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Religion
L’Avent et Noël ou la renaissance en toute bénédiction
L’Avent et Noël ou la renaissance en toute bénédiction

| François-Xavier Esponde 1311 mots

L’Avent et Noël ou la renaissance en toute bénédiction

1 - Le sens de la bénédiction

Béni soit l’Eternel qui nous fait partager le bénéfice de ses bienfaits.
Les chrétiens retrouvent ce sens de la bénédiction lors des repas, des échanges et de circonstances particulières de toute vie.
Selon une origine ancienne portée par le terreau biblique du Judaisme le plus inspiré.

On identifiait parfois ces demandes à des superstitions, elles retrouvent le sens original de leur message, lors de rentrée scolaire en remettant le cartable à l’enfant, la remise d’un anneau, d’un bijou, d’une bague de fiançailles ou l’occupation d’un appartement nouvellement aménagé.
Nul doute que derrière ces évocations peut exister la crainte magique d’un imprévisible, mais qu’importe sans doute, la diversité de telles demandes se nourrit de toute vie, de relations et d’échanges avec des tiers et de l’inconnaissable que certains adoptent comme le destin ou l’appel de la providence pour eux.

Si bénir veut  signifier dire du bien, l’hébreu Berakha a Dieu lui-même pour sujet.
Il bénit chaque jour, le premier au dernier, il bénit la personne elle-même qu’il a créé, homme ou femme, comme la plénitude sublime de toute vie reçue de l’éternel, en abondance, généreuse, et capable d’être répandue sans limite.

Le juif dans sa piété dit en substance, « Béni sois - tu, Eternel notre Dieu, qui crée tout fruit de l’arbre et toute grain du pain du quotidien ».
Comme un don et jamais comme un dû, à l’adresse d’un tiers toujours présent dans chaque instant de nos vies personnelles.
Un rapport à l’autre que soi, qui maintient la distance entre le créateur et le créé, et évite de se prendre pour le centre du monde ou l’origine en soi de nos destinées.

Dans nos langues anciennes, le basque étant du nombre, Jainkoaren nahia appartient à toute expression verbale de celui qui dispose du pouvoir et de décider de sa vie.
Jainkoak erranik, jainkoa betikotz, jainkoa baizik, développent des formules de salutation ou de pacification inter personnelle, bien acquises dans les rites liturgiques, mais aussi dans des échanges et des correspondances personnelles de la vie courante.
Que la paix soit avec vous”, en hébreu et en arabe, un bonjour décomposé en souhait de bon - jour, ont conservé ce message ancien de salutation mutuelle entre sujets qui laissent cours à l’échange et à son caractère imprévu.

Au langage des bénédictions souhaitées en réaction possible revient le sentiment révulsif ou de malédiction  de celui qui la rejette par l’évocation maléfique de la punition ou du rejet qu’il souhaite.

Le vouloir d’une bénédiction se confondrait avec le bénéfice d’un bien obtenu, mais sans en prendre la mesure de la responsabilité engagée pour ce faire.
Le caractère profane ou païen de toute crainte ou inversion possible de quelque bénédiction n’est jamais exempt du risque de confusion, de grâce ou d’intérêt, de profit ou d’échec.
Demander une grâce est un pari risqué  qu’un enjeu de vie se joue dans un tel échange jamais gagné d’avance, jamais perdu à l’avance, mais exposé au risque d’une situation personnelle livre le  destin de chacun.

2 - Noël, incarne la paix inachevée de toute éternité

En ce temps de l'avènement de Noël souvenons-nous du projet du pape Pie XI  en 1925 instituant le fête du Christ roi de l'univers lors de la réforme liturgique de Vatican II dans un temps pour l'église des plus éprouvants.
En 1922, lors de la parution de l'encyclique Sur la paix du Christ dans le règne de Dieu, le texte est encore douloureusement compris  par les fidèles au sortir de la première guerre mondiale par l'auteur de la devise pontificale de Pie XI, "A la recherche de la paix du Christ par le règne du Christ."

