Leonard Norman Cohen est né en 1934 dans une famille aisée, juive ashkénaze, à Westmount, municipalité anglophone huppée, banlieue de Montréal (province de Québec), métropole à majorité francophone. Après de solides études, encore étudiant, il publie en 1956 à 22 ans, son premier recueil de poésie.
Après plusieurs voyages en Europe, en avril 1960, il s’installe sur l’île d’Hydra en Grèce. Menant une existence spartiate, il écrit plusieurs poèmes et romans dont le plus connu est Beautiful Losers (1966) traduit en français : Les Perdants magnifiques (1973).
En 1966, il rentre aux États Unis où il compose des chansons dont une, Suzanne, chantée par Judy Collins, sera un succès immédiat. Grâce à cette dernière, il fera, très angoissé, rongé par le trac, sa première apparition sur la scène de New York (avril 1967).
Cette même année, il signe chez le label prestigieux, Columbia Records. Son premier disque parait : Songs of Leonard Cohen contenant une version de Suzanne qui le fera connaitre du grand public. En 1969, sort l’album classique de Leonard Cohen Songs from a Room qui comprend des « tubes » tels que Bird on the Wire, Story of Isaac et The Partisan sur la résistance française, chanté en français.
Les albums s’enchainent jusqu'en 1984 ou le nouveau Président Directeur Général de Colombia Records, refuse de sortir Various Positions au États Unis lequel contient deux des chansons les plus célèbres de Leonard Cohen : Dance me to the end of love et Hallelujah ! John Lissauer, son producteur, persuadé de la qualité de l’album est mortifié par cette décision. Various Positions n’est édité qu’en Europe. Dès lors, la carrière de Leonard Cohen devient chaotique bien qu’il continue à faire paraître des albums dont I’m Your Man (1988), dédié à sa compagne d’alors, la photographe française Dominique Issermann.
Suite à la promotion de The Future (1992), en 1994, Leonard Cohen se retire durant cinq ans dans un monastère bouddhiste Zen près de Los Angeles : The Mount Baldy Zen Center où il est ordonné moine bouddhiste. Il quitte finalement le monastère au printemps 1999. Il est âgé de 65 ans quand il découvre que son ancienne manager, Kelly Lynch, qui avait toute sa confiance, a détourné, à son profit, tout son argent : il est ruiné !
Entre temps Hallelujah a été reprise par John Cale dans une version plus profane, puis par Jeff Buckley (1966/1997) dans une version acoustique de son cru en 1994 ; même Bob Dylan l’entonnera à la fin de certains de ses concerts.
La chanson sous ses multiples variantes, Leonard Cohen la réécrivant sans cesse en y ajoutant des strophes (plus de 150 !), se propage dans le monde grâce au dessin animé Shrek (2001) de DreamWorks Studios, dont la B.O (bande originale) est chantée par le canadien Rufus Wainwright. Hallelujah est devenu une chanson culte …
En 2008, à 73 ans Leonard Cohen fait un grand retour sur la scène en démarrant une tournée mondiale. Malgré ses craintes, le succès est immédiat. Dès lors, il enchaine dans de nombreux pays, des tournées triomphales … Leonard Cohen décède en novembre 2016 à l’âge de 82 ans. Son œuvre protéiforme, d’auteur compositeur-interprète, poète, romancier et peintre, toujours vivante, persiste a irradier nos existences.
Hallelujah, les mots de Leonard Cohen est un documentaire réalisé par deux cinéastes américains qui nous proposent un long métrage sur cette chanson mythique. Elle a connu un étrange destin, traversant le temps dans de multiples versions de l’auteur, ou d’autres interprètes, du sacré au profane, du mystère à l’érotisme, de John Cale au rocker Jeff Buckley (1994) qui la popularise en la déformant, jusqu'au contre-ténor français Philippe Jarroussky (2016). Elle mue même en un « hit standard » dans des émissions de divertissement à la télévision sans en être altérée : elle est devenue immortelle, imputrescible ! Leonard Cohen, l’homme à plusieurs vies, a dû s’en amuser … Le long métrage au montage astucieux, soigné, rythmé nous décrit, par le menu, son formidable parcours à travers la destinée d’une chanson empreinte de spiritualité : Hallelujah.
Dominique Issermann, photographe, l’une de ses compagnes (1982/1987), a dit du chanteur : « Il écrit, il compose, il chante comme on construit des cathédrales d’où il lance ses sublimes chants qui se répandent en échos mystérieux et initiatiques sur son public touché, lui aussi, par la grâce ».