Dans la division en quatre de la vieille ville de Jérusalem, le quartier chrétien et le quartier arménien sont contigus mais indépendants. Cette situation a priori paradoxale correspond bien à l’ancienneté et à l’importance de la présence arménienne. 
Jérusalem est en effet restée un mythe pour les Arméniens dès le IVème siècle, quand le christianisme a été proclamé religion nationale. 

Les relations des Arméniens avec la Ville sainte n’ont jamais cessé, pour culminer à l’époque des croisades qui donnèrent l’occasion de fonder en Cilicie, à la fin du XIe siècle, un État arménien frontalier de la Syrie franque, converti en royaume un siècle plus tard.
 
Jérusalem abritait alors le siège d’un Patriarcat arménien et l’activité culturelle y était particulièrement intense. En témoignent la quantité et la qualité des inscriptions, des sculptures, des mosaïques, des pièces d’orfèvrerie, ou encore des manuscrits superbement calligraphiés, ornés de miniatures qui comptent parmi les chefs-d’œuvre de l’art arménien. 

Sous la domination des Mamelouks, la culture arménienne continua à fleurir à Jérusalem, comme on peut le voir dans les nombreux récits des voyageurs européens qui n’omettaient jamais une section consacrée aux Arméniens.

À l’heure actuelle, Jérusalem est le plus important conservatoire de la culture arménienne hors d’Arménie.  

Claude Mutafian dédicacera l’ouvrage qu’il a publié sur le sujet : présentant les relations arméno-hiérosolymitaines dans leur contexte historique et artistique,  la lecture de ce livre est facilitée par l’abondance des cartes et des tableaux généalogiques. L’iconographie y joue un rôle fondamental, le texte étant essentiellement traité en légende des images, qu’il s’agisse de reproductions de miniatures, de monuments et d’œuvres d’art, ou encore de pages manuscrites d’historiens et de voyageurs.

Abondamment illustrée, cette conférence sera un reflet de ce riche passé décrit par de nombreux voyageurs européens au cours des siècles et présenté dans un musée ouvert en octobre dernier, musée dont Claude Mutafian a contribué à réorganiser et mettre en valeur les collections.