De nombreuses manifestations sont organisées ces vendredi 20 et samedi 21 octobre à Garlin - dont le collège porte le nom - à l’occasion de la sortie du timbre à l’effigie de l’écrivain béarnais Joseph Peyré (1892-1968) pour le 125e anniversaire de sa naissance
D'après la presse paloise, c'est le Chef de l'Etat, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, qui était intervenu personnellement l'année dernière afin qu'un timbre soit réalisé à l'effigie de l'écrivain, Prix Goncourt 1935 pour son roman « Sang et Lumières ». Une exposition reconstituera une école rurale d’antan sous la halle de Garlin et des conférences reviendront sur le parcours du journaliste et écrivain voyageur ainsi que sur le timbre à son effigie.
Fin connaisseur de l'Espagne et grand amateur de tauromachie, Joseph Peyré était particulièrement attaché au Pays Basque.
Dans son bel album « De mon Béarn à la mer basque », il écrivait : « J'ai parcouru tous les chemins de mon pays, En voici l'itinéraire, témoignage porté sur les terres et sur les paysages du Béarn et du Pays Basque. Ce visage de ma terre, tel qu'il s'est constitué pour moi avec le temps, mes raisons d'en dépendre, de l'aimer, de lui rester fidèle ».
Joseph Peyré est né sur les côteaux béarnais, à Aydie où auront lieu toutes les découvertes de l'enfance à l'abri de l'école paternelle (ses parents étaient instituteurs). Plus tard, parmi les trois lieux clés où il vécut, figure Saint-Jean-de-Luz : c’est ainsi qu’on peut entendre sa voix sur le disque 33t « Jour de fête au Pays Basque » dont il avait assuré la présentation, avec les enregistrements des chorales et orchestres de Saint-Jean-de-Luz
(http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k88058478/f2.item)
Il est également l’auteur de « Jean le Basque » (1967), un roman illustré par Ramiro Arrue : « Pâques au Pays Basque : vêpres, partie de pelote interrompue par l'angélus, fandangos. Jean le Basque, berger d'un petit village perdu a l'honneur de jouer la partie de pelote auprès de son curé et conseiller spirituel, qui est aussi un pelotari prestigieux. Mais, pour Jean, ce sont les adieux au pays. Car, aussitôt après, il s'embarque en avion pour l'Amérique du Nord. Que va devenir le jeune émigrant dans ce pays lointain où certains de ses aînés ont fait fortune, où tant d'autres ont disparu ? La solidarité des exilés sera-t-elle plus forte que la lutte pour la vie dans ces déserts du Nevada où soufflent les blizzards, où les troupeaux affrontent les loups? Comment les expatriés triomphent-ils de la solitude ? C'est ce que révélait ce livre au décor unique ».
Avocat stagiaire au barreau de Pau, entre 1918 et 1925, il sera tour à tour secrétaire du philosophe béarnais Pierre Lasserre et précepteur d'Édouard Pourtalé, cousin d'Henri Diriart, directeur du « Petit Palois », l’époque où il débuta l’écriture. En accompagnant Édouard Pourtalé en Suisse, il rencontra Francis Carco et Joseph Kessel qui vont favoriser ses débuts dans le grand journalisme parisien. Les succès littéraires engrangés dès 1931, le labeur acharné auquel il s'astreint et les séjours à l'étranger ne diluent pas le sentiment d'appartenance identitaire avivé par la mémoire de son oncle, Pierre Peyré : les étés à Aydie, les grandes tablées d'invités et l'accueil des campeurs dans sa « Palombière ». Sa « géographie sentimentale » basco-béarnaise lui faisait qualifier ses compatriotes de « fils d'un pays parfait et qui nous offre en raccourci l'image du monde »…
S'était présenté à l'Académie française en 1956 sur les instances de Pierre Benoit et du duc de Lévis-Mirepoix, Joseph Peyré ne fut point élu, malgré un nombre important de voix. Le duc de Lévis Mirepoix écrivit à ce propos : « C'était l'écrivain le moins porté à faire une campagne. Il n'était capable que d'attirer et de ressentir l'amitié. Il se montrait peu et venait rarement à Paris.[...] À cette amitié de vingt ans toujours présente mais glissée au domaine des ombres, qu'il me soit permis de renouveler cette voix qui n'a pas abouti, mais qui demeure un fidèle hommage ».
Décédé d'une longue maladie en 1968, Joseph Peyré fut inhumé auprès des siens au cimetière d'Aydie.
Alexandre de La Cerda