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Littérature
"La Dernière Nuit de Don Juan" de Rostand rééditée et donnée à la Comédie Française
"La Dernière Nuit de Don Juan" de Rostand rééditée et donnée à la Comédie Française

| Baskulture / Alexandre de La Cerda 862 mots

"La Dernière Nuit de Don Juan" de Rostand rééditée et donnée à la Comédie Française

Après "Cyrano", c'est "La Dernière Nuit de Don Juan" d'Edmond Rostand qui est programmée à la Comédie Française à partir du 25 mai et jusqu'au 7 juillet dans une adaptation et mise en scène de Maryse Estier.

Absorbé par les travaux titanesques entrepris à la Villa Arnaga et par son ambitieux Chantecler, Edmond Rostand avait entamé en 1911 l’écriture de La Dernière Nuit
de Don Juan, un texte sur un séducteur charismatique confronté à la vacuité de son existence. Lorsque la guerre éclate, l’auteur abandonnera le manuscrit resté
inachevé par suite du décès de l'écrivain quelques semaines après l’annonce de l’armistice en 1918. 
Trois années plus tard, ses proches décident de publier ce poème dramatique en deux parties et un prologue dans l’espoir de le voir monté au Théâtre de la Porte Saint-Martin. 
L’éditeur Fasquelle avait précisé en avant-propos : « Les deux parties de cette pièce étaient entièrement écrites avant la guerre. Le prologue, reconstitué sur des brouillons fragmentaires très raturés, ne pouvait être considéré que comme une ébauche, obligeant pour l’intelligence du drame de compléter les indications de scène du texte original ».

"La Dernière Nuit de Don Juan" fut créée l'année suivante, le 10 mars mars 1922, au Théâtre de la Porte Saint-Martin : si le public parisien s’y était pressé pour découvrir l’œuvre posthume, le charme de Don Juan n’opéra guère cette fois et la pièce, jugée sombre et complexe, fut retirée de l’affiche après 34 représentations.

L’argument

"La Dernière Nuit de Don Juan" débute au moment où s’achève Dom Juan ou le Festin de pierre de Molière (1665). Rostand emprunte à ce dernier la structure de la pièce et on relève quelques similitudes dans les traits de caractère du fidèle serviteur Sganarelle. Nul doute qu’il avait eu également connaissance de L’Abuseur de Séville, pièce de 1630 du moine Tirso de Molina, qui évoquait déjà le mythe de ce libertin, même s’il avait décidé que lors de cette dernière nuit d’introspection, le personnage gagnerait en profondeur...
Ainsi, Don Juan est emmené par la statue du Commandeur aux Enfers mais négocie avec le Diable. Celui-ci lui accorde un sursis de dix ans. Dix ans après, le Diable revient chercher Don Juan sous les traits d’un marionnettiste. Don Juan défend l’œuvre de sa vie, mais dans une cruelle joute oratoire, le Diable va montrer à Don Juan l’échec de son existence. Don Juan croit avoir «possédé» et «connu» 1003 femmes, les ombres des femmes viennent lui prouver le contraire. Toutes arrivent masquées et lui disent quelques mots : si le séducteur en peut appeler une seule par son prénom, il sera libre. Il échoue. Don Juan affirme ensuite qu’il les a fait pleurer : si une larme est sincère et que Don Juan s’en souvient, il sera sauvé. Il échoue une nouvelle fois. Don Juan affirme ensuite avoir « fait l’aumône » mais « le pauvre » vient lui jeter l’or de l’aumône à la figure, avec mépris. Don Juan à bout d’arguments est envoyé dans la boîte à marionnettes, car il n’est même pas digne des feux de l’Enfer.

L'adaptation et la mise en scène de cette nouvelle programmation à la Comédie Française est due à Maryse Estier : ancienne membre de l’académie de la Comédie-Française, elle est passionnée par l’œuvre d’Edmond Rostand, à l’origine de sa vocation pour le théâtre, et dont elle avait déjà monté "L’Aiglon".
Mais elle est également due à Olivier Aubriet, membre du Conseil d'Administration des "Amis d'Arnaga" qui se partage entre sa profession dans les sciences pharmaceutiques et sa passion pour Edmond Rostand : ayant soutenu financièrement sa représentation, il a également rédigé une note de contextualisation et de présentation de la pièce sur la demande de Maryse Estier et qu'elle a partagée à la Comédie-Française.

Nouvelle production : « La dernière nuit de Don Juan » d'après Edmond Rostand dans une adaptation/Mise en scène de Maryse Estier, interprétée du 25 mai au 7 juillet à 18h30 (relâches les lundis et mardis) au Studio-Théâtre - Galerie du Carrousel du Louvre (place de la Pyramide inversée - 99, rue de Rivoli - Paris 1er)
Entrée : de 12 € à 27 €
Réservations : tél. 01 44 58 15 15 et : www.comedie-francaise.fr  /  Calendrier détaillé sur :  www.comedie-francaise.fr 

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"La Dernière Nuit de Don Juan" rééditée ©
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La Dernière Nuit de Don Juan rééditée chez Gallimard
Par ailleurs, la pièce, enrichie de documents inédits, a été rééditée chez Gallimard dans la collection Folio théâtre avec une préface de Bertrand Degott (avec la contribution de Maryse Estier et d’Olivier Aubriet).
Entraîné aux Enfers par la Statue du Commandeur, que devient Don Juan ?
Edmond Rostand nous le fait retrouver dix ans plus tard, dans un palais de Venise, prêt à se rendre au bal. Mais un montreur de marionnettes le contraint à revoir ses plans. 
Au cours d’une longue nuit de bataille avec le Diable, qui se révèle être aussi un face-à-face avec lui-même, Don Juan doit affronter chacune de ses anciennes conquêtes, mille et trois Ombres portant toutes « la rose, le manteau, le masque et l’éventail ».
Après le feu d’artifice de Cyrano de Bergerac (1897), les fêtes et les fastes de L’Aiglon (1900) et de Chantecler (1910), La Dernière Nuit de Don Juan, publiée après la mort d’Edmond Rostand, brille d’une lueur crépusculaire. 

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Croquis de costumes de Georges Barbier 1922 ©
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