En assistant, il y a deux ans, à l’inauguration du nouveau séminaire bayonnais, voulue par Mgr Aillet dès son arrivée dans notre diocèse, je ne pouvais m’empêcher de me rappeler avec une joie teintée d’émotion sa magnifique ordination huit ans plus tôt à la cathédrale ! Or, parmi le corps vieillissant des prêtres du diocèse, beaucoup s’étaient réjouis de la promesse d’une sève spirituelle retrouvée, à l’exemple de l’abbé Joachin Jauregui, curé de Cambo : « C’est tout à l’honneur de ce qu’a réalisé notre évêque ; Mgr Aillet a réussi à attirer des jeunes qui ont choisi de servir le diocèse de Bayonne, ce seront nos prêtres dans quelques années ». Et on en voit dès maintenant les résultats miraculeux ! Je ne résiste donc pas au plaisir de retrouver ce que j’avais écrit dans la presse régionale à propos de l’ordination épiscopale de Mgr Aillet. C’était il y a dix ans :
« Alors que la tempête redoublait de vent et de pluie à l’assaut de la cathédrale, le souffle de l’Esprit illuminait l’assemblée des évêques, des prêtres et des fidèles, tous en chœur animés d’une joie rayonnante dans la ferveur des chants et la chaleur des applaudissements qui ponctuèrent le propos final et le tour de ses ouailles par le nouveau pasteur du diocèse bayonnais, Mgr Marc Aillet. Une heure avant la cérémonie, malgré la froidure et les éléments déchaînés, la nef débordait déjà vers le cloître où avaient été installés des écrans géants ! Les membres de l’Hospitalité Basco-Béarnaise avaient fort à faire pour canaliser un pareil enthousiasme. Le plus réjoui était certes le cardinal Etchegaray, à l’extraordinaire vigueur retrouvée. Dans sa pourpre cardinalice dont la tonalité s’apparentait à l’éclat vif des solanacées de son village natal, coiffé d’une mitre arborant sur ses deux rubans arrière le lauburu (croix) basque, le vice-doyen du Sacré-Collège s’enthousiasmait : « C’est un évêque qui est vraiment pasteur. J’ai senti, dès son premier contact, qu’il a conquis les cœurs, le peuple de mon diocèse. Le diocèse est entre de bonnes mains ». L’ardeur des anciens paroissiens de Mgr Aillet, venus en nombre (200) à Bayonne depuis le diocèse de Fréjus et Toulon dont il était le vicaire général en portait témoignage.
« Milesker Cardinale jauna ! », lui lança le nouvel évêque, après avoir réservé ses premiers remerciements au Nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) en France, Mgr Fortunato Baldelli, qu’il priait de « transmettre au Saint-Père l’expression de son affection filiale et de son adhésion indéfectible » ainsi que sa volonté « d’aller à Rome à la première occasion lui dire de vive voix son attachement et sa reconnaissance pour sa confiance ».
Sans oublier le Cardinal Ricard qui présidait à son ordination en qualité d’archevêque métropolitain de Bordeaux ; ni, parmi la vingtaine d'évêques présents, Mgr Blasquez, évêque de Bilbao et vice-président de la Conférence des évêques d’Espagne, et son auxiliaire Mgr Izeta, ainsi que Mgr Uriarte, évêque de Saint-Sébastien : « votre présence est le signe des bonnes relations qu’entretiennent nos diocèses du Pays Basque du sud et du nord ».
Quant au P. Pascal Nikiema, vicaire général de Ouagadougou, venu spécialement du Burkina Faso, il témoignait du lien tissé par Mgr Aillet avec « l’Afrique où il était né et où la jeunesse de l’Eglise est tellement rayonnante ».
Les jeunes, sentinelles du matin
A la jeunesse du nouvel évêque (à peine51 ans) répondait celle du chœur formé par une quinzaine de séminaristes auxquels s’étaient joints quelques prêtres et diacres de la Communauté Saint-Martin dont Marc Aillet fut membre « quasiment depuis la première heure ». Ils ont chanté un merveilleux « introït » sur le mode grégorien selon « la sobre beauté et la sacralité de la liturgie romaine » diffusée par ce groupe (50 prêtres et 45 séminaristes) qui vient d’éditer « Les Heures Grégoriennes » tout en prenant à charge des paroisses ou en organisant des pèlerinages. On remarquait également des « Scouts d’Europe » dont le mouvement avait « accompagné son adolescence et où il avait appris le sens du service et de la responsabilité ».
D’ailleurs, dans le premier message qu’il avait adressé à ses futurs diocésains dès sa nomination par Benoît XVI le 15 octobre dernier, l’évêque n’invitait-il pas « les jeunes qui sont l’Espérance de l’Église » à constituer « les sentinelles du matin » ?
A peine arrivé, Mgr Aillet les rencontra le 9 novembre à Mauléon en présidant une messe (concélébrée également par de jeunes prêtres) à l’occasion d’une journée de témoignages sur les JMJ de Sydney et de Lourdes, « riche en émotion, en amour et spiritualité » selon une des participantes. Il y éprouva un premier aperçu de la danse basque, avant l’« aurresku » d’honneur pour son ordination esquissé devant l'autel, pendant l’Elévation, par un jeune danseur en costume traditionnel accompagné d’un txistu et d’un violon.
Et, en prélude à de futures liturgies célébrées en euskara, Mgr Aillet fut chaleureusement applaudi lorsqu’il conclut son homélie en basque et en béarnais : « Baiona, Lezcar eta Olorongo eliza, oroit zaite zure kultura ederraz ; zure kristau erroak hain dira ageriak ; berri zazu zure historia markatu duen misionest oldarra ». (Eglise de Bayonne, Lescar et Oloron, souviens-toi de ta belle culture, tes racines chrétiennes sont tellement évidentes ; et renouvelle l’élan missionnaire qui a marqué ton histoire).
La dignité de l’homme depuis sa conception
Quant aux autorités civiles et militaires - parmi lesquelles on remarquait le ministre Mme Michèle Alliot-Marie, les députés Jean Grenet et Daniel Poulou, des conseillers généraux et de nombreux maires, ainsi que les préfet, sous-préfet, procureurs, etc. - Mgr Aillet les assura de sa collaboration « dans les limites d’une laïcité positive », selon l’expression du Pape lors de son récent voyage en France, « au service du bien de l’homme, en cette période en particulier où la crise financière risque d’augmenter la situation de détresse des plus démunis. Nous serons à vos côtés, chaque fois que ce sera nécessaire pour défendre la dignité de la personne humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, ou pour promouvoir la famille, le socle sur lequel repose toute société, fondée sur l’union d’un homme et d’une femme ouverts à la vie ». L’évêque de Bayonne a encore annoncé son « active participation à la prochaine consultation du gouvernement en vue de la révision des lois relatives à la bioéthique, dont les enjeux anthropologiques sont si importants pour l’avenir de notre société ».
Alexandre de La Cerda