Le 9 janvier 1873, Napoléon III mourait à l'âge de 64 ans. Souffrant de la « maladie de la pierre » (importants calculs dans la vessie), le dernier empereur des Français s’était éteint en milieu de la matinée à la suite d’une opération chirurgicale.
Le portefeuille de Napoléon III, dont il ne se séparait jamais, fut alors ouvert : avec la dernière lettre de sa mère, des mots d’Eugénie, des cheveux et une courte lettre du prince impérial, une liasse de billets, et des dessins émouvants envoyés par de modestes Français, on y trouva le billet par lequel Napoléon Ier avait complimenté Hortense pour sa naissance. Il venait de s’installer dans sa résidence bayonnaise de Marracq lors de « l’affaire d’Espagne » lorsqu’il apprit la naissance, le 20 avril 1808, du troisième fils d’Hortense de Beauharnais mariée à son frère Louis Bonaparte, placé sur le trône de Hollande.
A cette naissance, Napoléon Ier « avait éprouvé une vive joie » - et félicita les heureux parents en leur indiquant : « Je désire que ce prince s’appelle Charles Napoléon ».
Après sa captivité à Wilhelmshöhe, en Hesse (consécutive au désastre de Sedan pendant la guerre franco-prussienne de 1870), il avait été libéré pour rejoindre l’impératrice au château de Chislehurst, dans le Kent.
Près de 60 000 personnes, et parmi les Français, une délégation d'ouvriers conduite par Jules Amigues, venaient se recueillir devant le corps et participer à l'inhumation le 15 janvier 1873 à Chislehurst (aujourd'hui dans le borough londonien de Bromley).
Par la suite, l'impératrice Eugénie lui construisit un mausolée à l'abbaye Saint-Michel (St Michael's Abbey) de Farnborough (sud de l'Angleterre) où il repose à ce jour aux côtés de l’impératrice, décédée en 1920, et de leur fils unique, le prince impérial Louis Napoléon, enrôlé volontaire dans l'armée britannique et tué à 23 ans en Afrique du Sud par les Zoulous au cours d'une patrouille en juin 1879, lors de la Guerre anglo-zouloue.
Rappelons que son descendant Jean-Marc Banquet-Bonaparte d’Orx, bien connu dans notre région ainsi que sa famille qui en est originaire, avait adressé une lettre de requête pour le rapatriement en France des restes de l’empereur Napoléon III auprès de sa très Gracieuse Majesté le roi Charles III ainsi que l’attestation du professeur Lucotte confirmant sa descendance du fondateur du Second Empire et celle de son frère. Il semble que le souverain britannique n’y soit pas hostile et il conviendrait à présent d’obtenir l’assentiment de son premier ministre... Voyez notre article du 12 janvier 2024 :
https://www.baskulture.com/article/vers-le-retour-en-france-des-restes-de-napolon-iii-et-de-sa-famille-6695
Et comme chaque année, jeudi 9 janvier dernier, une messe accompagnée par l'organiste Laurent Riboulet de Sabrac, titulaire des orgues de Biarritz, avait été célébrée à la Chapelle Impériale pour l’anniversaire de la mort de l’empereur Napoléon III.
C’est l’une des quatre messes dites chaque année (1er juin mort du prince Impérial, 11 juillet mort de l'Impératrice Eugénie et 12 décembre fête de Notre-Dame de Guadalupe) dans ce très bel édifice religieux biarrot élevé par l’impératrice Eugénie lors de l’engagement de l’armée française au Mexique.
Edifice religieux emblématique de Biarritz, la chapelle impériale avait été inaugurée le 16 septembre 1865 - une dizaine d’années après le Palais.
Cette chapelle privée entourée d’un parc était reliée directement à la Villa Eugénie par un pont de bois qui enjambait un cours d’eau qui fut recouvert après le Second Empire et entouré d'habitations (actuelle avenue Reine Victoria).
La récente "renaissance du mobilier de la Chapelle Impériale" avait été traitée le mois dernier par Anne de La Cerda dans son article :
https://www.baskulture.com/article/biarritz-renaissance-du-mobilier-de-la-chapelle-impriale-7815
Le 6 décembre dernier, en écho à la restauration de Notre Dame de Paris, la mairie de Biarritz représentée par Anne Pinatel, adjointe à la culture de Biarritz ainsi que les membres de l'équipe municipale autour de Mano Curutcharry, conservatrice déléguée pour les Antiquités et objets d'art chargée du récolement de la chapelle et de Marie de Merlis, déléguée départementale Pays Basque de la Fondation du patrimoine, mettait à l'honneur le travail remarquable des deux artisans, tapissier et ébéniste, Maider Gauthier et Jean-Claude Ayçaguer.
De mars à fin novembre, la restauration du mobilier avait été rapide. Les seize de bancs ainsi que les agenouilloirs à accoudoirs hispano-mauresques du XIXème qui n'avaient jamais été rafraîchis, ont été retapissés d'un velours mohair rouge bordeaux, de la couleur presque semblable à celle d'origine. Les pieds et pièces de bois de hêtre recouverts d' un placage de noyer ont été remplacés à certains endroits grâce à l'emploi de méthodes traditionnelles alliées aux nouvelles technologies comme l'expliqua Jean-Claude Ayçaguer qui se passionna pour l'étude de cette rénovation historique.
Les grands acquis du règne de Napoléon III
Dans la région :
- construction des grandes infrastructures (arrivée du chemin de fer sur la côte basque, jonction avec la ligne de Madrid, routes, quais de Bayonne, ports de Biarritz et de Capbreton, digues de Sokoa et de l’Artha à Saint-Jean-de-Luz), ensemencement des dunes d’Anglet, assèchement des marais d’Orx, plantation de la forêt de pins et mise en valeur des Landes, création du domaine agricole modèle de Solférino, surveillance des nombreux abus des agences de recrutement pour l’émigration (décret impérial de janvier 1855), aides diverses (restauration de monuments, orgues, achat d’une œuvre de Léon Bonnat qui lance le jeune peintre).
Sur un plan général :
- la période faste du Second Empire s’établit sur l’équilibre entre la modernité industrielle et les bases classiques de l’économie française.
La petite entreprise fondée sur un savoir-faire et un goût français appréciés à l’étranger modernisa ses techniques de production et de vente et se développa au rythme des entreprises de biens de production devenues le nouveau moteur de la croissance ; en particulier la production métallurgique qui affronta la poussée des commandes ferroviaires et des charpentes métalliques pour la construction urbaine, multipliée par cinq.
Les grands magasins, vitrine de la prospérité impériale, n'empêchèrent pas l'ouverture de boutiques à la mode sur les nouvelles avenues d'Haussmann.
La France rurale suivit la prospérité impériale grâce à la hausse des prix qui soulagea une paysannerie endettée et malheureuse. La viticulture connut alors son apogée (classement des grands crus du Médoc en 1855). Enfin, le plein emploi fut presque réalisé, alors que les Français avaient terriblement souffert du chômage sous la IIe République.
Assistance judiciaire et médecine gratuite pour les plus démunis, conseils de prud’hommes pour les ouvriers, caisse nationale de retraite, crèches-asiles, chambres d’agriculture, caisses d’assurances-accidents, cours pour adultes… le compte du progrès social impulsé par le souverain n’avait pas de limite.