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Cinéma La critique de Jean Louis Requena
Murina (92’) - Film croate de Antoneta Alamat Kusijanovic
Murina (92’) - Film croate de Antoneta Alamat Kusijanovic

| Jean-Louis Requena 494 mots

Murina (92’) - Film croate de Antoneta Alamat Kusijanovic

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Cannes : "Caméra d'or" à "Murina" ©
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"Murina", la jeune fille et la mer ©
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Archipel de Kornati, au large de la Croatie. Une jeune fille en maillot de bain d’une pièce, bleu ciel, Julija (Gracija Filipovic) armée d’un harpon, plonge avec son père Ante (Léon Lucev) à la recherche de murènes dans les eaux bleu cobalt de la mer adriatique. Une murène, poisson anguilliforme aux dents acérés, a la souplesse sinueuse, se débat après avoir reçu une flèche : elle est prête à se mutiler pour s’échapper, en vain.

Julija, son père Ante et sa mère Nela (Danica Curcic), une ancienne reine de beauté, vivent sur une île paradisiaque sous le joug d’Ante, un brin autoritaire envers sa fille et sa femme : c’est un macho à la mode croate. Il commande et l’on est tenu de lui obéir sans tarder. Il doit recevoir sur son île où il a installé un petit restaurant son ami Javier (Cliff Curtis), sorte de play-boy devenu riche, pour discuter affaires. Javier arrive en bateau avec une cohorte de gens plus ou moins intéressants. La soirée joyeuse se déroule sans incidents bien que Javier soumette Ante à de nombreuses piques … Javier qui doit rester quelques jours est attiré par la beauté juvénile de Julija et la maturité éclatante de Nela qu’il a jadis connue à Dubrovnik.

Un quatuor de désir, de frustrations, et d’espérance, se forme avec l’arrivée de Javier qui jette un trouble profond sur cette île paradisiaque …

Pour son premier long métrage, Antoneta Alamat Kusijanovic (37 ans) a repris son court métrage Into the Blue (2017) (avec la même actrice, Gracija Filipovic, âgée alors de … 13 ans) dont elle a développé l’intrigue avec l’aide du scénariste italien Frank Graziano. Les personnages aux motivations complexes sont sur la terre (aride, sans végétations, sans arbres) et sous l’eau (limpide, cristalline) éléments qui donnent la fluidité au récit : Ante espère que son richissime ami Javier lancera un complexe hôtelier sur cette baie vierge de toute constructions ; Julija qui se découvre, voudrait échapper à cette bande de terre et partir étudier aux États-Unis. La mise en scène est rigoureuse, magnifiée par la directrice française et expérimentée de la photographie, Hélène Louvart. C’est une œuvre magnifiquement cadrée ou la beauté apaisante du paysage contraste avec l’apprêté des sentiments des personnages : chacun veut obtenir ce qu’il ne peut atteindre … ou cherche à l’avoir.

Murina (murène) est une œuvre d’une grande sensualité exacerbée par le soleil et la mer ; les corps a demi nu s’exposent en toute innocence (Julija) ou non (Nela) ; le désir affleure sous la peau. Les interprètes sont excellents, en particulier Gracija Filipovic (Julija) dont la longue silhouette gracile, en apparence, revêtue d’un maillot de bain, cache toute sa détermination. L’Américain Martin Scorsese ne s’y est pas trompé car ou visionnage de Into the Blue il a décidé de coproduire le premier long métrage d’Antoneta Alamat Kusijanovic.

Murina sélectionné au festival de Cannes 2021 dans la section Quinzaine des réalisateurs a été récompensé par la Caméra d’or. C’est l’éclosion prometteuse d’une cinéaste.

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