C’est dans la petite province de Soule, cet « Orient » du Pays Basque coincé entre le Béarn, l’Aragon et les deux parties de la Navarre, qu’ont été sauvegardées les pastorales, tradition originale d’un art populaire authentique.
Survivance des mystères du Moyen-âge, reliquat d’un fonds culturel commun à l’Europe qui plonge ses racines dans le théâtre grec antique et subsistait encore en Russie au XVIIIe siècle ? L’étrange théâtre populaire souletin, véritable « roman historique en vers et en mimes », continue d’interpeller les chercheurs. Il passionne un public nombreux qui brave chaque été pendant des heures le dur soleil d’août et, pour certains, l’ignorance de l’euskara, la langue basque. Mais c’est un genre vivant : si l’enveloppe n’évolue que très lentement, les sujets suivent les préoccupations de l’heure. A l’inspiration religieuse et mythologique du XIXe siècle - Abraham, Jeanne d’Arc, Bacchus - ont succédé dernièrement les hérauts d’une affirmation de la personnalité basque : Sanche le Grand de Navarre ou l’épopée du dernier vicomte de Soule, Auger III, qui défendit sa vallée contre les assauts des puissants voisins béarnais et des sénéchaux anglais de Gascogne. Cette fois, ce sont les villages d’Alçay et de Lacarry qui joueront « Joanikot pastorala » qui se déroulera les dimanche 30 juillet et 6 août à Alçay en Soule. Elle a pour cadre l’histoire tourmentée du royaume de Navarre aux prises avec les appétits de conquête de ses proches voisins hispaniques, en particulier Ferdinand d’Aragon et son fils Charles Quint, et comme « héros », Joan d’Arberoue. Connu sous le nom de capitaine Joanikot, il participe en 1512 à la prise de la Navarre par Ferdinand le Catholique avant de rejoindre le camp du souverain légitime de la Navarre, Henri Albret, qui luttait afin de reconquérir son royaume.
Désormais à la tête de la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, Joanikot doit faire face à l’arrivée des troupes castillanes en 1521. Après un rude siège de trois semaines, il tombe aux mains de l’ennemi pour être jugé comme traître puis condamné et démembré à Pampelune. Son épouse, Maia de Ozta, qui n’a d’autre choix que de prendre la fuite, se réfugie à Bayonne. C’est l’errejent (metteur en scène) Jean-Pierre Récalt-Althabe qui avait choisi le « süjet » (héros) de la pastorale, Eric Alçacebe, originaire de Sainte-Engrâce et bien connu des amateurs de kantaldi qui évoluera parmi les 90 acteurs de cette nouvelle création du traditionnel théâtre souletin.
Programme des dimanches 30 juillet et 6 août :
- 10 heures Messe à l’église d’Alçay (le 6 août, elle sera célébrée en l’église de Lacarry) avec les acteurs (costumés) de la pastorale.
- 11 h 30 défilé dans les rues d’Alçay (le 6 août à Lacarry)
- 12 h 30 repas préparé par l’ikastola
- 15 h 30 représentation de la pastorale à Alçay, près de la salle des fêtes
- 20 h 30 dîner préparé par l’association de la pastorale « Agota », qui tiendra une buvette. Parking dans les champs à proximité, billets et livrets en vente aux guichets (15 €, gratuit pour les moins de 12 ans). Egalement offices de tourisme de Mauléon, Tardets et Saint Palais et dans les magasins Kukuxka à Garazi et Elkar à Bayonne. Réservations repas : tél. 06 81 81 14 39.
ALC