Pour célébrer les 50 ans de jumelage entre les villes d’Anglet et d’Ansbach en Bavière, l’Orchestre Régional Bayonne Côte Basque interprétera samedi 24 mars à 20h30 au Théâtre Quintaou le Concerto pour violoncelle op 129 de Robert Schumann et la Première Symphonie de Gustav Mahler, très justement dénommée Titan, premier opus d’un cycle symphonique d’une ampleur inégalée, deux compositeurs emblématiques du romantisme allemand.
A cette occasion, Marion Platero, jeune violoncelliste pleine d’avenir, deuxième lauréate de la bourse des Amis de l’ORBCB qui récompense un jeune musicien issu du Conservatoire Maurice Ravel et débutant sa carrière professionnelle, se produira en soliste aux côtés de l’ORBCB, dans le concerto de Schumann.
C'est le 24 octobre 1850, jour de son premier concert à Düsseldorf où il avait accepté le poste de Musikdirector de l'orchestre, que Schumann termina sa « Pièce de concert pour violoncelle avec accompagnement d'orchestre » commencée 14 jours plus tôt. Malgré l'abandon progressif de ses forces et l'échec de son opéra « Genoveva » créé à Leipzig, comme pressé d'épuiser ses dernières ressources « tant qu'il est jour » (son journal intime), il ne cesse de composer. Clara note que l’œuvre composée par son mari l'a été pendant une phase de créativité euphorique, « écrite de la manière la plus adaptée au caractère du violoncelle ». Dans son journal du 11 octobre 1851, elle écrit encore : « Le romantisme, l'esprit, la fraîcheur, l'humour, puis l'entrelacement fascinant du violoncelle et de l'orchestre, tout cela est vraiment passionnant. Et puis l'harmonie et un sentiment profond remplissent les passages chantants » !
Quant à Mahler, il n'avait que 25 ans lorsqu’il débuta l’écriture « dans une exaltation devant la nature en marche, ses bruits, sa puissance et sa douceur » de son projet de grand poème symphonique esquissé en 1884 qui devait devenir sa première symphonie dont la partition fut achevée entre 1887 et 1888, se heurtant à l’incompréhension des chefs, de sorte que c’est lui-même qui la créera après avoir été nommé directeur de l'opéra royal de Budapest ! Une musique bouillonnante, avec des marches comme les aimait Mahler - qui ne ratait jamais un défilé militaire – et des « tempêtes » de cuivres, de cordes et de percussions, débouchant à nouveau sur un rythme de marche titanesque, non sans alterner avec des passages exprimant de profondes blessures au cœur : le jeune compositeur en pinçait (c’était déjà d’actualité !) pour une femme plus âgée que lui, Marion Weber, épouse du petit-fils de l'auteur du « Freischütz ». En somme, un élan vital, une poussée créatrice semblable à une éruption sonore qui fait utiliser à Mahler une formation d'une puissance de feu inconnue avant les années 1880, exception faite, peut-être, du « Crépuscule des Dieux » de Wagner : 4 flûtes + 2 piccolos, 4 hautbois + cor anglais, 4 clarinettes dont clarinette basse, 3 bassons + contrebasson, 7 cors, 5 trompettes diverses, 4 trombones, tuba, timbales (2 timbaliers), triangle, tam-tam, cymbales, grosse caisse, harpe et cordes à profusion. Autant dire que notre Orchestre Régional s’est attelé à un défi « titanesque » !
La violoncelliste Marion Platero
Sous la direction de Nicolas Simon, c’est la jeune et talentueuse violoncelliste Marion Platero qui jouera Schumann. Née en 1989 à Bayonne, Marion Platero commence l'apprentissage du violoncelle au conservatoire bayonnais dans la classe de Jacques Doué. Après y avoir obtenu son DEM avec les félicitations du jury dans la classe d'Emmanuelle Bacquet, elle est admise à l'âge de 15 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Philippe Muller. Elle obtient en juin 2010, un Master de violoncelle (avec une mention très bien à l'unanimité et les félicitations du jury) ainsi qu'un Master de musique de chambre deux ans plus tard dans les classes de Claire désert et d'Amy Flammer. Elle part ensuite se perfectionner 4 ans à la Escuela Reina Sofia de Madrid dans les classes de Natalia Shakovskaya et d'Ivan Monighetti. La rencontre avec la musicienne russe fut déterminante : dès le premier contact, qui lui parut un peu abrupt, notre violoncelliste bayonnaise comprit qu’il fallait qu’elle se surpasse pour offrir le meilleur d’elle-même, au-delà de la bonne technique d’interprétation. Les conseils et l’enseignement de Natalia Shakovskaya ont dû porter car Marion Platero obtint en juin 2014, des mains de la Reine Sofia d'Espagne, le prix de la plus brillante élève de sa classe. Elle y obtint également la même année avec son groupe de musique de chambre, le trio Haendel, la même distinction. De plus, Marion sera sélectionnée pour intégrer la classe d 'excellence de violoncelle » dirigée par Gautier Capucon à la Fondation Louis Vuitton à Paris (promotion 2015/2016). Dès lors, les masters-classes s’enchaîneront avec les concerts en solistes au sein des formations musicales les plus prestigieuses. Titulaire de nombreux prix (Raynaud Zurfluth, Royaume de la musique, prix de l’académie Maurice Ravel à Saint Jean de Luz, et de nombreux concours tels le 1er prix et prix spécial EMCY au concours de San Sébastian, lauréate du concours Pro Musicis en décembre 2010, du mécénat société générale 2009, Marion Platero a également été nommée révélation classique ADAMI 2009.
On ne compte pas tous les festivals célèbres où elle se produit désormais (festival Pablo Casals à Prades, Musique en Côte Basque, Arte Piano d'Agen, Aix en Provence, Deauville, à la Fondation Singer Polignac, au Théâtre des Champs-Elysées, au Chatelet, Congertgebouw d'Amsterdam, à la Maison de la Radio à Paris, aux côtés de grands interprètes tels que Gautier Capuçon etc. Depuis cette année, Marion se perfectionne auprès de Clemens Hagen au Mozarteum à Salzburg en Autriche en post graduate program. En parallèle, elle se produit en concerts dans diverses formations en France et à l'étranger.
Avant ce concert, l’occasion sera donnée au public de rencontrer cette talentueuse violoncelliste bayonnaise à la Médiathèque d'Anglet mercredi 21 mars à 18h30, (entrée gratuite, avec la participation des élèves du Pôle d’Enseignement Supérieur Musique et Danse Bordeaux Aquitaine.
Concert samedi 24 mars à 20h30 au Théâtre Quintaou, tarif plein / 25€, abonné SnSA / 22€,
groupe (à partir de 10 personnes) et étudiants / 15€, -22 ans et élèves CRR (hors pratiques amateurs) / gratuit. Formule Piccolo / 15 ou 20€ (infos, billetterie : www.scenenationale.fr).
Alexandre de La Cerda