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Musique
Solistes du Philharmonique de Berlin pour la musique de chambre de Ravel
Solistes du Philharmonique de Berlin pour la musique de chambre de Ravel

| Alexandre de La Cerda 663 mots

Solistes du Philharmonique de Berlin pour la musique de chambre de Ravel

Ce nouveau Cd produit par la firme « Indésens » débute par l’« Introduction et Allegro » pour clarinette, flûte, harpe et quatuor à cordes, soit un septuor qui s’apparente à un concerto pour harpe en miniature : les deux instruments à vent, flûte et clarinette se marient délicieusement avec le quatuor et la partie de harpe - « consistant surtout en traits » - interprété avec virtuosité par le flûtiste Emmanuel Pahud qui a réuni le noyau français des solistes du Philharmonique de Berlin. Il en résulte une belle illustration du génie ravélien en matière de couleurs, de rythmes et d’orchestration !

Suit le célèbre « Quatuor à cordes en fa majeur » de Ravel qui s’imposa dès sa création comme un chef-d’œuvre et marqua un tournant dans sa carrière. Jean Marnold, du « Mercure de France », fut un des enthousiastes : « Quand on a entendu le Quatuor en fa de Maurice Ravel, on n’est plus très surpris que le bloc des cuistres d’Institut ait refusé le prix de Rome au jeune artiste. […] Des musiciens capables d’écrire un tel quatuor, il n’y en a pas beaucoup sous la coupole ou autre part. C’est une oeuvre de savoureuse et forte musicalité ».

Quant à la Sonatine pour flûte, alto et harpe, il s’agit d’un arrangement d’un morceau pour piano de Ravel par le harpiste virtuose Carlos Salzedo (le violoncelle étant ici remplacé par l’alto) qui eut l’honneur de jouer – tout petit - du piano pour la reine mère Marie-Christine d'Espagne qui l'appelait son « petit Mozart ». En effet, sa mère qui résidait à Bayonne, était pendant l'été professeur de piano à Biarritz de la cour royale d'Espagne. Sa mère décédée jeune dans un accident, l'enfant s'attacha à sa gouvernante d'origine basque, Marthe Tatibouet Bidebérripé, jusqu’à se considérer comme culturellement Basque en expliquant sa préférence en raison de la mesure à cinq temps, typique de la musique basque, le zortziko. Le jeune Salzedo débuta comme premier harpiste d'orchestre et pianiste solo au Nouveau Casino de Biarritz, placé sous la direction du compositeur Piero Luigini, avant d’accomplir une brillante carrière avec l'orchestre des Concerts Colonne, Toscanini, etc.

Sur le site resmusica.com, Patrice Imbaud n’a pas manquer de louer l’interprétation de cette Sonatine en trio, « à la fois lyrique et méditative s’appuie sur un échange très poétique mené sans pathos excessif, entre la flûte, la harpe et l’alto d’Ignacy Miecznikowski, tandis que la Sonate pour violon et violoncelle, emprunte, quant à elle, un langage bien différent, plus enflammé, aux contours harmoniques plus tourmentés et à la ligne mélodique plus chaotique dans un dialogue serré entre les deux instruments aux accents presque motoristes dans le deuxième mouvement, plus apaisé dans le troisième qui déploie une longue cantilène élégiaque et douloureuse, avant un dernier mouvement envoûtant jusqu’à la rupture ».

La Sonate pour violon et violoncelle, initialement intitulée « Duo pour violon et violoncelle » et dédiée à titre posthume à Claude Debussy, est d’une esthétique très différente des œuvres antérieures à la Première Guerre Mondiale de ce disque. « C’était une sorte de gageure que d’atteindre à la plénitude sonore en faisant dialoguer ainsi deux instruments qui semblent ne pouvoir se suffire à eux-mêmes ».

« Le Jardin féerique » est la cinquième et dernière pièce de la suite de Ma Mère l’Oye. Plus spécifiquement, Émile Vuillermoz voit dans « Le Jardin féerique » une pièce unique où Maurice Ravel s’épanche : « Le Jardin féerique vient clore cette série d’estampes en couleurs. Ici, nous nous trouvons en présence d’une pièce rare. Cette page est une de celles où l’on peut surprendre le plus directement la véritable nature de Ravel ».

Les chambristes du Philharmonique de Berlin : Bruno Delepaire, violoncelle – Wenzel Fuchs, clarinette – Christophe Horak, violon – Marie-Pierre Langlamet, harpe – Ignacy Miecznikowski, alto – Emmanuel Pahud, flûte et Simon Roturier, violon.
Enregistré du 26 au 29 février 2019 au Nikodemuskirche de Berlin-Neukölln et le 4 avril 2019 à la Philharmonie Berlin – Kammermusiksaal. Notice bilingue : français-anglais. Durée : 75:02 / Indésens / Prix autour de 16 Euros.

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