Le monde ambiant est encore menacé de divisions des Etats toujours entre eux, sur les querelles politiques, la lutte des classes et la déchirure de la cellule familiale éprouvée par la saignée de la grande guerre et l'immoralité qui s'en prévalut.
Au temps du fascisme, du nazisme et du communisme d'alors, le pape dénonce les idolâtries déréglées du patriotisme et de la race en nationalisme immodéré, par rejet des valeurs de la fraternité au sein de la famille humaine." Des propos considérés comme objectifs mais rudes de ce temps de fin de la guerre mondiale et mal compris.

Hier comme aujourd'hui la parole de Pie XI est parfaitement inspirée.
"Toute pacification des esprits au sortir d'une guerre féroce, passe par une conversion intérieure. Il y a peu à attendre d'une paix artificielle et extérieure qui règle et commande les rapports réciproques des hommes comme ferait un code de politesse, Ce qu'il faut, c'est une paix qui pénètre les cœurs, les apaise et les ouvre peu à peu à des sentiments réciproques de charité fraternelle. Une telle paix ne saurait être que la paix du Christ."

Particulièrement en ce temps de conflit larvé de Noël celui-là que désigne toujours le terme Messie, l'oint de Dieu, le Christ a reçu cette onction divine de libérer le peuple de l'occupant romain, et de rétablir la paix en ces récits bibliques évangéliques de son incarnation.
C'est là une redite continue de l'aspiration à la paix au sortir de toute guerre comme un espoir de la renouer par l'amour. l' inversion de toute guerre rampante rendant les destinées d'une humanité nostalgique de la paix perdue et réclamée sans fin dans le chaos.

Christ seul dispose de toute mort, pour l'avoir acceptée par refus du mal et de toute puissance destructive de la vie et de la vengeance innée de l'humanité.

Le pape Pie XI le demanda par son encyclique de 1925, pour un règne du Christ habité de la paix du Christ en œuvre dans le monde, il faudra l'espérer encore en ce siècle de guerre répétée, dans le dessein des hommes, peu prompts à l'accepter...

Et cependant toujours acquis à un royaume d'amour et de vérité, de justice et de paix inauguré par le Christ mais qui tarde encore à se réaliser !

3  -  Nuitée de l'attente de Noël

Au temps de la nuit céleste, de la saison sombre de l'année, l'Avent annonce le retour de lumière prochaine.
Au cœur de la nuit longue de la journée où, à notre époque, les Français dorment moins que jadis, il est constaté que le jour lutte contre la nuit qui annule et enveloppe le visible en voulant se substituer à la nuit par un autre jour, éclairci, travailleur et productif.

Par peur du noir, du vide cherchant à échapper aux heures sombres, nous développons le culte de la lumière immortelle, et toute phobie contre le noir obscur de la journée.
Une maladie moderne  et virale que celle de refuser le cycle naturel du  clair et obscur, du noir et du jour, du repos et du labeur, que le temps liturgique de l'avent appelle de ses vœux comme un retour à soi sous un ciel étoilé, où la nuit représenterait l'un des derniers endroits qui rappelle le temps d'avant la modernité de lumière ininterrompue.

Dans la mythologie grecque, la déesse Nyx personnifiant la nuit, descendante du chaos  tiré par quatre chevaux noirs représentant l'informe d'un réel invisible, en quoi la lumière donne visage aux choses, on définissait ce rapport à la nuit comme bienfaisant pour la nature.

L'Avent liturgique et son pendant de quarantaine d'avant Noël laisse cours à cette créativité naturelle et personnelle qui conjugue l'environnement et le temps du vivre de cette nuit de toute obscurité personnelle en chacun de nous. Janine Mossuz Lavau dans Désir de nuit a réuni des centaines de pages d'écrivains racontant la nuit "couleur de paupières posées sur la terre et la mer", comme chanté par Saint John Perse.

La nuit reste cette part d'inconnu de chaque vie, d'un temps d'errance et d'attente avant le renouveau, un horizon où l'esprit se refait ses forces, ses énergies, son désir de vivre et de progresser en ce temps indicible, parfois contraint et vivifiant pour quelque renouveau.

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