Jusqu'au 8 janvier, entre ombres et lumières, le Musée Basque de Bayonne dévoile plus de 42 prises de vue de Bayonne du XIXème siècle mises en relation avec des clichés du XXème siècle. Provenant du riche fonds photographique du Musée (50 000 images), l’attaché de conservation Jacques Battesti a ainsi sélectionné une série de clichés mettant en scène l’évolution du paysage urbain bayonnais de 1865 à 1976.
Au début du XIXème, le peintre et chimiste d’origine basque Louis Jacques Mandé Daguerre, fut l’un des inventeurs de la photographie. C’est à partir du « daguerréotype » permettant une prise de vue directe et unique sur plaque argentée que furent crées ses premières photographies. Témoins fidèles de la réalité, la photographie détrôna l’art pictural des peintres et des graveurs par la rapidité de ses impressions. Mais au-delà de l’œuvre d’art, les clichés permirent d’aider à la recherche documentaliste et scientifique.
C’est dans ce contexte précis que l’exposition montre ainsi les étapes charnières de l’évolution du paysage urbain.
Parmi les lieux incontournables, les Bayonnais reconnaîtront des prises de vues des Halles à la fin du XIXème, en 1976 avec l’horrible marché-parking, et enfin la bien plus heureuse version actuelle qui se rapproche davantage de « l’original ».
Le musée basque (1924), ancienne maison Dagourette, qui voit le jour...
Au début du XXème siècle, les fortifications du quartier du Réduit sont détruites. L’église Saint-André se vit affubler de deux flèches au XIXe, qu’on dut supprimer, les tours menaçant de s’enfoncer !
Durant cette période, la Cathédrale Sainte-Marie se voit restaurée et modifiée : sous la direction de l’évêque de Bayonne, Mgr Lacroix, l’architecte en chef Émile Boeswillwald sauva la Cathédrale de son naufrage. Tailleur de pierre de formation, l’architecte avait poursuivi son apprentissage à Munich puis à Paris à l’atelier Labrouste et à l’Ecole des Beaux-Arts et devint par la suite le disciple de Viollet-Le-Duc, un amoureux du gothique. A Paris, Prosper Mérimée lui avait confié la restauration de la Sainte-Chapelle. A Biarritz, l’Impératrice Eugénie lui commanda la construction de la Chapelle Impériale de Biarritz dédiée à Notre Dame de Guadalupe. Quelques années auparavant, lors de la restauration de la Cathédrale, l’entreprenant artiste n’avait pas hésité à sacrifier une aile du cloître de la Cathédrale pour la transformer en chapelle paroissiale. Le clocher méridional fut doté d’une flèche - doublée d’une autre au Nord du portail occidental - de 85 mètres de hauteur. L’une d’entre elles porte l’effigie sculptée de l’architecte. En 1896, six ans avant la mort d'Émile Boeswillwald, le peintre Léon Bonnat figea à jamais son portrait, témoignage de cette époque. Pendant encore plus de 50 ans, d’autres architectes se sont succédés sur le chantier de la cathédrale. Artisans, tailleurs de pierres, maçons, orfèvres, charpentiers, peintres, maître-verriers, sculpteurs travaillèrent sous leur direction avec des artistes renommés tel que Louis Steinheil pour la réalisation de décors intérieurs.
La cathédrale fut inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 1998. Ville de garnison, Bayonne garda une grande partie de ses fortifications restées ainsi presque intactes.
Aujourd’hui classée ville d’Art et d’Histoire en 2012, la ville fait ainsi renaître le patrimoine. Durant les mandats des Grenet père et fils, aidés de la dynamique et très compétente architecte des Bâtiments de France Anne Mangin-Payen - qui imposa les curetages – ces élus ont su dévoiler l’architecture bayonnaise. Le maire Jean-René Etechegaray participe à cette évolution en restaurant et créant un nouveau Musée Bonnat-Helleu, phare culturel transformant la ville en un carrefour d’Art et d’Histoire incontournable.
Exposition Avant, après Bayonne au Musée Basque salle Xokoa jusqu’au 8 janvier 2017 - Ouvert de 10h30 à 18h au 37 quai des Corsaires à Bayonne. Fermé le lundi.
Anne de La Cerda