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Cinéma
A Real Pain (90’) - Film américain de Jesse Eisenberg
A Real Pain (90’) - Film américain de Jesse Eisenberg

| Jean-Louis Requena 811 mots

A Real Pain (90’) - Film américain de Jesse Eisenberg

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"A Real Pain" de Jesse Eisenberg ©
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New York (Big Apple). David Kaplan (Jesse Eisenberg), la quarantaine, est confortablement installé dans la vie : il est marié, père d’un enfant, et travaille dans la publicité digitale. Un excellent job, bien rémunéré. Pour l’heure, il est dans un taxi, dans les encombrements de Big Apple : il va rejoindre son cousin Benji Kaplan (Kieran Culkin) a l’aéroport Kennedy. Sur le parcours, agité, stressé, il ne cesse de l’appeler, de lui laisser, des messages angoissés sur sa boîte vocale. Benji ne répond pas. Aussitôt arrivé à l’aéroport il se précipite dans le hall des voyageurs ou Benji l’attend, décontracté, avec sa valise et un encombrant sac à dos. Les deux cousins sont on ne peut plus dissemblables : David est de nature nerveuse mais réservée, alors que Benji est cool et verbeux. Ils embarquent dans un avion qui les amène à Varsovie, capitale de la Pologne.

A la mort de leur grand-mère, David et Benji, tous d’eux américains d’origine juive Ashkénaze, ont décidé de se rendre en Pologne afin de s’informer sur le passé de leur aïeule. Cette dernière, dépositaire familiale de la tradition hébraïque, avait émigré au États-Unis au début du XXème siècle, échappant ainsi à la Shoah (destruction des juifs d’Europe par l’Allemagne nazie). Aussi, participent-ils à un « tour operator », lequel sera clôturé par la visite guidée du camp de concentration de Majdanek à proximité de de Lublin, ville natale de leur grand-mère. Leur groupe comprend outre James (Will Sharpe), le guide polonais anglophone, Marcia (Jennifer Grey), une californienne récemment divorcée, Eloge (Kurt Egyiawan), un tutsie, rescapé du génocide rwandais, converti au judaïsme, et un couple de texans, Diane (Liza Sadovy) et Mark (Daniel Oreskes).

Le lendemain de leur arrivée, après un bref tour de table afin de faire connaissance, la visite de la Pologne en car de tourisme commence…

Le réalisateur Jesse Eisenberg (41 ans), acteur principal dans son deuxième long métrage, est également dramaturge (trois pièces de théâtre à Broadway) et romancier (il écrit des chroniques dans le prestigieux magazine The New Yorker). Bien que né à New York et donc américain, il a demandé et obtenu la nationalité polonaise. C’est, dit-il, pour faire un pont avec la Pologne dont sont originaires ses ancêtres paternels et maternels. Leurs communautés Ashkénazes ont été détruites, exterminées, par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale (1939/1945). En Europe, Jesse Eisenberg est surtout connu comme acteur dans trois films marquants : The Social Network (2010) de David Fincher ou il incarne, avec brio, Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook ; To Rome with Love (2012) et Café Society (2016) deux comédies de Woody Allen.

A Real Pain est du genre comédie dramatique dont le ton, les jeux de mots, les personnages aux caractères opposées, rappellent les comédies hilarantes de Woody Allen (du moins dans la première partie de sa filmographie, laquelle comprend… 50 œuvres !), un juif new-yorkais, comme Jesse Eisenberg au phrasé rapide et angoissé. David est toujours à cran, sur le qui-vive, tandis que Benji est relax, mais aussi capable de susciter l’attention du groupe de voyageurs. Il est imprévisible, toujours en retard, mais malicieux et taquin envers son cousin. David a réussi sa vie professionnelle, Benji n’en a pas, mais ils se rejoignent dans l’amour qu’ils portaient à leur grand-mère. Ce périple est un retour aux sources de la famille Kaplan couplé à un hommage aux ancêtres (séquence du cimetière) dont la trace a été effacée par l’holocauste.

Le voyage « organisé tout compris », est un parcours de mémoire mais aussi de résilience, autrement dit pour se réconcilier avec soi-même et avec les autres. Sur ce terrain, Benji, le cool, est plus déterminé que David, le conciliant.

Malgré un sujet difficile, le ton est enjoué avec quelques plages d’émotions et un rythme soutenu, sans trous d’air. A Real Pain est d’une durée de 1h 30, ce qui est suffisamment rarissime de nos jours pour être souligné. David et Benji forment un duo classique qu’apparemment tout oppose, comme le cinéma mondial, surtout américain, nous en a tant proposé (Abbott et Costello, Martin et Lewis … et surtout Laurel et Hardy !). C’est une structure simple mais efficace, un moteur puissant à dérouler pour récit.

A Real Plein est une œuvre agréable, réalisée sans prétention, sans affèterie, mais qui demeure émouvante sous les sourires et l’émotion que suscitent les situations d’américains hors de leur périmètre de confort, hors de New York. A noter le jeu tout en finesse de Kieran Culkin (Benji) épaulé par Jesse Eisenberg (David) à la fois acteur et réalisateur (son amie l’actrice Emma Stone productrice du film l’avait incité à abandonner le rôle de Benji, initialement prévu pour celui de David). Sage décision !

A Real Pain a obtenu au Golden Globes 2025 et aux Oscars 2025, le prix du Meilleur acteur dans un second rôle pour Kieran Culkin. Au BAFTA 2025, Jesse Eisenberg a été récompensé par le prix du Meilleur scénario original.

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