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Patrimoine religieux
Lescar, une cathédrale en jouvence
Lescar, une cathédrale en jouvence

| François-Xavier Esponde 775 mots

Lescar, une cathédrale en jouvence

On annonce que la restauration de la cathédrale de Lescar est en cours depuis le 21 octobre dernier. 2 500 m2 de toiture de Notre Dame de l'Assomption vont disposer de 100 000 ardoises à poser sur "la tête de la noble dame". Une opération coûteuse de 2,7 millions d'euros TTC pour 21 mois de travaux engagés pour ce chantier imposant.

Avant ce travail titanesque entrepris, les infiltrations y demeuraient reines du lieu, et l'eau même à Lescar en ce site historique unique du royaume de Navarre et du Béarn y causaient son lot de dégâts continus. La commune de Lescar attendait ce jour béni des dieux béarnais pour se sentir soulagé par la providence de notre Etat, propriétaire de toutes les cathédrales de France, non sans un réel coût pour les contribuables. Car les heureux propriétaires de ces demeures régaliennes savent que de telles souveraines - patrimoniales s'entend - ont un prix de l'entretien et de restauration peu envié par le commun des sujets.

Trois procédures de marché public ayant été infructueuses selon Mme le maire de Lescar, Valérie Revel, la particularité d'un site ancien et de règles spécifiques pour le restaurer demandaient aux entreprises des compétences dont chacun conviendra qu'elles dépassent celles nécessaires à la construction d'une salle de sport bétonnée, matériau plus courant dans ce marché.

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Cathédrale de Lescar, tombe des rois de Navarre ©
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Il n'y a donc pas que Paris qui disposera en la matière des prouesses des Compagnons du Devoir. C'est un de leurs anciens dirigeants, la SARL Toitures des Pyrénées à Adé en Bigorre qui a obtenu ce marché que les Béarnais et les Bigourdans vont partager et commenter entre voisins de bon usage. La dite société avait déjà restauré l'église de Bénac en Bigorre et s'attaque désormais au fleuron royal béarnais au Royaume de Navarre où reposent ses souverains qui y ont trouvé leur séjour éternel, comme Jeanne d'Albret qui pour les Basques n'est pas étrangère à leurs souvenirs "départagés" ! Sans faire l'impasse sur Marguerite de Navarre qui en ces temps franchissaient les Pyrénées avec montures et cavaliers pour protéger leurs biens, terres, églises et sanctuaires. L'histoire nous le rappelle.

Jouer sur le domino de 100 000 ardoises irrégulières comme au Moyen Âge, avouez la prouesse est un défi de Compagnons, pour chacune fixée sur ce toit avec un clou de cuivre en cette cathédrale bâtie entre le XIème et le XIIème siècle et consacrée en 1145 pour le bénéfice de la population qui dispose avec Oloron Sainte-Marie des édifices religieux les plus admirables et anciens de ce département dit des Basses-Pyrénées.

Les Navarrais ne seront pas de reste puisqu'une centaine de tonnes d'ardoises pour reconstituer la couverture devaient transiter par le Somport - on peut s'interroger quel sera l'itinéraire de remplacement à la suite de l'effondrement de la N134. On ne lésine plus sur Noble Dame s'agissant de l'Assomption et de la souveraine Jeanne à qui on ne reconnut pas un tel culte marial de son vivant mais que ses affiliés partageront avec la Vierge Mère des chrétiens béarnais de ces quelques 800 ans d'histoire assurée. Une façon de travailler moderne que donneront à voir ces ouvriers dans leur compétence professionnelle pluri disciplinaire dès lors que les méthodes de projection modernes de sécurité et de risques viendront étayer leurs moyens.

Comme à Bayonne actuellement, la Noble Dame de Lescar sera corsetée - comme jamais en son histoire - de ces échafaudages imposants, d'un poids de 150 tonnes, sur les deux versants des murs de l'édifice. En somme, une tour d'ivoire ou peuchère, "milou diu", une prison dorée comme on les pratiquait jadis en ces heures tendues des disputes religieuses passées en cette cité et ce lieu.

Le parapluie dressé au dessus de l'ensemble pour protéger de la pluie et du givre béarnais hivernal, assurera ce confort du travail aux ouvriers et sauvera nos souverains désormais bien exposés aux sujets du royaume, venus les préserver des vandales et des brigands au cours de ce chantier. La première partie concernera la nef et le transept jusqu'en novembre 2025, avant de démonter et remonter l'armature pour continuer à travers l'abside et l'absidiole. Bien évidemment la DRAC assurera le déroulé du projet jusqu'à pouvoir dissimuler le risque inesthétique de voir ce monument médiéval ainsi démembré voilé sur une surface de 3 500 m2 par un trompe l'œil le long du monument

Drac, Conseil Général 64, Mairie de Lescar, Agglo Pau Pyrénées seront les partenaires ajoutés au projet en sus de fonds européens en attente de réponse. La réponse du diocèse, selon le rapporteur du projet financier, est laissée aux paroissiens et visiteurs du lieu comme se passe d'ordinaire en toute église et en tout chantier de restauration, agrandissement ou réfection.

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