0
La Langue Basque
Hélette : l'entrée de Jon Casenave à l'Académie de la langue basque Euskaltzaindia
Hélette : l'entrée de Jon Casenave à l'Académie de la langue basque Euskaltzaindia

| Baskulture 844 mots

Hélette : l'entrée de Jon Casenave à l'Académie de la langue basque Euskaltzaindia

2025-06-28 Heleta académiciens.JPG
Les académiciens basques à Hélette ©
2025-06-28 Heleta académiciens.JPG
2025-06-28 Heleta2 assistance.JPG
Une assistance nourrie ©
2025-06-28 Heleta2 assistance.JPG

En juin de l'année dernière, l'Académie de la langue basque Euskaltzaindia nommait Jon Casenave membre titulaire d’Euskaltzaindia, l'Académie de la langue basque. Samedi 28 juin dernier, le linguiste originaire de Lahonce Jon Casenave avait prononcé son discours d'entrée à la salle Agerraldi de Hélette. Lors de cette même cérémonie, la vice-présidente de l'Académie, Itxaro Borda lui avait répondu à Jon Casenave.

Dans son discours, le nouvel académicien avait évoqué la langue basque qu'il a héritée de son pays et de sa famille, ainsi que le travail important des écrivains basques classiques. «Préservons la langue, la culture et la littérature basques, faisons-les vivre, prolongeons-les, transmettons-les à ceux qui nous succèdent, telles que nous les avons reçues de nos prédécesseurs, tel une longue corde», s’est exprimé le linguiste.

La cérémonie avait débuté à 10h à la salle Agerraldi à Hélette (Basse-Navarre). En introduction, un cortège dansant a précédé les académiciens et autres représentants invités vers la salle Agerraldi, où la chorale du village a ensuite interprété la chanson Heletarrak de Telesforo Monzon, avant la lecture des discours. Le président d’Euskaltzaindia, Andrés Urrutia, et le maire de Hélette, Philippe Etchepare, ont souhaité la bienvenue aux participants avant de donner la parole à Jon Casenave qui a partagé son discours intitulé: La langue basque et la littérature basque, tel une longue corde avec le public présent. La langue basque était au centre de son intervention, en évoquant son enfance, sa jeunesse et cette langue basque vivante qu'il a héritée de son village et de sa famille, mais aussi et surtout la riche collection d'écrivains classiques basques, qu'il a pu étudier ces dernières années.  

Utilisant la métaphore de Soka dantza, la danse de la corde, le linguiste a expliqué l'origine de son lien étroit avec le basque. «J'ai perdu ma mère quand j'étais jeune, et mes grands-parents maternels m'ont accueilli chez eux et m'ont élevé dès l'âge de six ans. Ils m'ont beaucoup apporté, et parmi ces cadeaux, il y a ma relation avec la langue basque», a-t-il souligné devant ses invités. Son grand-père lui a légué un vocabulaire riche, et sa grand-mère lui a fourni de merveilleuses métaphores: «Les mots de mon grand-père et les dictons de ma grand-mère ont été mes premiers guides en langue basque».

Outre sa famille, le chercheur a également rencontré d'autres compagnons de voyage qui sont devenus des professeurs et des amis. Par exemple, P. Xarriton, J. Haritschelhar, J-B. Orpustan, L. Dassance, J. Hiriart-Urruty, B. Oihartzabal, Koldo Izagirre, J.M. Lekuona, Patri Urkizu, E. Sallaberry, X. Arbelbide, J-P. Curutchet et bien d'autres.  

Toujours en lien avec cette corde, en s'immergeant dans les textes des auteurs classiques, Jon Casenave a vécu en bonne compagnie pendant 50 ans, alliant lecture, éducation et recherche.

Dans la deuxième partie de sa conférence, le nouvel académicien basque a proposé au public une balade immersive dans le jardin des classiques basques, prononçant parfois des mots audacieux: «Aujourd'hui, nous devrions réorganiser la Bibliothèque des classiques basques. Quelles étaient nos relations avec les auteurs du passé dans la culture basque, au cours des siècles précédents? La réponse est simple: presque aucune!». Il a ensuite longuement rappelé les fondements de la littérature basque pour expliquer son raisonnement.

Enfin, Jon Casenave a souligné les lacunes de notre connaissance des classiques basques: «Par exemple, les classiques français sont disponibles en vente dans toutes les librairies. Cette continuité fait défaut à la littérature basque. Dans le monde de l'éducation, certaines parties de l'œuvre sont proposées à la lecture, mais le texte intégral n'est généralement pas lu, faute d'accès». Il ajoute que le processus de classicisation, amorcé au milieu du XXe siècle, s'est peu à peu ralenti.

Mais pourquoi les auteurs classiques sont-ils devenus étrangers aux écrivains et aux lecteurs d'aujourd'hui? Selon l’académicien, il y a trois niveaux de ruptures principales: en termes de formation, de contenu et de langue.

Pour inverser la situation (ou du moins tenter d'y parvenir), le natif de Lahonce propose une idée rapide et claire: «Nous devons soutenir notre patrimoine et notre avenir, sans choisir entre les deux (...) Nous devons assurer la continuité littéraire de notre littérature si nous voulons établir une culture basque forte pour l'avenir».

Jon Casenave a conclu son discours par une déclaration simple mais importante:  «Préservons la langue, la culture et la littérature basque, faisons-les vivre, prolongeons-les, transmettons-les à ceux qui nous succèdent, telles que nous les avons accueillies de nos prédécesseurs, telles une longue corde».

Itxaro Borda, vice-présidente de l’Académie de la langue basque, a ensuite répondu à Jon Casenave. En écho à son discours, l’auteure labourdine a également évoqué les auteurs classiques, leur valeur et leur caractère actuel dans la littérature basque. Elle a souligné aussi la présence (ou non) des femmes dans les listes habituelles des classiques basques sans oublier de rappeler le travail effectué par Jon Casenave pour la promotion des auteurs de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Pour clôturer la cérémonie, le nouvel académicien basque a prêté serment et a reçu la médaille, le diplôme et l'emblème d’Euskaltzaindia des mains de son président Andres Urrutia.

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription