Après le succès de Fortius (programme de coopération territoriale Espagne-France-Andorre lié à la valorisation des fortifications de Pampelune et Bayonne) qui avait engagé Bayonne dans un nouveau rapprochement avec sa ville jumelée, et le succès il y a deux ans du récital lyrique du ténor navarrais Eduardo Zubikoa, la capitale d’Iparralde s’apprête à renouveler cette rencontre des deux cultures en faisant connaître les compositeurs qui ont illustré notre région – entre autres Pablo Sorozábal – associés aux grands noms de la musique universelle. En l’occurrence Richard Wagner, Georges Bizet ou Giuseppe Verdi dont des extraits d’œuvres célèbres seront interprétés ce dimanche 11 février à 16h au Théâtre de Bayonne, dans le cadre des « Dimanches en musique - saison 2018 ». Et ce ne sont pas moins de soixante-dix chanteurs constituant le Chœur lyrique qui regroupe les meilleurs artistes parmi les 5 000 choristes de la fédération des chœurs de Navarre qui offriront aux mélomanes de notre région ce récital lyrique, « les plus belles pages de l’opéra et de la zarzuela ».
Mais qu’est-ce donc qu’une « zarzuela », se demanderont peut-être certains de nos lecteurs ?
En 1657, au palais royal d’El Pardo à Madrid, le roi Philippe IV, la reine Marianne et leur Cour assistaient à la première représentation du « Laurier d’Apollon », comédie de Pedro Calderón de la Barca sur une musique de Juan de Hidalgo. C’est là qu’on situe l’apparition de la zarzuela, cette sorte d'opérette ou opéra-comique espagnol qui prit le nom d’un terrain de chasse où abondaient les ronces (« zarza » en espagnol), future résidence des rois d’Espagne où seront données de nombreuses festivités ou « zarzuelas ». Elles uniront musique « savante » et chant populaire à la danse et aux passages parlés à la même époque où triomphaient en France certaines œuvres de Molière mêlant théâtre et ballet. Parmi leurs compositeurs, Sebastián Durón, maître de chapelle de la Cour d'Espagne, fut exilé à Bayonne avec la reine Marie-Anne de Neubourg et mourut à Cambo (un colloque universitaire lui avait été consacré l’année dernière à Arnaga).
Mais, c’est aux XIXe et XXe siècle que ce genre connut son âge d’or. A l’image du compositeur alavais Sebastián Iradier y Salberri soufflant à son ami Bizet sa habanera « El Arreglito » qui donnera dans « Carmen » la célèbre aria « L'amour est un oiseau rebelle », les Basques s’illustrèrent nombreux dans la zarzuela. Depuis Guridi, Usandizaga et Sorozabal jusqu’à la célèbre soprano Pepita Embil, surnommée « la reine de la zarzuela » : originaire de Guetaria, la mère de Placido Domingo popularisa le genre lors de ses tournées internationales, tout en participant au chœur « Eresoïnka » formé par le Gouvernement Basque au moment de l’exil.
D’ailleurs, à l'occasion du centenaire de la naissance de Pepita Embil, on rejouera le mercredi 28 février prochain à 20 h au Théâtre Victoria Eugenia de Saint-Sébastien la zarzuela « Sor Navarra » qui avait rencontré un tel succès lors de sa première le 7 décembre 1938 dans ce même Théâtre Victoria Eugenia, qu'il avait fallu répéter en bis les airs principaux !
Dimanche 11 février à 16h au Théâtre de Bayonne, « Les plus belles pages de l’opéra et de la zarzuela » par le Chœur lyrique de la fédération des chœurs de Navarre (tarif : 12 €, et 8 € pour les Bayonnais non imposables).
Alexandre de La Cerda