Du Médoc dans le Bordelais jusqu'à Santoña en Cantabrie, et bien au-delà, elles étaient très nombreuses, les confréries venues à Saint-Jean-de-Luz fêter le 50ème anniversaire de l'Ordre des Corsaires basques au cours d'une journée remarquablement orchestrée par son capitaine, Pettan Harriague.
Tôt le matin, les participants s'étaient réunis autour d'un solide petit-déjeuner à la grillerie du port, avant d'embarquer sur plusieurs vedettes menées par le "navire amiral" de cette flotte corsaire, la chaloupe sardinière à vapeur "Alba ", recréée à l'identique de celle construite en 1907, et depuis laquelle Pettan Harriague avait lancé une gerbe au milieu de la baie luzienne en hommage aux corsaires et marins disparus.
Un geste renouvelé cette fois devant la plaque disposée sur une façade de l'Office de Tourisme en mémoire des corsaires luziens...
... avant que le long défilé des confréries, en uniformes avec étendards et offrande (poisson et gâteau), ne parvienne à l'église Saint-Jean-Baptiste pour y être accueilli par l'abbé de Mesmay avec ses concélébrants et officiants.
Une très belle messe, enrichie par le talent de l'organiste Jesús Martín Moro accompagné par le son clair de trompettes et les belles voix du chœur d'hommes "Errobi Kanta", issu (il y a une quarantaine d'années) de la chorale paroissiale de Saint-André de Bayonne.
Par la suite, devant la nombreuse assistance regroupée devant la Ferme Inharria au quartier Ibarron de Saint-Pée-sur-Nivelle où devait être servi le déjeuner, le Capitaine des Corsaires, après avoir souhaité à tous la bienvenue - Ongi etorria - entonna avec quelques amis le célèbre « Jeiki, jeiki, etxekoak, argia da zabala…bai ta ere, ikaratzen, holandrese ibarra» (levez-vous, gens de la barque, du côté de la mer résonne la trompette d’argent, les rivages des Hollandais tremblent… (*)
"Durant plus de quatre siècles, les marins corsaires basques ont sillonné les mers au nom de ce chant fameux, attestant d' un courage et d'une énergie qui ne se sont point perdus. Honneur à eux et à leur multiple descendance. Nous sommes réunis ce jour pour fêter le jubilé de notre Ordre des Corsaires basques, dans cette ferme Labourdine nommée Inharria, véritables bijoux dédiés à l'art populaire basque, orchestré et entretenu par Pello Fagoaga et ses associés.
Sans faire de conférence sur la trace des corsaires basques, Pettan Harriague a toutefois rappelé les prémices de l'Ordre qui avaient « débuté en 1966 comme « Corsaires du roi », à l'occasion d 'un congrès organisé à Saint-Jean-de-Luz par Georges Pialloux et le maire Pierre Larramendy pour célébrer les descendants nationaux des familles de corsaires
Puis en 1971, ce fut des recherches sur les descendants de ces marins locales. Ce mouvement sera officialisé en 1973. Au début, ce groupe était constitué. de commerçants, des amis partageant ensemble des activités de loisirs et de sorties. Ensuite avec le développement de l'Office de Tourisme, les intronisations ont eu pour mais d'honorer toutes celles et ceux qui par leur action, leur rayonnement, leur notoriété ont contribué ou contribué à défendre et à honorer le Pays Basque, les villes de Saint Jean de Luz et Ciboure, dans tous les domaines d'activités, maritimes, économiques, touristiques, culturels ou sportifs".
Pettan Harriague procéda alors aux intronisations des nouveaux "Corsaires d'honneur" :
- Hervé Manificat : ancien officier parachutiste des Troupes de Marine, consultant, écrivain, surfeur….
- Philippe Labarthe : artisan, saurisserie, huîtres, traiteur conservateur à la halle aux poissons de Saint-Jean-de-Luz - Maistre de bouche de la Confrérie du Chipiron de Bidart
- Bernard Hugues retraité PAF, Ambassadeur de l'Ordre des Corsaires en région PACA
- David Alonso Vega, chercheur et plongeur sous-marin pour la valorisation du patrimoine culturel subaquatique, acteurs essentiels de Urpeko ondarrea et Itaka , deux structures avec éco-intérêt, développant une économie locale liée à la recherche et à la médiation, recherche , connaissance, partage. Actuellement en recherches sur la baie de Saint-Jean-de-Luz avec de nombreux partenaires institutionnels. bonne communication,
- Augustino Sampedro Diez, Grand Maître de la confrérie de l'anchois de Santoña, Développement de la confrérie 80 en 2015, 226 à ce jour dont 53 femmes, habitué des congrès régionaux et nationaux France, Italie en assurant la promotion de cet anchois de qualité supérieure mis en boîte dans plus de 60 entreprises.
Pettan Harriague rappela encore les missions que s'était fixées l'Ordre des Corsaires :
- Faire vivre les grandes pages de l’histoire et d’honorer la mémoire de ces marins.
- Rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à défendre et illustrer ces deux villes de Saint Jean de Luz et Ciboure.
- Créer des liens des fraternité et de solidarité avec les gens de mer.
- Développer nos relations de collaboration avec nos voisins d’Hegoalde.
- Défendre la culture gastronomique de nos ports autour du thon et du merlu
Constatant que "le monde associatif avait aujourd’hui de plus en plus de mal à se réinventer et que le bénévolat régressait, les jeunes n'étant pas attirés par ce sujet et consommant différemment, le valeureux capitaine des Corsaires souhaitait que "ce jubilé puisse susciter de nouveaux intérêts et projets".
(*) NDLR : « Jeiki, jeiki, etxekoak, argia da zabala…bai ta ere, ikaratzen, holandrese ibarra», levez-vous, gens de la barque, du côté de la mer résonne la trompette d’argent, les rivages des Hollandais tremblent… Ce vieux chant guerrier ainsi que le style « hollandais » de la « maison de Ravel » à Ciboure, construite au XVIIème siècle par l’armateur Esteban d’Etcheto qui avait beaucoup navigué aux Pays-Bas, sans oublier des souvenirs historiques au château d’Urtubie voisin témoignent éloquemment de la longue histoire des relations – tantôt conflictuelles, tantôt pacifiques – de ces deux peuples marins que sont les Basques et les Hollandais.
La pêche à la baleine les avait opposés au moyen-âge - le sceau original du « Conseil de Biarritz » figure sur l’acte d’une trêve conclue en 1351 avec les villes flamandes de Bruges, Gand et Ypres – avant de les rapprocher aux XVIème et XVIIème siècles - les Hollandais, ne maîtrisant pas toutes les techniques liées à cette pêche, firent appel au savoir-faire et à l'instruction des marins basques et leurs compagnies recrutèrent des harponneurs, des dépeceurs, des maîtres de chaloupe et des coupeurs de lard basques.
Mais, en 1713, le traité d'Utrecht qui limitait les zones de pêche entrava considérablement l'armement des Basques à la baleine…