A travers une rare collection de documents inédits, la conservatrice de la villa d’Arnaga Béatrice Labat et son équipe célèbrent la vie et l’œuvre de la poétesse et dramaturge de la Belle Epoque Rosemonde Gérard (1866-1953). Des enregistrements audio d’extraits de poèmes dévoilent avec émotion la voix et l’univers intime de cette femme de lettres dont la vie s’était déroulée à l’image d’ un poème Art Nouveau.

Née hors mariage à Paris, elle avait pour tuteur le poète Leconte de lisle, adoptée finalement par son vrai père le baron Gérard, son enfance  se passa sans ambages. Attirée par les lettres dès son plus jeune âge, cette ancienne élève issue du couvent des Dominicaines à Neuilly, publia son premier recueil de poésie « Les Pipeaux » (1889) récompensé par le prix Archon-Despérouses de l'Académie française dont le célèbre vers « Je t'aime aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain » fut adapté dans diverses chansons et productions cinématographiques.

Passionnée par la création littéraire tout comme Edmond Rostand (1868-1910), les deux jeunes gens tombèrent amoureux l’un et l’autre et se marièrent en 1890. Intuitivement Rosemonde Gérard pressentit le génie naissant de son mari et l’aida à se faire connaître en lui présentant les personnalités les plus en vue des milieux littéraires parisiens tels Jules Clarétie, administrateur général de la Comédie-Française, ainsi que Sarah Bernhardt pour son projet de la Princesse lointaine. Grande admiratrice, Rosemonde Gérard écrira en 1935 une biographie sur celui qu’elle aura admiré tout au long de sa vie.

A partir de 1911, la poétesse reprend la plume et publie « un bon petit diable », une pièce en vers coécrite avec son fils aîné Maurice d'après la comtesse de Ségur. Elle multiplie ses écrits en rédigeant des pièces de théâtre, des biographies, des recueils de poèmes et des conférences. Pour le théâtre de Guignol, elle imagine des décors en papiers entre ombres et lumières. Sa série débute en 1925 avec une pièce en quatre actes La robe d'un soir. L'année 1928 fut exceptionnelle, elle publia La Tour Saint-Jacques, représentée pour la première fois sur la scène de la  Comédie-Française, elle composa Les Masques de l'amour, Les Papillotes, À quoi rêvent les vieilles filles et L'Accordeur.  
Parallèlement elle se consacre à sa passion de jeunesse pour la poésie et la publication en 1926 de L'Arc-en-Ciel, ouvrage couronné par l'Académie française. 

Femme élégante, à l'affût des dernières créations, elle fut la première à porter la robe avant-gardiste Delphos en forme de fuseau de soie dorée signée Mariano Fortuny. 

Adulée par les artistes peintres, accessoires raffinés : fleurs, éventails, ombrelles et capelines ornent ses nombreux portraits mis en scène dans la villa Arnaga. 
Dans le salon de l'entrée, la poétesse coiffée d'un bandeau fleuri assorti à sa robe locataire dans ses bras son berger allemand est représentée par l'artiste et amie de la famille, Clémentine Hélène Dufau (1869-1937) dans un grand médaillon. 
Presque en face, un grand tableau intitulé « Rosemonde en robe à ramages » assise sur un canapé « invitant ses hôtes à prendre langue » a été immortalisée par le célèbre peintre Eugène Pascau (1875 – 1944), Prix de Rome. 
Dans la salle à manger au-dessus de la cheminée, un autre portrait à son effigie peint par Henry Caro Delvaille (1876-1928) , la représente vêtue d'une robe de mousseline gris bleu. Cette œuvre rappelle qu'il existe une autre version plus lumineuse (voir portrait). Rosemonde Gérard, coiffée d'un chignon vaporeux, porte une robe mousseline ivoire cousue par la célèbre Madame Durieux à Cambo. Répertorié dans le guide d'Aquitaine du Festin de 1998 sur Arnaga, musée Edmond Rostand, il semblerait que ce portrait figurait à la villa Arnaga à l'origine. 
Prêté spécialement pour l'occasion par le musée d'Orsay, un portrait en buste signé de l'artiste peintre d'Ernest Hébert orne avec romantisme la jeune Rosemonde d'une amaryllis posée au coin de son décolleté chez la princesse Mathilde.

Aussi, avant de quitter en septembre prochain la villa Arnaga que la conservatrice a dirigée d’une main de maître depuis 14 ans, Béatrice Labat a souhaité rendre hommage et illuminer l’oeuvre remarquable d’inventivité de la poétesse Rosemonde Gérard, une femme raffinée de la Belle Epoque. 
A l’initiative de l’adjoint à la culture de Cambo, Robert Poulou, s'ajoutera la réédition prochainement par l'Association des Amis d'Arnaga chez Kilika, l'ouvrage que la poétesse avait consacré à son mari, Edmond Rostand. 

Exposition "Rosemonde Gérard" jusqu’au 3 novembre à la Villa Arnaga - Musée Edmond Rostand
Route du Docteur Camino à Cambo de juillet et en août 2024, le domaine sera ouvert de 10h à 19h. Le musée sera fermé en matinée les 3 septembre et 2 octobre.