarik
Ez utz zure ganik
Urrunt ditakenik
Bakea lurrean
Loria zeruan
Dugun denek ukan
Ama zurekilan.