Au moment ou la Ville de Biarritz présente une intéressante collection de photos sur Jackie Kennedy, il nous a semblé intéressant d’évoquer cette nouvelle production d’Oliver Stone.
En dépit de la version officielle selon laquelle John Kennedy avait été tué par Lee Harvey Oswald, le réalisateur américain Olivier Stone vient de présenter au Festival de Cannes son deuxième film sur la thèse qui voudrait que le meurtre du président américain ait été orchestré par la CIA, une histoire revisitée suite à la déclassification de millions de documents.
Entre le film de 1991 réalisé par Oliver Stone et son documentaire présenté à Cannes, beaucoup de documents ont été déclassifiés et confirment certaines thèses étayées depuis longtemps. Des témoignages et la chronologie des faits ne concordent pas, la trajectoire de la balle qui aurait causé sept blessures sur Kennedy ainsi que le Gouverneur qui l’accompagnait, devant lui, dans la voiture, paraît inexplicable. Quant aux procédures de conservation des preuves, elles ne sont pas conformes et on sait avec certitude qu’Oswald était sous surveillance du FBI depuis des années.
Le documentaire d’Oliver Stone ne s’arrête pas à ces détails. Il tente aussi d’expliquer les causes de l’assassinat. Pourquoi JFK a-t-il été la cible de certaines agences de son propre pays ?
Dans une interview accordée au « Figaro », le cinéaste partage l’une des versions non officielles qui fleurissent compte tenu des diverses incohérences et zones d’ombre dans cette affaire. Parmi celles-ci figure l’implication présumée de la CIA dans le meurtre du 35e Président américain. Ce alors que la commission d’enquête Warren avait désigné Lee Harvey Oswald, ancien membre du Corps des Marines, comme le principal suspect.
Une thèse que vient renforcer l’élimination avérée par la centrale de l’Agence de renseignement américaine (CIA) de politiciens à l’étranger dans les années 1960.
D’autant plus qu’un ancien agent de la CIA, Howard Hunt, avait affirmé dans ses mémoires parues en 2007 que le meurtre avait été commandité par le vice-Président américain de l’époque, Lyndon Johnson, alors que l’opération elle-même avait été organisée par des agents de la CIA.
Sur son lit de mort, Howard Hunt avait révélé les noms des principaux acteurs du crime à son fils, lequel les avait ensuite transmis au magazine Rolling Stone. Parmi ceux-ci, on trouvait également un certain « tireur français sur une colline d’herbe ressemblant à un [individu, ndlr] originaire de Corse, le tueur à gages et trafiquant de drogue Lucien Sarti », selon le magazine.
« Qui est Lee Harvey Oswald ? Pourquoi la mafia ? Que vient faire Jack Ruby [qui a abattu Oswald deux jours après son arrestation, ndlr] dans cette affaire ? Ce sont de fausses pistes. Lorsque vous voulez monter une "opération spéciale", c'est toujours mieux d'entretenir la confusion », avait souligné Oliver Stone au « Figaro » à propos des multiples versions et rumeurs.
« Pour moi, il est évident que la CIA a monté cette "black op" [opération secrète, ndlr], poursuit-il, en suggérant que « peut-être que le patron de la CIA Allen Dulles avait lui-même fait le coup » (ndlr. : l'officier de la CIA Allen Dulles, que John F. Kennedy avait démis de ses fonctions).
Car, selon le cinéaste, l’assassinat de Kennedy présentait des avantages pour Allen Dulles qui « avait les ressources nécessaires pour parvenir à ses fins. Ce alors que Kennedy croyait pouvoir briser l'influence qu'avait la CIA à l'époque ».
Le réalisateur avait aussi relaté comment il était entré en relation avec Fletcher Prouty, le chef des opérations spéciales du comité des chefs d’état-major interarmées, sous la présidence de Kennedy, devenu par la suite l’un des personnages de son film JFK de 1991 qui présentait une reconstitution des faits. Selon lui, les témoignages de Fletcher Prouty sont crédibles vu qu’il était officier d'approvisionnement militaire pour la CIA depuis la Seconde Guerre mondiale.
« Il savait ce que faisait la CIA, ce qu'ils appelaient les "black ops" dans les pays étrangers» et «il connaissait son affaire, et Allen Dulles, le patron de la CIA», indiquait encore Oliver Stone dont le documentaire « JFK Revisited: Through the Looking Glass », basé sur le livre « Destiny Betrayed : JFK, Cuba, and the Garrison Case de 1992 » de James DiEugenio, et sur des éléments de documents déclassifiés.
Plus que jamais, Oliver Stone se passionne pour cette tragédie, survenue le 22 novembre 1963 à Dallas : déjà lors de l’assassinat de Kennedy, Oliver Stone avai 16 ans, il était au pensionnat, et le collège avait fermé : « on a regardé la télé en boucle pendant deux ou trois jours. Mais à l’époque, je ne pensais pas du tout à un complot, je ne voyais rien au-delà de la surface, je m’en tenais à ce qu’on me disait. Puis, quelques années plus tard, je suis allé au Vietnam, qui est intrinsèquement lié à l’assassinat de Kennedy…
J’ai écrit un livre de souvenirs l’année dernière (« A la recherche de la lumière », éditions de l’Observatoire) et j’y parle des grands mensonges qui ont rythmé ma vie. Il y a d’abord eu celui de mes parents : je pensais qu’on était une famille heureuse et tout s’est effondré (à cause de leur divorce – ndlr). Puis il y a eu Kennedy, un autre mensonge. Un énorme mensonge. Ce n’était pas le premier dans l’histoire américaine. Il y en a eu d’autres après : au Vietnam, en Irak… L’Amérique étouffe de ses mensonges. On est des professionnels du mensonge. C’est le Magicien d’Oz ! Du bluff ! C’est pour ça que la vraie question n’est pas « Où étiez-vous quand Kennedy a été assassiné ? », mais « Qui avait intérêt à le tuer ? Pour quel motif » ?
Et vers la fin de son film, le fils de Robert Kennedy dit que lorsqu'il avait appris le meurtre de John, son père avait d'abord appelé la CIA en demandant presque directement si c'était leur travail ? Car, selon Robert Kennedy Jr., qui n'était alors qu'un enfant, son père avait demandé : « Qui est responsable de ce cauchemar » ? Il avait également opiné que Robert Kennedy, dès le premier jour, soupçonnait que l'histoire n'était pas claire… Surnommé « Bob », le frère du président Kennedy sera lui aussi assassiné le 6 juin 1968 à Los Angeles !
Espérons que ce nouveau documentaire d'Oliver Stone présenté à Cannes ne sera pas boycotté par les diffuseurs...