Vendredi 8 décembre dernier, en la solennité de l’Immaculée Conception, Mgr Marc Aillet avait érigé officiellement et solennellement un Sanctuaire dans le diocèse dédié à « Notre-Dame-du-Bout-du-Pont : Refuge de la mère et l’enfant » un événement assez rare dans l’Église catholique.
Rappel historique : le 13 décembre 1553, lors de la naissance au château de Pau du prince Henri de Navarre, fils d'Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, et de Jeanne d'Albret, la mère du futur souverain Henri III de Navarre (qui deviendra Henri IV de France), à l'époque encore catholique et dans les douleurs de l'enfantement, avait entonné d'une voix forte le cantique Notre Dame du Bout du Pont (Pont qui donnait l'accès au château de Pau) :
Nouste Daume deu cap deu pount
Ajudatz-me a d'aquesta òra !
Pregatz au Diu deu ceù
Que'm volha vier desliurar lèu.
D'un mainat que'm hàcia lo don
Tot, dincau haut deus monts, l'implòra.
Nouste Daume deu cap deu pount
Ajudatz-me a d'aquesta òra !
(Notre-Dame du bout du pont / Aidez-moi à cette heure ! Priez le Dieu du ciel / Qu'il veuille venir me délivrer bientôt / D'un garçon qu'il me fasse don / Tout, jusqu'en haut des monts, l'implore / Notre-Dame du bout du pont / Aidez-moi à cette heure !).
L’ancien cantique béarnais se rapportait à un oratoire situé au pied du château de Pau - « au bout du pont » - dédié à la secourable « Nouste Daume » qui était invoquée avec constance par les bergers afin de traverser le Gave sans incident, et par les femmes durant leur grossesse.
La mélodie de l’ancien cantique béarnais sera, plus tard, empruntée pour le chant de tradition des parachutistes : « Saint Michel, patron des paras / Trempe nos cœurs de hardiesse / Conduis nos pas joyeux… ».
En 1873, devenue chapelle du couvent des religieuses Ursulines situé à l’emplacement actuel du Palais des Pyrénées, elle accueillait quotidiennement des jeunes filles en leur inculquant une éducation chrétienne, mais elle devait être détruite pour libérer le foncier au centre de Pau. Grâce à Dieu, le curé de Jurançon de l’époque, le chanoine Hourcade, avec une foi capable de déplacer les montagnes, entreprit de démonter « pierre par pierre » durant trois ans l’ancienne chapelle des Ursulines, pour la transporter depuis le cœur de Pau jusqu’au quartier du 14-Juillet, de l’autre côté du gave.
Cette église, inaugurée et bénie le 18 décembre 1932, de style architectural néo-gothique, avec des vitraux des ateliers Mauméjean de Hendaye, possède quatre représentations des rois de France : saint Louis IX, Louis XI, Henri IV et Louis XIII. Dans les bas-côtés sont illustrés les grands sanctuaires français de la Vierge. Elle comporte une abside contournée par un déambulatoire où est exposée la Vierge.
Cette église est donc devenue un Sanctuaire, soit un lieu sacré où tous ceux qui le souhaitent peuvent se rendre pour un pèlerinage afin de demander l’intercession du "patron" de ce sanctuaire est placé.
A l’instigation du Père Benoit Martel, curé de la paroisse de Notre-Dame de l’Espérance de Jurançon : « Notre-Dame-du-Bout-du-Pont accueillera particulièrement, mais non exclusivement, toutes les mères qui ressentiront le besoin d’être soutenues dans leur maternité par la Vierge Marie, modèle pour toutes les mères. La maternité ici considérée est aussi bien effective – femmes enceintes ou ayant mis au monde ou encore adopté un enfant, femmes jeunes ou plus âgées et peut-être même grands-mères – qu’espérée lorsque l’enfant désiré tarde à venir. Nous pouvons aussi considérer toutes celles qui ont une âme maternelle sans pour autant avoir mis au monde dans la chair et qui, pourtant, ont engendré spirituellement comme le font de nombreuses laïques ou religieuses par leur prière et/ou par leur contribution pastorale ou tout simplement humaine et humanisante ».
En dehors des messes et temps de prière, des permanences de confession, un accueil personnalisé, des retraites en ville, des conférences ou des événements culturels en cohérence avec l’affectation (ou la « thématique » du lieu) seront régulièrement proposé ».