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Des Hommes
La mémoire du Tour : un grand coureur basque souletin
La mémoire du Tour : un grand coureur basque souletin

| Alexandre de La Cerda 647 mots

La mémoire du Tour : un grand coureur basque souletin

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Marcel Queheille, vainqueur à Bayonne en 1959 ©
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A l'occasion de la prochaine arrivée du Tour de France à Bayonne, les mémoires se délient et les anciens se souviennent des champions régionaux, on évoque volontiers le landais André Darrigade, établi depuis lors à Biarritz, ou le bayonnais Roger Lapébie, vainqueur du Tour en 1937.

Pour notre part, nous souhaiterions évoquer le souvenir du cycliste souletin Marcel Queheille, hélas disparu - nonagénaire - il y a deux ans.

Marcel Queheille est né en 1930 à la maison Karrikartia de Sauguis d’où était également originaire son père Junes Queheille (maison Bixixakia). Quant à sa mère, Marie Algalarrando, elle provenait de la maison Ezkandan de Tardets avant de se fixer – dans son enfance - à Sauguis où vivaient ses tantes (Equioz de nom de famille), à la maison Ihitxartia (Karrikartia leur appartenait également). 

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Le bayonnais Roger Lapébie ©
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D’abord apprenti-menuisier avec son oncle, il passa son CAP mais décida de se consacrer exclusivement au cyclisme. Il était surnommé "le diable rouge" à cause de son maillot de couleur rouge du Sport Athlétique Mauléonnais, club omnisport né en 1905. Coureur cycliste professionnel pendant l'âge d'or du cyclisme, Marcel Queheille a participé à quatre Tours de France de 1957 à 1961 au sein de l'équipe régionale "Ouest-Sud-Ouest" dirigée par le Bayonnais Paul Maye. Il fut un excellent grimpeur, mais en terrain plat, il remporta brillamment en 1959, échappé seul depuis la côte d'Urt, à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, l'étape Bordeaux-Bayonne, plutôt réservée au Dacquois André Darrigade.

Marcel Queheille s’était déjà distingué lors de sa première participation à La Grande Boucle, le 14 juillet 1957, il avait terminé second de l'étape Barcelone - Ax-les-Thermes (220 km) derrière le Breton Jean Bourles, vainqueur en solitaire. Lors de cette étape, lancé seul à la poursuite du Breton, il fut l'unique témoin visuel de la chute mortelle, dans les gorges du Rio Ter en Espagne, du journaliste de Radio-Luxembourg Alex Virot et de son motard Jean Wagner, alors que ces derniers venaient de le renseigner sur l'écart qui le séparait de l'homme de tête : « Puis à une cinquantaine de mètres devant moi, je vis la machine perdre l'équilibre sur les gravillons. Elle partit en zig-zag, le chauffeur tentant de la maîtriser; elle heurta une borne puis deux, puis disparut dans le vide. Je n'aperçus que deux jambes en l'air, et des souliers qui voltigeaient. Jamais de ma vie, je ne pourrai oublier cela », déclara-t-il à l'arrivée. 

Marcel Queheille s'illustra également dans le Tour 1961, lors de la 17ème étape, l'étape mythique Luchon - Pau, jalonnée des redoutables cols de Peyresourde, Aspin, Tourmalet, Soulor et Aubisque. Surclassant largement le Luxembourgeois Charly Gaul dans les cols (qui termina 3ème de ce Tour remporté par Jacques Anquetil), échappé seul pendant plus de 100 km, il franchit en tête le Tourmalet. Rattrapé dans la descente de l'Aubisque au terme d'une chevauchée inoubliable, il termina 3ème à Pau et remporta cette année-là le « Prix de la Super-Combativité », splendide récompense pour ce coureur particulièrement audacieux.

Après sa belle carrière sportive, Queheille continua la pratique du sport cycliste lorsque la retraite avait sonné. Il parcourut des milliers de km par an à vélo, n'hésitant pas, en particulier, à grimper les cols basques parmi les plus durs. Il avait déjà transmis depuis quelque temps à ses fils Didier et Bruno le relais de son magasin de meubles. Toujours coiffé d’un béret rouge, il bénéficia jusqu’à la fin de sa vie d’une large cote de popularité, symbolisée au sein des amoureux de la petite reine par 
« La Marcel Queheille », épreuve cyclosportive à son nom dont la prochaine édition est prévue le 8 août prochain à Mauléon. 
Il y a cinq ans, Didier Béoutis lui avait consacré une biographie intitulée « Marcel Queheille, le diable rouge du cyclisme », et le conseil municipal de Mauléon avait proposé de l’honorer en lui attribuant une rue à son nom, l’impasse qui mène au local du SAM cycliste.

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