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Histoire
Orient et Occident chrétien, une histoire imprévisible et compliquée.
Orient et Occident chrétien, une histoire imprévisible et compliquée.
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| François-Xavier Esponde 1009 mots

Orient et Occident chrétien, une histoire imprévisible et compliquée.

1 – Constantin et son influence sur les origines.
L’Empereur  Constantin  avait défini les voies du compromis entre l’Eglise et son Empire mais l’histoire qui suivit ne fut guère de tout repos et les invectives reprirent le pas sur les dialogues.

Le christianisme changeait les règles des croyances en cours. Ce Jésus inattendu qui sauve les hommes incarnait le monothéisme issu du judaïsme antérieur et dès le IVème siècle, les esprits éclairés du temps développèrent les discussions philosophiques et théologiques sous la conduite de penseurs tous issus de l’hellénisme oriental.
Chez nous, dans l’ancienne Gaule, le paganisme dominant ignorait la nature de ces échanges.
Hormis quelques villes et métropoles importantes en Afrique du Nord, à Rome et quelques exceptions, les initiatives de l’Empereur Constantin n’eurent que peu d’effet sur les populations humaines.
En mettant fin en 312 aux persécutions contre les chrétiens, Constantin comprit l’influence directe d’une telle perspective sur l’Empire et l’exercice de son pouvoir. Incarnation divine sur son empire par le soutien de l’Eglise, les évêques messagers exerceraient le pouvoir et l’unité dans ses royaumes sous son autorité première. La convocation du premier Concile de Nicée en constituera les prémices. Les discussions théologiques sur la nature du Christ, vrai Dieu et vrai homme, montraient le degré de maturité de ces esprits éclairés en quête de sens et de réflexion.
Le prêtre Arius à Alexandrie prendra cependant une orientation distincte et l’arianisme donnera naissance à cette pensée théologique dissidente dès les origines du christianisme en Orient.

2 – Sept Conciles orientaux
Mais cet Orient incontournable fut le fief des sept premiers Conciles. Les sujets débattus sur la Trinité, la place et la nature de la mère de Jésus, le culte à la vierge, aux images, aux anges et à la nature de l’âme, démontreront la profondeur spirituelle de ces gens cultes désireux de comprendre et d’accorder leurs philosophies avec la pensée judéo-chrétienne en gestation sur ces questions premières de la Foi.
L’Empereur convoquerait les Conciles et demeurerait le Chef de cette chrétienté naissante. Une pratique impériale à la romaine qui traversera le cours du temps et de l’Eglise !
Evêques, philosophes, penseurs furent  issus de ces écoles de pensée à Constantinople, Antioche, Alexandrie... ayant reçu la formation classique à l’antique des sages et des philosophes car s’agissant d’une intelligentsia triée sur le volet, reflet exact de la nature et de l’origine aristocratique de ces hommes.
Il sera dit que néanmoins, dès le Vème siècle, une renaissance identitaire de certaines régions de l’Empire en Egypte, Palestine, Syrie avait développé une liturgie autochtone, en copte et en araméen, en réaction aux influences des Grecs et de leurs théologiens, tout droit issus du Concile de Chalcédoine en 451.
Autre constatation concernant cette époque : le rayonnement des ermitages et des cénobites en ces vieilles terres chrétiennes des origines.
Les populations semblaient adhérer à la vie de ces moines différents, tel Syméon le stylite en Syrie qui choisit de percher sur une colonne pour fuir l’engouement de la foule et ainsi  se rapprocher de Dieu !
Ces monastères attirèrent les fidèles au grand dam des évêques et patriarches qui voyaient les sujets se détourner de leur aura et se dégager de leurs enseignements.
Autre élément important, le culte des reliques intensifié par le transfert à Constantinople en 638 de celles de la Croix du Christ.
Ajoutée au culte de Marie - déclarée non seulement mère de Jésus, mais également mère de Dieu au concile d’Ephèse en 431 -, l’Eglise assimile la ferveur des fidèles qui associent les reliques au culte en diffusion partagée auprès des fidèles chrétiens de ce temps.

3 – Sujets de discorde.
S’ensuivront une crise et une interprétation iconoclaste de la foi par les images, au détriment de la Parole de Dieu, de la Croix et de l’Eucharistie..
En Orient cette crise fut profonde, en Occident, elle semblait absente des préoccupations des croyants.
- L’empereur en Orient vit dans ces cultes une idolâtrie de fait comme un revers à sa mission de représentant de Dieu sur terre qui semblait éclipser sa majesté. Il décida dès lors de codifier et encadrer ce culte populaire très prisé et répandu dans son empire.
En Occident, les images servaient de vecteur éducatif, et on ne comprenait pas cette aversion des princes pour leur propagation religieuse et liturgique. Interdites puis autorisées à nouveau lors du Concile II de Nicée en 787, cette crise laissa des traces et divisa les deux poumons de l’Eglise d’Orient et d’Occident.

- Autre facteur de différence, le pouvoir ecclésial en Occident deviendra autonome par rapport à l’autorité impériale à la suite de la Réforme du pape Grégoire VII au XIème siècle. Une conception « peu orientale » où l’Empereur - seul Représentant du Dieu unique - constituait la tête de la cité terrestre et l’image de la cité céleste, auxquelles le clergé et l’église devaient obéissance et allégeance.

- Autre sujet sensible et qui divisa les églises : la guerre sainte, incomprise par les Byzantins suite à la première croisade en 1095 souhaitée par le pape Grégoire VII dans l’espoir de reconquérir les Lieux Saints, mais sans doute avec le concours des chrétiens d’Orient eux-mêmes. Mais les événements qui suivront et le succès de la croisade des Latins donneront naissance à deux autorités patriarcales, à Jérusalem et à Antioche, en favorisant à contrario la séparation psychologique et spirituelle de deux traditions chrétiennes, communes à l’origine mais distinctes par le cours des circonstances historiques.

- Le schisme de 1054 signait-il une loi de séparation effective ?Querelle de personnes et d’autorités locales, les historiens soulignent que la véritable rupture surviendra lors du sac de Constantinople au XIIIème siècle, le 13 avril 1204, qui détourna de l’objectif de la reprise de Jérusalem par les croisés et engendra le pillage en règle des églises byzantines par les Latins, contre le désir du pape et sous la férule de chefs militaires « zélés »...
Ainsi se déroula l’histoire des liaisons entre Latins et Byzantins au fil de ce Moyen Age imprévisible, difficile et tendu pour les chrétiens sur les terres du Christ, entre ses propres enfants !

François-Xavier Esponde

 

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