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Oser la paix en temps de guerre : Charles Ier d’Autriche en 1916, un exemple à suivre ?
Oser la paix en temps de guerre : Charles Ier d’Autriche en 1916, un exemple à suivre ?

| Alexandre de La Cerda 934 mots

Oser la paix en temps de guerre : Charles Ier d’Autriche en 1916, un exemple à suivre ?

L’empereur Charles est une grande figure, même si son règne n’a duré que deux ans. Il aimait beaucoup tous les nombreux peuples de l’empire d'Autriche-Hongrie et ceux-ci le lui rendaient bien. Souvent présent avec ses soldats sur le front, il fît beaucoup pour atténuer les souffrances et sauver des vies.

En 1916, lorsqu’il succéda à son grand-oncle l’empereur François-Joseph sur le trône austro-hongrois, Charles Ier avait saisi le danger d’effondrement et de « dispersion » des différentes nations composant son empire, situation souhaitée ouvertement par quelques factions sectaires, ainsi que des franc-maçons parmi lesquels le Tchèque Edvard Beneš (ou Bénès), un ami de Clemenceau. Et pour sauver l’Empire, Charles voulut rétablir la paix afin d’essayer de réorganiser l’État de l’intérieur en rapprochant les différents peuples par la concession d’une plus large autonomie. 
Sa première initiative en accédant au pouvoir en 1916 au milieu de cette terrible première guerre mondiale fut donc de négocier en coulisses avec la France une paix séparée afin de mettre fin au plus vite à l’odieuse boucherie qui coûta tant de vies à nos pays en guerre.

Il avait le soutien du pape Benoît XV mais certains dirigeants de l’époque (en particulier Clemenceau, désireux à tout prix d'installer son ami Bénès à la tête d'une Tchécoslovaquie détachée de l'Empire d'Autriche-Hongrie) étaient opposés aux idées et projets de l'empereur Charles.
En effet, c’est à Paris que le jeune Edouard Bénès avait passé une bonne partie de sa jeunesse comme étudiant à la Sorbonne et à l'École libre des sciences politiques, obtenant un doctorat en droit à l'université de Dijon en 1908. Ce long séjour en France le rapprocha des milieux de gauche hostiles au catholicisme en imprégnant sa future politique : il traduisit en tchèque le roman de Zola « L'Assommoir » et noua des liens dans la presse et avec les milieux maçonniques, en particulier Clemenceau, liens qu'il utilisa entre 1915 et 1918 pour diffuser ses idées concernant la destruction de l'Empire des Habsbourg (auquel il vouait une haine féroce) en vue de la création d'un État tchécoslovaque, sans égard pour la minorité allemande des Sudètes (qui constitueront plus tard un appui aux volontés expansionnistes d'Hitler)... ni pour les Slovaques, particulièrement différenciés des Tchèques par leur profond attachement au catholicisme.

Ainsi, à l’image de Bénès et de Clemenceau, les anticléricaux et les partisans de la guerre « jusqu’au bout » ne permirent pas le succès de cette opportunité de paix inspirante entreprise par l’empereur Charles d’Autriche (*). 
Peut-être aurait-on alors évité Verdun et tant d’autres batailles meurtrières de tous côtés en Europe !

Car, Charles Ier était un homme de paix, très croyant, proche de tous, surtout des plus pauvres (il avait créé le premier ministère des affaires sociales au monde). Il sera d’ailleurs le seul chef d’Etat laïc du XXème siècle à être béatifié (en 2004 par le Pape Jean-Paul II).
L’empereur fut déporté avec sa famille à Madère car la politique européenne d’alors voulait à tout prix que le souverain austro-hongrois soit le plus éloigné possible de ses peuples et coupé de tout. C’est là qu’il décéda d’une pneumonie, dépourvu des soins les plus élémentaires, mais soutenu inlassablement par son épouse qui attendait son huitième enfant. Il avait à peine 34 ans !
Sa famille partit alors vivre au Pays Basque, à Lequeitio / voyez notre article  https://baskulture.com/article/zita-la-dernire-impratrice-dautriche-au-pays-basque-3032

Quelques souvenirs personnels

Rappelons enfin qu’en mai de l’année dernière, l’archiduc Carl Philippe d'Autriche (petit-fils de l'Empereur Charles Ier) était venu donner une conférence à Bayonne avant la messe à la cathédrale célébrée par Mgr Aillet « pour le centenaire de la mort du Bienheureux Charles d'Autriche »

Et parmi mes souvenirs personnels, bien avant la venue (également l’année dernière) de l’archiduc Imre, également un descendant de l'Empereur Charles Ier, afin de présider la remise du Prix littéraire des Trois Couronnes au château d’Arcangues, j’avais eu la joie de rencontrer l’archiduc Otto, un des fils de Charles, c’était à Bénidorm à la fin de l’été 1997.

En effet, il y a 26 ans, au moment où Biarritz recevait l'Archiduc Karl-Christian d'Autriche à l'occasion du Gala de l'Ordre de Malte en faveur du Liban, le chef de la Maison de Habsbourg, l'Archiduc Otto, à l’époque membre du parlement européen, fêtait son 85ème anniversaire à Bénidorm en compagnie de son épouse, née princesse Régina de Saxe-Meiningen et de plusieurs de ses enfants, particulièrement l'Archiduc Georges, ambassadeur de Hongrie auprès de l'Union Européenne, et les archiduchesses Walburga, comtesse de Douglas, Monica, duchesse de Santangelo et Gabrielle d'Autriche.

La municipalité de cette villégiature de la Costa Blanca (Communauté autonome de Valence), sacrée "capitale estivale de l'Espagne" et lieu de prédilection de nombreux vacanciers basques de part et d'autre de la frontière, a rendu un très bel hommage au fils du dernier empereur d'Autriche-Hongrie, attribuant même le nom de son résident le plus fidèle (l'archiduc y villégiaturait depuis près de 40 ans) à une grande artère de la cité balnéaire. 
Je me souviens que le "parlementaire impérial et royal" n'avait pas manqué de souligner à cette occasion le véritable prodige que constituait la permanence des coutumes et de la langue valencienne (très proche du catalan), majoritaire dans la rue, sur les ondes et dans l'administration, sans attentats ni violences d'aucune sorte, et ce malgré l'extraordinaire importance du tourisme et des résidents étrangers... 

(*) Charles Ier avait alors écrit dans une lettre qu'il « soutiendrait les revendications de restitution de la France en ce qui concerne l'Alsace-Lorraine en utilisant toute son influence personnelle sur ses alliés » / « unter Anwendung meines ganz persönlichen Einflusses bei meinen Verbündeten die gerechten Rückforderungsansprüche Frankreichs mit Bezug auf Elsaß-Lothringen unterstützen werde ». Cité dans : Elisabeth Kovács, Untergang oder Rettung der Donaumonarchie?, volume 2, Vienne, 2004, p. 397 

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